28 novembre 2025
Tour d’horizon des principaux repères permettant d’exploiter l’IA avec pertinence dans son entreprise.
L’IA générative est en plein essor, et pourtant les entreprises sont encore trop peu nombreuses à l’utiliser dans sa pleine capacité. Lors d’un tour de France organisé par Walter France (tournée nationale de la formation au sein des cabinets membres), Dimitri Kassubeck, CEO de Moby Analytics, a donné les principaux repères permettant d’exploiter l’IA avec pertinence dans son entreprise.
Beaucoup d’internautes utilisent l’IA pour répondre à une question simple ou complexe. Mais les possibilités de l’IA se développent de manière exponentielle et avant de la déployer dans son entreprise, il est essentiel de pouvoir identifier son potentiel et la manière la plus immédiatement opérationnelle de l’implanter pour augmenter l’efficacité des équipes.
Deux grands changements majeurs ont eu lieu depuis 2024.
Première évolution : les IA se sont mises à raisonner. Désormais, sur ChatGpt, Mistral, Claude ou autre, il est possible, lorsque l’on pose sa question, de lui demander de réfléchir davantage, en sélectionnant « Recherche approfondie ». On peut également lui donner un outil – fichier, base de données ou autre –. L’IA va prendre davantage de temps, mais il est ainsi possible de démultiplier les questions complexes. Cela permet de diminuer le nombre d’erreurs, de vérifier les sources, et de savoir où chercher pour valider les informations données. La recherche peut durer de plusieurs minutes à une heure, voire plus si nécessaire.
Dans le secteur de l’informatique, qui est le secteur où l’IA est le plus utilisée, la première IA battait moins de 10 % des programmeurs. Aujourd’hui, les derniers modèles expérimentaux battent quasiment 100 % des programmeurs.
Les IA sont capables de réfléchir de plus en plus longtemps pour résoudre des problèmes complexes. Elles sont particulièrement performantes en codage informatique et en maths. Récemment, elles ont remporté les Olympiades internationales de mathématiques, surpassant ainsi les performances des meilleurs étudiants.
Deuxième évolution majeure : il est désormais possible de confier à l’IA la réalisation d’une tâche, grâce aux « agents » autonomes. On lui confie une tâche comme on la confierait à une personne physique, en sélectionnant le mode « agent » sur le navigateur. Pour une tâche simple, il n’est même pas nécessaire de savoir coder. En expliquant clairement à l’agent ce que l’on veut obtenir, il pourra ensuite réaliser la tâche de manière autonome. Par exemple, l’agent autonome va pouvoir, toutes les semaines ou tous les mois, aller chercher sur un site de taxi toutes les notes de frais de la période, et les classer dans un dossier informatique. « L’agent » sera par exemple capable d’identifier la facture, et non le reçu. Nul doute qu’en prenant le temps d’y penser, toutes les entreprises peuvent commencer ainsi par identifier des tâches simples qui, mises bout à bout, vont leur faire gagner un temps précieux.
Plus les entreprises utiliseront l’IA, plus elles prendront l’habitude de lui confier de plus en plus de tâches, et des tâches de plus en plus complexes.
La question qui se pose alors est la suivante : pour les tâches complexes, peut-on faire confiance à l’IA ? En partie seulement ! En effet, Dimitri Kassubeck insiste sur le fait qu’il est absolument indispensable, pour ce type de tâches, d’être capable de relire et de contrôler le travail de l’IA.
Cette vérification est d’autant plus importante que si l’on regarde les chiffres concernant l’utilisation de l’IA, c’est l’automatisation des tâches qui est en plus forte augmentation.
Le fait de confier une tâche complexe à l’IA nécessitera une programmation avec les agents de code, ou tout du moins des compétences pour vérifier cette programmation. Dans tous les cas, il est important de considérer qu’il faut intégrer un processus de « co-création » entre l’utilisateur et l’IA.
Le secteur informatique est révélateur des tendances de l’IA. Dans l’industrie du développement du logiciel, un test a permis de révéler que, pour une tâche donnée, le groupe de développeurs qui n’utilisaient pas l’IA a mis deux heures 41 minutes à la réaliser ; et que le groupe de développeurs qui l’utilisaient n’a mis qu’une heure et 11 minutes. Le deuxième groupe était donc plus de deux fois plus rapide !
L’impact sur les salariés est très significatif, puisque 88 % des utilisateurs se sentent moins frustrés et mieux placés pour se concentrer sur un travail plus satisfaisant. En clair, plus les équipes utilisent l’IA, plus la qualité de vie au travail augmente.
En revanche, il est impossible d’utiliser l’IA sans modifier les méthodes de travail. Cela se fera automatiquement. En effet, pour que l’IA fonctionne comme l’entreprise le souhaite, cela suppose d’avoir des données organisées d’une certaine manière, d’avoir des fichiers structurés pour faciliter le travail de l’IA, etc. Cela entraînera également une évolution des fonctions. Un excellent exemple est fourni par le secteur de la comptabilité : les opérations de saisie comptable se faisant de manière de plus en plus automatique – mais devant être vérifiées –, les collaborateurs de cabinets d’expertise comptable se dégagent du temps pour soigner la relation client et accompagner leurs clients chefs d’entreprise.
Pour des questions ou une utilisation simple, les versions gratuites d’IA suffisent. Mais à partir du moment où l’entreprise utilise l’IA de manière intensive, il est préférable d’opter pour les versions payantes. La plupart des développeurs informatiques et des starts-ups investissent aux alentours de 200 euros par collaborateur et par mois. Le retour sur investissement est rapidement très largement positif.
Selon Pascal Ferron, président de Walter France : « Aujourd’hui, toutes les entreprises devraient sensibiliser et former leurs équipes à l’IA avec des formateurs qui s’adaptent à leur métier, nous-mêmes comme nos clients. Nous en avons pris conscience dès début 2024 et c’est ce que nous avons fait sans attendre au sein de notre réseau de cabinets membres en 2025, avec plus de 560 associés et collaborateurs déjà formés sur l’utilisation de l’IA dans les domaines comptable, audit, juridique et social. Ce « Tour de France » des bureaux de Walter France contribue fortement à faire évoluer nos pratiques, à automatiser de plus en plus de tâches, pour nous consacrer au conseil rapproché et humain de nos clients. »
Pascal Ferron