28 novembre 2025
Retour sur le 1er « Grand Rendez-vous territorial de la planification écologique » à Nice
Le préfet des Alpes-Maritimes a ouvert le 21 novembre le 1er « Grand Rendez-vous territorial de la planification écologique » pour inciter les acteurs publics et privés du territoire à agir ensemble.
Préoccupé par la sécurité et la lutte contre le trafic de stupéfiants dans le département, Laurent Hottiaux ne perd pas de vue non plus les menaces induites par le réchauffement climatique, qui sont déjà perceptibles et ne sont sans doute rien en comparaison de ce qui nous attend dans quelques années.
D’autant que le département, en raison de sa géographie, entre mer et montagne, se retrouve en première ligne du changement climatique, que ce soit pour les canicules, les sécheresses et les inondations. « Les 11 dernières années ont été les plus chaudes depuis 176 ans », a énoncé le préfet des Alpes-Maritimes. « L’objectif de limiter la hausse de la température à 2°C en 2100 par rapport à l’ère préindustrielle - c’était l’objectif de l’accord de Paris - semble inatteignable. Notre trajectoire nationale, c’est 2,7 degrés supplémentaires d’ici 2050, 4 degrés d’ici 2100. Et comme l’a rappelé la ministre de la Transition écologique, ce n’est pas un futur lointain puisque les enfants qui naissent cette année auront 75 ans ‘seulement’ en 2100. Et ce sont eux qui vivront dans une France à +4°C », a-t-il ajouté dans le Palais des rois sardes de Nice. « Face à ce constat, il n’y a plus de place pour l’attentisme. Nous devons passer à l’action, sans catastrophisme. Nous devons vivre avec le réchauffement climatique, nous adapter. Et nous devons le faire ensemble et beaucoup plus que nous le faisions précédemment. Le cœur des COP (Conférence des parties) au niveau international, au niveau régional, au niveau départemental, c’est de renforcer la coopération entre les différents acteurs » : collectivités territoriales, entreprises, associations, universités et citoyens.
Pour Laurent Hottiaux, il faut « adapter nos territoires » en repensant « la manière dont nous construisons, dont nous consommons l’espace et dont nous utilisons l’eau et l’énergie », « adapter nos comportements » en acceptant « de modifier certaines habitudes, de privilégier la sobriété » et « d’adapter nos politiques publiques » en assumant « une responsabilité collective, pour mettre en cohérence les échelles locale, départementale, régionale et nationale, et pour inscrire nos choix dans le temps long car la planification écologique a besoin de temps long ».
Il a conclu en invitant à « garder en tête une idée simple : il ne s’agit pas seulement de subir le changement climatique mais bien de construire, ensemble, les conditions d’un avenir durable pour notre département ».
Lors de cet événement, le préfet était accompagné de Richard Galy, maire de Mougins et conseiller régional, et de Muriel Joer Le Corre, secrétaire générale de la COP régionale PACA. Les élus n’étaient pas très nombreux mais, outre Richard Galy, on a pu voir Carole Cervel, maire de Valdeblore, et Antoine Véran, maire de Levens. Tout comme Denise Leiboff, maire de Lieuche et présidente de la Fédération nationale des communes pastorales, qui faisait partie des intervenants de l’une des quatre tables rondes organisées, celle intitulée « Comment adapter l’agriculture et le pastoralisme maralpin face à la diminution annoncée de la ressource en eau ? ». Les trois autres tables rondes s’intéressaient à l’adaptation des logements, au devenir du tourisme de montagne et aux évolutions des activités littorales vis-à-vis du recul du trait de côte. Le Collectif citoyen 06 a regretté que cette COP départementale, qualifiée a posteriori de « fausse COP », n’aborde que la question de l’adaptation (agir sur les effets) et occulte celle de l’atténuation (mesures visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre). Il a ainsi critiqué le fait qu’il ne soit pas possible de parler de l’aéroport de Nice, « très gros émetteur du territoire (et pièce maîtresse de l’économie locale) » selon ce collectif.
« Après un été difficile, nous sommes encore, au moment où nous parlons, mais quasiment plus personne n’en parle, en pénurie d’eau dans notre département, au mois de novembre », a affirmé Laurent Hottiaux. « Ce n’est pas juste un sujet de l’été. Nous avons des controverses, des polémiques, des positions qui sont d’ailleurs assez caricaturales. La réalité, c’est que nous n’arrivons pas à recharger nos cours d’eau sur cette période, d’octobre à mars, et nous sommes encore en pénurie », a-t-il poursuivi. « Si je suis amené à prendre des arrêtés de régulation d’eau comme mes prédécesseurs, depuis maintenant trois ans, c’est que le système ne fonctionne pas ».
En juillet 2025, le préfet avait placé 40 communes en alerte sécheresse et 5 en alerte renforcée. En août, les communes placées au stade d’alerte renforcée étaient passées à 30.
Avant lui, Bernard Gonzalez avait notamment dû déclencher dès mars 2022 une vigilance
sécheresse sur l’ensemble du département. Puis une alerte sécheresse dès le 10 mars 2023. Si l’année 2024 avait été moins sèche, Hugues Moutouh, successeur de Bernard Gonzalez et prédécesseur de Laurent Hottiaux, avait toutefois appelé à de la « sobriété ».
Le préfet a expliqué que lors de ce 1er Grand Rendez-vous territorial de la planification écologique, des cartes régionales et départementales seraient exposées « non pas pour faire peur mais pour que nous travaillions mieux ensemble ». Il ressort de la consultation de ces cartes que l’impact du réchauffement climatique, déjà mesurable aujourd’hui dans le département, sera beaucoup plus fort dès 2050, avant même d’évoquer 2 100.
À l’échelle régionale, une carte a ainsi montré que pour les stations situées entre 1 000 et 2 000 mètres d’altitude, il y aurait une baisse de 20 cm de l’épaisseur moyenne de la couche de neige et 35 jours de neige en moins. Pour les stations situées au-dessus de 2 000 m, l’épaisseur moyenne de la couche de neige sera réduite de 15 cm et il y aura 55 jours de neige en moins.
L’été, il y aura un plus grand nombre de jours à plus de 30°C dans plusieurs zones du département, sur le littoral comme dans l’arrière-pays (Grasse et ses alentours, Contes, et Roquesteron notamment). L’ensemble du littoral, Nice en tête, connaîtra au moins 70 nuits tropicales chaque année.
Sébastien Guiné