Grasse Biotech : portraits d’entrepreneurs très high tech


Economie


18 juin 2018

Spécialisé dans les domaine des biotechs et de la cosmétique, l’hôtel d’entreprises Grasse Biotech situé à Grasse a été inauguré officiellement vendredi 15 juin. Il est situé au cœur du parc Aromagrasse et plusieurs startups high tech y ont déjà posé leurs valises depuis plusieurs semaines ! Rencontre avec quelques-uns de ces nouveaux entrepreneurs grassois !

Life Scientis

Franck Chuzel, créateur de Life Scientis. (JMC)

Docteur en biologie humaine et en endocrinologie, Franck
Chuzel avait besoin d’un espace "laboratoire" pour les activités de la SAS Life Scientis qu’il a créée en 2015. Mais il ne disposait pas de temps disponible pour assurer la "logistique" autour de ce labo car un tel équipement doit être très encadré réglementairement pour la sécurité, l’évacuation des déchets vers des filières spécialisées, etc.
Le choix de l’hôtel d’entreprises Grasse Biotech était donc évident pour Franck car il n’existe pas dans la région d’équipements semblables où il aurait pu poser ses valises (et ses appareils) et commencer sans attendre son activité.
Ils sont quatre aujourd’hui à travailler à Life Scientis. "Nous sommes un cabinet de consulting spécialisé dans les risques toxicologiques sur les perturbateurs endocriniens et sur les nanotechnologies" commente le créateur de la société. "Nous accompagnons des entreprises dans leurs dossiers d’homologation".
En collaboration avec l’Université de Nice Côte d’Azur, il effectue également de la R&D en biotech, notamment sur l’encapsulation d’ingrédients. Par exemple pour lutter contre les tumeurs cancéreuses. Schématiquement - que les scientifiques nous pardonnent cette approximation - il s’agit de créer un enrobage autour du médicament qui pour se désagréger de manière programmée afin d’agir au bon endroit, sur le bon organe.
"Ici à Grasse Biotech, l’écosystème avec les autres sociétés hébergées est intéressant" se réjouit Franck Chuzel, qui n’a pas encore fini d’installer complètement son bureau. Quelques-uns de ses dossiers sont encore "encapsulés", mais plus pour très longtemps...

Agrodiagnostic : pour la bonne santé des arbres

Élodie Lecocq et Sandrine Pionnat percent les secrets des plantes. (JMC)

Agrodiagnostic est une SARL qui a une vingtaine d’années d’existence, spécialisée dans le diagnostic des plantes. Elle travaille pour les agriculteurs, maraîchers, horticulteurs ou pépiniéristes qui lui adressent des échantillons pour analyse.
"Nous avions besoin de place pour le laboratoire" explique Sandrine Pionnat, docteur en biologie, pour justifier le choix de l’hôtel d’entreprises. Auparavant, elle travaillait près de l’INRIA à Sophia Antipolis. Sandrine se rend souvent sur le terrain pour effectuer des prélèvements et des expertises "bio mécaniques" sur des arbres d’ornement. Ses principaux clients sont des Villes, des collectivités, des syndics de copropriété, des
particuliers... Elle a été rejoint récemment par Elodie Lecocq, également docteur en biologie.

Phenocell

Une partie de l’équipe de Phenocell qui produit à Grasse des cellules-souche de rétine et de peau. (JMC)

C’est le genre d’endroit où l’on montre "patte blanche". Où l’on ne peut entrer sans une charlotte, un masque, des sur-chaussures et quelques précautions indispensables... Non pas pour la santé des personnels qui travaillent dans ce laboratoire de la société "Phenocell", mais pour celle des cellules-souche qui sont fabriquées là, au deuxième étage de Grasse Biotech, et qu’il ne faut évidemment pas contaminer.
La société, une SAS, a été créée par Brigitte Onteniente en 2013. Elle dispose d’une licence qui lui permet d’exploiter ces techniques de pointe et a dans le même temps mis au point d’autres méthodes aussi.
"Nous partons d’un échantillon de sang ou de peau pour la transformer en cellule souche qui peut être produit en quantité illimitée"
commente Julien Maruotti, directeur scientifique. C’est ainsi que Phenocell produit par exemple des cellules de rétine et de peau. "Nous réalisons aussi des tests pour l’industrie pharmaceutique ou dermatocosmétique".
La présence de cette entreprise à Grasse Biotech est une parfaite illustration du bon créneau choisi par la CAPG : elle était auparavant installée dans la pépinière du Génopôle d’Evry où elle travaillait sur des machines louées. À Grasse, elle a pu disposer des surface nécessaires, notamment d’un labo trois fois plus grand, et acquérir ses propres équipements. La qualité de l’environnement - naturel, scientifique et industriel - a fait le reste, et c’est comme cela qu’une société high tech a quitté la région parisienne pour s’installer, ici, dans notre belle province...

Biopreserv : micro biologie

Thierry Lacour, près d’un autoclave. (JMC)

Thierry Lacour et Philippe Wetterwald ont fondé la SARL Biopreserv il y a huit ans, à l’issue d’un plan de restructuration de l’entreprise qui les employait sur Sophia Antipolis. Ils se sont donc associés pour additionner leurs compétences et réaliser des études et analyses dans leur laboratoire de biologie et de chimie analytique pour les cosmétiques, les peintures, les détergents et les produits vétérinaires. Ils produisent également du conseil réglementaire auprès de ces secteurs.

Pour démarrer, ils se sont adossés à l’incubateur Paca-Est avant de rejoindre la "pépinière" InnovaGrasse. Ils viennent d’investir l’hôtel d’entreprises qui leur a permis de disposer des surfaces nécessaires pour le laboratoire (310 mètres carrés). "Nous sommes six à travailler, nous sommes sur le rythme d’une embauche par an" précise Thierry Lacour. Les prochaines recrues seront un jeune ingénieur en septembre et un biologiste. À vos CV...

TECH-ISI : ingénierie spécialisée

Geneviève Coulomb. (JMC)

Ingénieure chimiste de formation, Geneviève Coulomb a créé sa propre entreprise Tech-Isi en 2009 après une période de salariat. Spécialiste en ingénierie dans l’industrie du parfum, des arômes et des cosmétiques, elle intervient essentiellement auprès des sociétés du Pays de Grasse qui ont des projets de croissance, de construction ou de réaménagement. Pour les aider dans un cadre réglementaire rigoureux lorsque l’on travaille avec des produits volatiles qui peuvent être dangereux.
Geneviève intervient aussi sur la prévention des risques pour les travailleurs de ce secteur. Sa cible concerne principalement des PME jusqu’à 50 personnes qui externalisent auprès de Tech-Isi des besoins pointus pour lesquelles elles n’ont pas de compétence en interne.
"J’ai choisi l’hôtel Grasse Biotech car je me trouve au milieu de mes clients. Mon métier me conduit fréquemment sur les sites de production, c’est donc très pratique pour moi" justifie l’entrepreneuse. Elle a loué un bureau à l’hôtel d’entreprise pour la partie administrative de son travail. Elle apprécie aussi de pouvoir y organiser des réunions quand nécessaire.
"Ici, je ne suis pas isolée et j’apprécie le contact humain avec les autres sociétés qui sont déjà installées. Cela permet des échanges, c’est enrichissant".


Jean-Michel Chevalier