28 novembre 2025
Retour sur la journée de formation organisée par l’EDASE sur le thème de « L’amiable dans tous ses états ».
Me Emmanuel Brancaleoni a introduit une journée de formation organisée par l’EDASE (École des avocats du sud-est), le 27 novembre à Nice, baptisée « L’amiable dans tous ses états ».
Se basant sur un rapport du CNB (Conseil national des barreaux), présenté en assemblée générale le 10 octobre dernier, le bâtonnier du barreau de Nice a rappelé qu’il existait toujours quelques freins au développement de l’amiable : un manque de lisibilité des modes amiables, des délais de validation un peu longs et une formation encore trop dispersée.
« Et puis une chose qui m’a véritablement surpris et sur laquelle il faudra que l’on réfléchisse plus, c’est qu’en réalité, 43% des avocats formés n’osent pas mettre en avant leurs compétences en matière d’amiable. Il y a pour nous un frein qui est quasiment intellectuel, c’est comme si nous ne l’assumions pas, a poursuivi Maître Brancaleoni. Aujourd’hui, notre tâche à toutes et tous, et c’est l’esprit de cette manifestation, est de montrer que l’amiable est quelque chose de rentable, que c’est maîtrisable et que c’est structurable. »
Il a également relevé l’importance de « se former autrement. Non pas seulement pour former des médiateurs mais des avocats qui soient capables de diagnostiquer, d’accompagner et de négocier. Il nous faut encore affirmer dans nos cabinets que l’amiable est une stratégie de développement et de croissance. L’enjeu, bien évidemment, ce n’est pas de faire moins de contentieux. L’enjeu, c’est de faire une meilleure justice. Je suis bien placé pour vous le dire, après bientôt deux ans (en tant que bâtonnier) et après l’investissement qui a été le mien aux côtés de tous les membres que j’ai nommés (notamment Me Sauvage-Fakir et Me Le Donne, NDLR), pour vous dire que, contrairement à une idée trop répandue et une idée reçue, l’amiable n’affaiblit pas le rôle de l’avocat. Il le renforce. Parce qu’il exige de la rigueur, parce qu’il impose une maîtrise des intérêts du client et surtout parce qu’il mobilise notre capacité à créer des solutions que le juge ne peut parfois pas imposer ».
En ouverture, et alors qu’il y avait près de 200 personnes inscrites à cette formation à l’hôtel Aston La Scala, le bâtonnier a relevé que cette présence « massive » était « un signal clair : l’amiable n’est plus pour les avocats et pour les magistrats un slogan. C’est une réalité que nous avons décidée les uns et les autres d’assumer. »
« Ce mouvement s’est accéléré il y a deux ans environ avec la création des audiences de règlement amiable (ARA) et qui s’est encore plus accéléré en juillet dernier avec la réforme en profondeur de la procédure civile », a-t-il rappelé.
Sous son impulsion et grâce à l’investissement de Me Jenny Sauvage-Fakir, le barreau de Nice a relancé le Centre de justice amiable et organise, une fois par mois, les MARDis de l’amiable sur des thématiques variées avec des avocats, des magistrats et des universitaires. La présidente du tribunal judiciaire de Nice, Pascale Dorion, a confirmé que l’amiable était « un outil que nous devons développer ensemble » et que « le défi de la juridiction est de donner envie aux avocats et aux parties de s’engager dans l’amiable ». « L’amiable est un vrai défi. Il est nécessaire que les magistrats et que les avocats se forment », a-t-elle ajouté, avançant également que la juridiction avait « besoin de greffiers et d’un greffe dédiés à l’amiable ».
Sébastien Guiné