14 novembre 2025
Pour la CAPEB 06, le message est clair : "Plus simple, plus stable. Pour nos artisans et pour nos clients".
Suspensions estivales, aides modifiées puis rétablies quelques semaines plus tard : les artisans des Alpes-Maritimes naviguent dans un dispositif en constante évolution. Ils demandent de la stabilité.
Pour la CAPEB 06, l’impact est réel mais encore difficile à mesurer. La réforme estivale de MaPrimeRénov’ avait principalement ciblé la rénovation globale, secteur où les petites entreprises sont moins présentes.
« Chez nous, les artisans interviennent surtout en monogestes : isolation thermique intérieure ou extérieure, chauffe-eau solaire, pompes à chaleur », explique Franck Caverzaghi, nouveau président de la CAPEB 06. Avant l’été, l’impact restait donc limité. Mais depuis septembre, la situation a changé. « Les annonces ont surtout touché l’isolation par l’intérieur et les chaudières biomasse. À partir du moment où ce n’est plus sujet à aide, les clients sont réticents », constate-t-il. Résultat : perte de marchés. « Dans une période compliquée, le client regarde son intérêt financier. S’il n’y a plus d’aides, il renonce. »
Maurice Cohen, secrétaire général de la CAPEB 06, précise : « L’été, ce sont les parcours accompagnés, les grosses rénovations, qui ont été suspendus. Ces marchés concernaient rarement les entreprises artisanales. Mais en septembre, l’exclusion des aides monogestes a eu un impact clair, notamment pour les chaudières à bois ou à pellets, appelées aussi chaudières à granulés. Une entreprise qui ne fait que ça voit forcément ses carnets de commandes touchés. » Impossible toutefois de chiffrer précisément : « On n’a pas encore le recul. » Les chiffres disponibles montrent déjà un contexte tendu. Selon la CERC (Cellule économique régionale de la construction) PACA, la construction neuve recule de 9 % en 2025 dans notre région après –16 % en 2024.
« Quand le neuf va mal, les grandes entreprises se tournent vers la rénovation », prévient Franck Caverzaghi. « Et là, elles viennent sur notre terrain. » La rénovation résiste mieux (–1,4 % estimé en 2025), mais la tendance se dégrade. « Les aides sont calculées selon les ressources du ménage, le type de matériel, et ces critères changent en permanence », explique Maurice Cohen. « Un équipement peut être éligible un jour puis ne plus l’être six mois plus tard. La vérité d’aujourd’hui n’est pas celle de demain. » Les artisans, eux aussi, doivent multiplier les démarches : « Obtenir les qualifications nécessaires est complexe. C’est ce qui a généré des dérives et des escroqueries, et poussé l’État à revoir le système. » Sur le terrain, les bénéfices restent pourtant évidents. « Un logement bien isolé, avec une source d’énergie adaptée, c’est moins de consommation et des économies pour l’occupant », rappelle le président. Mais l’objectif initial - aider les ménages à franchir le pas - s’éloigne dès que les règles se transforment en obstacle.
La réponse est unanime : « Une simplification administrative », insiste Franck Caverzaghi. « Pour les entreprises comme pour les clients. Et privilégier l’artisan exécutant. » Il dénonce des sociétés « structurées uniquement pour obtenir des aides, qui sous-traitent en cascade », parfois sans qualification suffisante. « Deux chantiers réussis ne suffisent pas pour garantir le reste. L’aide doit aller à celui qui intervient réellement chez le client. »
Manon Laniel