Ça plane davantage pour moi que pour le petit coléoptère


Economie


1er février 2018

Sauf à être totalement irresponsable ou allergique à la moindre notion d’écologie, chacun de nous s’interroge – forcément un petit peu - sur l’impact de ses comportements sur l’environnement. Les mots "durable" et "responsables" font d’ailleurs partie du vocabulaire quotidien. Par la grâce des publicitaires et des politiques, on les retrouve partout, depuis les discours plein de bons sentiments jusqu’aux paquets de pâtes fabriqués avec des œufs pondus par des poules vivant en plein-air.

N’étant pas plus vertueux que la moyenne, je reconnais avoir profité sans vergogne il y a quelques jours de la promo imbattable d’une compagnie aérienne à bas coût qui m’a permis de faire, pour cent euros et quelques centimes, un aller-retour Nice-Paris pour deux personnes.

Financièrement, c’était une bonne affaire. Une belle occasion d’embrasser à peu de frais ma petite fille de six mois et ses parents.
Mais quand j’ai été installé dans l’Airbus flambant neuf, que j’ai survolé la France profonde noyée sous la pluie, je me suis demandé s’il est quand même bien raisonnable de promouvoir ainsi par le prix le transport aérien : jusqu’à plus ample information, il n’est sans doute pas plus bénéfique à nos poumons qu’à nos oreilles, pour ne rien dire des autres nuisances...
J’aurais, bien sûr, pu choisir la SNCF. Mais ce cher TGV n’est pas à grande vitesse dans notre Sud-est. Tel un limaçon, il s’y déplace sur une voie sinueuse et me proposait des billets à 140 euros par voyage et par tête de pipe. Soit six fois plus cher que le jet facile et confortable...

Alors, au moment de choisir j’avoue que, Harpagon des temps présents, je n’ai pas hésité un instant, préférant mon portefeuille à une responsabilité environnementale pourtant indispensable.

Toute honte bue, je n’ai pas pu m’empêcher de penser que, finalement, avec des tarifs aussi bas, j’aurais pu sans douleur payer disons 10% de plus pour prendre ces billets si peu chers.
Que, comme moi, des dizaines d’autres passagers auraient pu s’acquitter d’une (toute petite) taxe. Que, les ruisseaux faisant les grandes rivières, nous aurions financé tous ensemble la plantation de beaux arbres produisant un bon oxygène et emprisonnant le vilain CO2.
Et puis j’ai atterri, au sens propre comme au sens figuré.
En me disant qu’avec une croissance mondiale à près de 3%, avec des billets d’avion "à partir de" 600 euros pour un aller-retour au Japon ou en Chine, c’est à dire à l’autre bout du monde, l’abeille et le petit coléoptère ont vraiment du souci à se faire pour l’avenir...


Jean-Michel Chevalier