Rentrée de la faculté de Droit : « L’état de droit doit rester le fondement de notre démocratie »


Droit


26 septembre 2025

Nicole Belloubet participait le 19 septembre à Nice à la rentrée solennelle de la faculté de Droit.

L’ancienne garde des Sceaux et ancienne ministre de l’Éducation, Nicole Belloubet participait le 19 septembre à Nice à la rentrée solennelle de la faculté de Droit.

Sur un air de musique pop, les enseignants de l’université Côte d’Azur, dans leur robe rouge, sont descendus dans l’amphithéâtre Boulvert. Une entrée décontractée pour reprendre le chemin de la fac, jalonné de nombreux défis à relever.


La doyenne, Eva Mouial Bassilana, lors de son propos liminaire, a chaleureusement encouragé les nouveaux étudiants en les félicitant d’avoir fait «  le choix judicieux du droit, une grille de lecture du monde sans pareil » en les invitant à « résister au raisonnement facile et aux dogmes souvent limitants. Osez réfléchir par vous-même et souvenez-vous que rien n’est jamais acquis et surtout pas les libertés et que cela implique une rigueur, une vigilance de chaque instant voire parfois des combats ». La doyenne a ensuite salué l’engagement des professeurs de transmettre, de chercher, d’innover dans un environnement instable. Elle a soulignél’importance de préserver la liberté académique tout en intégrant les changements et d’appuyer le rôle primordial des enseignants d’accompagner les étudiants dans ce monde nouveau façonné par le numérique qui souvent déshumanise, isole et effraie.

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Eva Mouial Bassilana a poursuivi en présentant la faculté de Droit et de Science politique comme un lieu de vie à taille humaine : un campus de 3 000 étudiants, 80 enseignants et 50 personnels administratifs. Elle a également insisté sur son caractère d’excellence avec ses six laboratoires de recherche qui travaillent sur des sujets majeurs comme l’environnement, le numérique…
Pour cette nouvelle année universitaire, la doyenne émet le souhait qu’elle soit celle de la transformation.

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« Boussoles intangibles »

L’invitée d’honneur, Nicole Belloubet, a répondu à des questions sur sa carrière et sa vision du droit face à un auditoire d’étudiants et d’enseignants captivés. Elle a rappelé avec insistance l’importance de deux piliers de notre démocratie. « La confiance dans la magistrature et le respect de l’Etat de droit doivent rester nos boussoles intangibles. » Puis de citer Balzac dans les
« Illusions perdues » : «  Se défier de la magistrature est le commencement de la dilution sociale.  » Didier-Roland Tabuteau, vice-président du Conseil d’Etat l’a rappelé dernièrement, notre démocratie est fondée sur la Science et le Droit. Nicole Belloubet a encore voulu préciser les choses : «  Le droit peut et doit changer car nous vivons dans un monde en perpétuel mouvement et le législateur est là pour faire changer la loi mais l’État de droit, lui, doit rester comme le fondement de notre démocratie. » La justice est la seule politique publique dont l’indice de confiance est inférieure à 50%. Les trois raisons qu’évoque l’ancienne ministre sont les délais extrêmement longs, la croyance, dans certains cas, que les magistrats sont politisés et le sentiment qu’ils ne sont pas assez sévères alors que les magistrats ne font qu’appliquer les textes de loi.

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Crise de confiance

Nicole Belloubet évoque des pistes de réflexion pour tenter de remédier à cette crise de confiance : la gratuité de la justice et le renforcement d’une aide juridictionnelle pour ceux qui en ont vraiment besoin, plus de pédagogie et des efforts à faire pour que les libellés des décisions de justice soient plus lisibles. À Nice, les enseignants s’intéressent beaucoup à l’IA dans leur travail. Ils accompagnent les étudiants pour appréhender au mieux les impacts de l’intelligence artificielle et voir comment le droit peut se trouver bouleversé par ses nouveaux outils. Pour Nicole Belloubet, l’IA « peut permettre de gagner du temps dans un certain nombre de cas, notamment dans les jugements systémiques, outil précieux dans la procédure pénale numérique. Un outil très utile à condition qu’il y ait toujours le regard du magistrat derrière et la compétence pour le manipuler et pour ça il faut former ».
La rentrée solennelle s’est terminée par la remise des prix aux majors de promotion 2025 et la présentation de quatre nouveaux professeurs venus étoffer l’équipe pédagogique.

Eva Mouial Bassilana et Nicole Belloubet entourées des majors de promo ©ME
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Marine Einaudi