Dr Hélène Szeftel : pédiatre de terrain 


Santé


21 novembre 2025

Rencontre avec Hélène Szeftel médecin vacataire retraitée, à la PMI de Garbejaire à Sophia.

Médecin vacataire retraitée, Hélène Szeftel assure toujours des permanences dans un centre de la PMI (Protection maternelle et infantile) dans les secteurs de Garbejaire, Vallauris et d’Antibes.


« Les bébés me manquaient. Et surtout écouter le cœur des bébés j’adore, vous ne pouvez pas vous imaginer. »

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Le docteur Szeftel garde son enthousiasme intact depuis bientôt 50 ans qu’elle ausculte les tout-petits. En 2017, elle prend sa retraite, son mari la pressait de s’arrêter. Elle tente l’expérience mais deux ans et quelques séances de yoga plus tard, elle n’y tient plus et remet la blouse blanche. «  Je savais qu’on manquait de bras, c’était déjà le cas quand j’étais médecin titulaire à la PMI du Luc-en-Provence.  » À 73 ans, la pédiatre milite toujours avec ferveur pour cette pédiatrie sociale, celle qu’on pratique dans les PMI. « C’est un service public gratuit ouvert à tous, mal connu de la population française. Et pourtant on accueille tout le monde sans distinction de revenus. Ce sont des équipes composées d’un personnel compétent et formé : des infirmières, des infirmières puéricultrices, des auxiliaires puéricultrices, des psychologues, des secrétaires médicales et des médecins spécialisés dans l’enfant comme moi, réunis pour accompagner la parentalité et faire un travail de prévention, de dépistage, de suivi  ».

Convaincue

80 heures par mois réparties entre les consultations en PMI et des visites régulières dans les écoles maternelles. Le docteur est régulièrement sur la route : « Quand je suis revenue, j’allais dans six écoles. Aujourd’hui j’en ai une quinzaine entre Roquefort et Coursegoules. Je me souviens, une fois à Roquefort dans une école maternelle, un petit qui me dit "Mais t’es qui, toi ? T’es la mamie de qui ? Pourquoi t’as les cheveux blancs ?" Quand je leur ai dit que j’étais le docteur, si vous aviez vu leurs têtes ! (éclats de rire) » Ces moments de vie, elle y tient. Elle reste convaincue de la nécessité de sa mission au service de l’école publique : «  Cela permet d’avoir plusieurs regards sur un enfant et de détecter des retards ou des troubles, d’épauler les adultes autour des petits écoliers. On assiste aux équipes éducatives. C’est capital d’avoir un regard croisé sur la situation d’un enfant, d’une famille. Ainsi on peut orienter les parents vers les services partenaires de la PMI. »

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Inquiétude

Le docteur Szeftel a le droit d’exercer en PMI jusqu’à l’âge de 75 ans. La pédiatre est très inquiète car «  il y a de plus en plus de médecins retraités qui travaillent. Cela m’attriste qu’il n’y ait plus de médecins et qu’on aille vers une médecine à deux vitesses. L’autre jour, on a dit à une maman de se dépêcher d’aller consulter une psychologue car on peut se demander, dans les circonstances actuelles, si les 12 consultations seront toujours prises en charge par la CPAM. Tout ceci me rend vraiment triste ! » Elle pointe du doigt un indicateur : « On assiste à une augmentation de la mortalité périnatale (la période de vie du bébé un peu avant et un peu après l’accouchement). Pour moi c’est un signe qui doit nous alerter sur la nécessité de renforcer les actions de prévention en direction des familles. » Après plusieurs décennies de baisse, les principaux marqueurs de la santé périnatale – mortinatalité, mortalité néonatale et mortalité maternelle – mettent en évidence une performance très médiocre de la France par rapport aux autres pays européens. Selon un rapport de la Cour des comptes de 2024 sur la politique de périnatalité, l’Hexagone se situe en effet au 22e rang sur 34 pays européens en termes de mortalité néonatale.

La PMI fête ses 80 ans

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 Le 2 novembre 1945, une ordonnance officialise la création des services de « Protection Maternelle et Infantile ». Celle-ci a pour objectif de protéger les femmes enceintes, les jeunes mères ainsi que les enfants jusqu’à 6 ans. En 1960, on assiste à une modernisation des PMI et une diversification des professionnels avec l’intégration des infirmières puéricultrices. Initialement, la PMI était uniquement composée de médecins et d’assistantes sociales.
 Au fil des années, on constate les premiers effets de la PMI. Le taux de mortalité diminue de plus en plus rapidement. Passant de 114 pour 1000 naissances en 1945 à 22 pour 1000 en 1965. La PMI est aussi reconnue comme un service de santé publique.
 Enfin, la loi du 22 juillet 1983 marque un nouveau tournant avec la réforme de décentralisation. Les compétences du service public sont alors réparties entre l’État, les régions, les départements et les communes. Ainsi, les conseils généraux (aujourd’hui départementaux) récupèrent la responsabilité des missions du service public dans le domaine de l’action sociale, de la PMI et de l’aide sociale à l’enfance. Dans les Alpes-Maritimes, il existe 29 centres de PMI.

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Marine Einaudi