Économie bleue : les Alpes-Maritimes à l’heure de la transition environnementale


Economie


25 novembre 2025

L’étude « Croissance bleue 06 » propose une vision de la filière maritime fondée sur la durabilité, l’innovation et la résilience

Face à l’urgence climatique et à la pression croissante sur les milieux marins, les Alpes-Maritimes repensent leur rapport à la mer. L’étude « Croissance bleue 06 », dévoilée par la CCI Nice Côte d’Azur, trace les contours d’une transition maritime fondée sur l’innovation, la durabilité et la résilience. Un enjeu majeur pour un territoire où la mer constitue un pilier économique… mais aussi une fragilité croissante.

Un poids lourd économique structuré autour de huit segments clés

Si le littoral azuréen fait rêver, il génère également une activité conséquente. L’étude rappelle que l’économie bleue départementale repose sur huit segments : ressources biologiques, yachting et plaisance, transport maritime, construction et réparation navale, activités portuaires, plages, sports nautiques, ressources non biologiques et Blue Tech/R&D.


Avec ses 146,5 km de façade maritime, ses 37 ports et sa forte spécialisation dans le nautisme et le yachting, le 06 s’affirme comme un véritable territoire maritime. En 2024, la filière a généré 1,2 milliard d’euros de chiffre d’affaires, s’appuyant sur 2 120 entreprises — dont 95 % de TPE — et 5 000 emplois. Un poids équivalent à celui de la filière spatiale locale.


Deux tiers de cette activité sont liés au nautisme, tandis qu’un autre segment progresse rapidement : la Blue Tech, portée par une quarantaine d’entreprises innovantes spécialisées dans la surveillance environnementale, l’acoustique sous-marine, la lutte contre la pollution ou encore la biosécurité.

Une filière dynamique mais sous pression climatique

L’étude met en lumière une situation paradoxale : si l’économie bleue azuréenne est florissante, elle se révèle particulièrement vulnérable au changement climatique.
Les activités maritimes contribuent elles-mêmes à la pression environnementale (pollution de l’air, des eaux ou des sols, dégradation des écosystèmes). Mais elles en subissent aussi directement les conséquences : tempêtes plus violentes, montée du niveau de la mer, raréfaction des ressources, tensions sur l’eau et l’énergie. Ce cercle vicieux entraîne une hausse des coûts d’exploitation et fragilise les modèles économiques, en particulier pour les petites structures, nombreuses dans la filière.

Une prise de conscience réelle, mais des obstacles persistants

Bonne nouvelle  : 63 % des entreprises interrogées déclarent avoir déjà engagé une action visant à réduire leur impact environnemental. Cela passe par la formation, l’évolution des pratiques ou des investissements dans des solutions plus propres. Mais les freins restent significatifs : coûts d’investissement élevés, normes complexes, réticences internes ou inertie des usages. Autant d’éléments qui ralentissent la transition et nécessitent un accompagnement renforcé.

Vers une économie maritime plus verte : les axes de transformation

L’étude propose une feuille de route en quatre grands axes pour transformer la contrainte écologique en opportunité économique :

1. Adapter le cadre réglementaire
Pour mieux concilier performance économique et exigences environnementales.

2. Stimuler l’innovation et la R&D
En soutenant les technologies de la Blue Tech, essentielles pour réduire les impacts et ouvrir de nouveaux marchés.

3. Développer une culture maritime durable
La sensibilisation, la formation et l’évolution des pratiques sont présentées comme des leviers centraux.

4. Renforcer l’attractivité du territoire
En valorisant une mer durable et en consolidant la résilience des activités face aux risques climatiques.

Ces axes s’accompagnent de deux priorités transversales : la formation aux métiers d’avenir et la coopération avec les territoires voisins, notamment Monaco et l’Italie, pour faire du bassin méditerranéen nord-occidental un pôle d’excellence de l’économie bleue durable.

La synthèse complète de l’étude « Croissance bleue 06 » est disponible ici


Valérie Noriega