Bâtonnat de Nice - Me Brancaleoni et Me Serra : « Au-delà de ce qu’on pensait pouvoir mettre en œuvre »


Droit


29 décembre 2025

Le bâtonnier du barreau de Nice et la vice-bâtonnière ont fait le bilan de leur mandat avant de céder la bâton le 1er janvier

Le bâtonnier du barreau de Nice, Emmanuel Brancaleoni, et la vice-bâtonnière, Valérie Serra, ont fait le bilan de leur mandat, quelques jours avant de laisser la place à Cédric Porteron.

Est-ce que ces deux ans ont ressemblé à ce que vous aviez imaginé ?

Me Serra : Oui mais en mieux. Cela a représenté beaucoup plus de travail et d’investissement que ce qu’on aurait pu imaginer, parce qu’on s’est emparé de beaucoup de sujets. Mais c’est parce qu’on est allé au-delà peut-être de ce qu’on espérait pouvoir mettre en œuvre, autant Emmanuel que moi, dans nos domaines respectifs.

Me Brancaleoni : Quand on est au cœur de la centrifugeuse ou du réacteur nucléaire, quelle que soit l’image, c’est vrai que tout de suite on a une vision qui s’élargit. Valérie a raison : on est allé au-delà de ce qu’on pensait pouvoir mettre en œuvre. Nous avons été portés vraiment par une énergie du barreau et du personnel. Nous avons été réélus de manière très confortable au conseil de l’ordre, ce qui confirme l’adhésion du barreau à ce que nous avons pu faire. Pendant ces deux ans, nous avons été de manière quotidienne à l’ordre. Nous avons souhaité être dans l’écoute, dans la main tendue et dans l’action. Nous étions dans un esprit de service.

Me Serra : Il y a eu une dimension humaine très forte avec certains confrères. C’est dur parce qu’il faut trouver les bons mots. Nous sommes fiers de cela également.

Quelles actions, parmi toutes celles mises en place, retenez-vous l’un et l’autre ?

Me Serra : Il y a deux choses qui m’ont vraiment portée. D’abord, le groupe de défense pénale, dont j’étais la présidente. On a renforcé le groupe de défense d’urgence pour améliorer la qualité du service rendu au justiciable, qu’il soit auteur ou victime. Il y a toujours un avocat qui répond présent, un avocat formé et encadré. Et puis, Emmanuel et moi, nous nous sommes beaucoup investis dans l’une de nos prérogatives, la visite des lieux de privation de liberté. Nous avons commencé par visiter les geôles du palais de justice, puis la maison d’arrêt, à plusieurs reprises, le CRA (centre de rétention administrative). Pour ce dernier, nous avons mobilisé les instances, notamment le CNB (Conseil national des barreaux), les magistrats puisque nous avons fait venir Monsieur le Premier président de la cour d’appel d’Aix-en-Provence, pour constater les dysfonctionnements qu’on mettait en avant et nous avons fait bouger les lignes. Nous avons aussi visité l’hôpital Sainte-Marie puisque que c’est un lieu d’hospitalisation sous contrainte. Et récemment, avecle bâtonnier Verrier, nous sommes allés visiter la caserne Auvare et je suis en train de finaliser le rapport. Nos actions ont des conséquences et elles sont suivies.

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Me Brancaleoni : Tout cela s’inscrit dans une méthode et dans des relations que nous avons souhaitées entretenir avec les partenaires institutionnels, que ce soient les chefs de juridiction mais également la directrice de la maison d’arrêt de Nice et le directeur de la police nationale. Nous avons une démarche de dialogue et de respect et c’est sûr que lorsque vous avez des choses à demander, la relation est beaucoup plus fluide. Je ne sais pas si on peut parler d’une méthode Brancaleoni-Serra mais ce serait celle-là : le dialogue et la porte toujours ouverte. Et c’est notre manière d’être au monde et aux autres. Parmi les actions, j’ajouterais la modernisation de l’ordre, avec un nouveau site internet. Et nous avons acheté des locaux, pour préparer l’avenir. Cela a été un travail prospectif dont je suis très fier. Il y a également eu la campagne de publicité sur l’intelligence artificielle pour démontrer l’importance de l’avocat dans la cité. Et puis la médiation, qui était totalement embryonnaire. Nous avons relancé le CJA (Centre de justice amiable)et lancé le copil amiable avec les magistrats.

Dans ce bilan largement positif, avez-vous un regret ?

Me Serra  : Ce n’est pas un regret mais il y a quelque chose que je n’ai pas pu achever. Nous souhaitions mettre en place un parcours de soins complet pour les confrères. À Nice ce n’est pas possible car les sites sont trop dispersés. Mais c’est possible au CHPG de Monaco. Nous avons travaillé avec notre consœur Sophie Chas, l’avocate du CHPG, qui a été très active, et nous avons trouvé ce que nous souhaitions. Mais cela a un coût important. Nous avons donc cherché des idées de financement et nous nous sommes tournés vers notre assureur, la LPA (La Prévoyance des avocats) et SCB assurances. Notre projet a tellement plu que le président de la LPA a fait remonter l’idée au niveau national. Ce n’est donc pas abandonné, c’est toujours en cours. Et les Niçois servent d’exemple au niveau national.

Me Brancaleoni : Nous avons beaucoup travaillé autour de l’intelligence artificielle, notamment en dotant le barreau d’outils intégrant de l’IA et nous avons fait des formations également. Mais j’aurais aimé aller plus loin car c’est l’avenir.

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Sébastien Guiné