« Le patron ne défend pas que son entreprise »


Economie


19 décembre 2025

Les patrons ont dit « stop » à l’inflation normative et fiscale, lundi 15 décembre, place Garibaldi à Nice.

Quelques centaines de dirigeants et de collaborateurs, 500 selon l’UPE 06, ont dit « stop » à l’inflation normative et fiscale, lundi 15 décembre, place Garibaldi à Nice.

Le président de l’union patronale départementale, Franck Cannata, qui a été le seul à s’adresser à la foule lors d’une courte allocution, a parlé d’une « réelle réussite » pour ce rassemblement, surtout en raison d’une mobilisation en amont de quelques jours seulement. « Cela démontre l’inquiétude, l’agacement, la colère pour certains, face à la situation que l’on vit aujourd’hui, qui est particulièrement inquiétante pour nos entreprises », a déclaré le président de l’UPE06. «  On a plutôt l’habitude d’être dans nos entreprises à trouver des solutions. Et aujourd’hui on continue à trouver des solutions mais il faut aussi qu’on nous en laisse la capacité. Ce que l’on demande, c’est "Laissez-nous travailler dans la cohérence, avec moins de normes, moins de contraintes et aussi avec moins de fiscalité". Il est indispensable que des économies soient réalisées dans le budget de l’État et non pas, par simplicité une fois encore, une augmentation des taxes, des charges et des impôts, a-t-il poursuivi. Les chefs d’entreprise sont réellement remontés. S’il faut refaire ce type de mobilisation, on le refera. Et s’il faut durcir, on durcira. Car aujourd’hui il y va de la santé d’un grand nombre d’entreprises et c’est absolument indispensable d’en prendre conscience. » Il avait annoncé quelques minutes plus tôt depuis une estrade que le nombre de défaillances d’entreprises en France atteindrait à la fin de l’année le « triste record  » de 70 000. « On est arrivé à un trop plein  », a confirmé son prédécesseur à l’UPE 06, Pierre Ippolito, très proche de lancer un mouvement similaire lors de sa présidence. « C’est le contexte politique depuis la dissolution qui ne va pas dans le bon sens. Il faut écouter les patrons. Le patron ne défend pas que son entreprise, il défend aussi ses collaborateurs et ses salariés. On est tous main dans la main. »

« Nous aimer un peu plus »

« C’est notre petit sursaut pour essayer de faire passer les bons messages auprès de nos parlementaires, aux neuf députés et cinq sénateurs de notre territoire, pour que les décisions et les votes qu’ils prennent dans leurs assemblées soient en adéquation avec ce que le terrain leur dit  », a relevé Patrick Moulard, président de la FBTP 06, l’une des 16 fédérations solidaires de l’élan initié par l’UPE 06. Plusieurs avocats étaient présents également, dont l’ancien bâtonnier du barreau de Nice, Adrien Verrier, et la présidente de l’UJA de Nice, Manon Beaury. « C’est une mobilisation qui nous parle parce que nous sommes aussi des chefs d’entreprise. Avocat est une vocation mais c’est aussi un cabinet que l’on doit gérer, des charges que l’on doit payer, du personnel que l’on doit employer. Nous sommes face à une inflation de charges permanentes qui nous semble être trouvée par facilité par les pouvoirs publics mais qui nous empêche de pouvoir développer une activité normale, de pouvoir recruter, de pouvoir faire des investissements. Le chef d’entreprise qui va manifester, on le regarde avec un petit sourire, avec une petite ironie alors que pourtant, c’est le premier pourvoyeur d’emplois en France. Donc il faut nous protéger et nous aimer un peu plus !  » Blandine Berrettoni, directrice opérationnelle de Record France, société qui fabrique des amortisseurs de voitures, a confié en avoir «  marre ». « C’est très dur tous les jours. Il n’y a pas de soutien de l’État. On se sent seuls même si on sait que toutes les entreprises souffrent. On veut maintenir la fabrication en France mais la concurrence est sévère, c’est un combat au quotidien  », a assuré la dirigeante de l’entreprise familiale, venue également depuis Antibes défendre ses 72 salariés.


Sébastien Guiné