10 décembre 2025
Tous les produits arborant un drapeau tricolore ne sont pas forcément fabriqués en France
Privilégier un produit estampillé comme fabriqué en France est un réflexe pour de nombreux consommateurs. Pour soutenir l’économie nationale, préserver les emplois et les savoir-faire, réduire son empreinte carbone. Mais tous les produits arborant un drapeau tricolore ne sont pas forcément fabriqués en France. Bercy décrypte.
En 2023, la DGCCRF a mené une enquête auprès de 1 500 établissements pour des produits non alimentaires affichant des allégations d’origine comme « Made in France », « fabriqué à Paris », « fabrication française ». Résultat : 16 % étaient en anomalie, dont plus de la moitié ont fait l’objet de suites correctives et répressives. Il s’agissait de vérifier la véracité des mentions sur les emballages, les sites internet ou les réseaux sociaux. La répression des fraudes note une « amélioration par rapport à l’année précédente, mais encore trop de dérives, surtout sur les produits du quotidien comme les jouets, les cosmétiques, les bougies, les vêtements ou encore les accessoires ».
Les contrôles ont été effectués au stade de la fabrication et de la distribution, y compris auprès de sites de vente en ligne, sur des articles de sport, des granulés de bois, des produits électriques, de jardinage ou encore des prothèses dentaires, etc. Les exposants lors de grands événements comme les foires et salons (dont les salons Made in France à Paris et en région), les festivals, les marchés de Noël ont également été visités par les inspecteurs.
- Un simple conditionnement en France (mettre un produit étranger dans une boîte française) ne suffit pas à le qualifier de « fabriqué en France ». Par exemple, en Normandie, une entreprise de film alimentaire étirable commercialisait son produit avec l’allégation « Fabriqué en France ». Ce film était en réalité fabriqué dans un autre pays de l’UE sous forme de gros rouleau et l’activité de la société consistait seulement en un redécoupage puis un reconditionnement pour la revente en détail.
– Des logos tricolores ou des drapeaux sur des produits importés pour faire illusion : il peut s’agir de l’utilisation du drapeau français, d’un liseré tricolore, des couleurs tricolores, de la carte de France ou encore d’un coq gaulois. Par exemple, en Isère, la DGCCRF a contrôlé une enseigne de jardinerie qui commercialisait des billes d’argile sous sa marque. L’emballage mentionnait « Fabriqué en France » avec un drapeau tricolore alors que la matière première (argile brute) et le produit fini étaient originaires d’Allemagne. La seule opération réalisée en France était le conditionnement en vue de la vente aux particuliers, ce qui ne suffit pas à conférer au produit une origine française.
– Des mentions ambiguës comme « conçu en France », « marque française » ou « entreprise française » alors que le produit lui-même est étranger : les allégations relatives à l’origine des produits relevées sont diverses et témoignent de l’inventivité des professionnels pour la valorisation de l’origine de leurs produits. Ces allégations sont parfois « combinées » entre elles (exemple : « Fabriqué en France dans l’Aude ») ou avec d’autres mentions valorisantes (exemple : « Production artisanale en France » ou « 100 % fait main à La Réunion »).
– L’allégation « 100 % Made in France » est souvent utilisée à tort : en matière d’optique, par exemple, une société indiquait sur son site internet que toutes les montures et verres étaient « 100 % français », or seuls les verres l’étaient. Il en est allé de même concernant des charentaises « 100 % Made in France » fabriquées par une société avec des matières étrangères pour certains modèles.
Selon les règles douanières, pour qu’un produit industriel soit légalement qualifié de « Made in France », il doit être entièrement obtenu en France ou avoir subi sa dernière transformation substantielle sur le sol français. Cela signifie que le seul emballage ou un simple assemblage ne peuvent conférer l’origine française.
Pour éviter les pièges :
Lire l’étiquette ou le packaging en entier ainsi que les faces arrière du produit : attention aux petites lignes, notamment sur les jouets ou vêtements.
Les mentions ambiguës : « imaginé », « pensé », « inspiré » en France ne veulent pas dire « fabriqué », bien au contraire. De la même façon, une entreprise peut insister sur son caractère national et importer tout ou une partie de ce qu’elle commercialise.
Se méfier des symboles (drapeau, coq, tricolore) sans mention claire.
Consulter les avis sur internet et signaler tout doute sur SignalConso.
Jean-Michel Chevalier