Observatoire de l’emploi des entrepreneurs : 5177 dirigeants ont perdu leur emploi en 2017 en Région Sud


Economie


20 juin 2018

Alors que le gouvernement a statué sur l’indemnisation allouée aux indépendants en situation de perte d’emploi, l’association GSC « assurance perte d’emploi des dirigeants et entrepreneurs » et la société Altares, experte en data entreprises, dévoilent la deuxième vague de chiffres de l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs. Avec 5 177 entrepreneurs en situation de chômage en 2017, la région Provence Alpes Côte-D’azur représente 10,8 % des pertes d’emplois des dirigeants d’entreprise en France. Cependant, la région apparaît comme un territoire contrasté avec des écarts importants suivant les départements.

Provence-Alpes-Côte-D’azur : un territoire contrasté

En Provence-Alpes-Côte-D’azur ce sont 5 177 entrepreneurs qui se sont retrouvés en situation de chômage en 2017, soit 0,4 % de plus que l’année précédente, où ils étaient 5 154 à avoir perdu leur emploi à la suite d’une liquidation judiciaire.

Si une majorité des départements connaît une baisse, d’autres sont plus impactés, les Bouches-du-Rhône enregistrent la plus forte augmentation avec 2 040 chefs d’entreprise en situation de perte d’emploi, soit 6,3 % de plus qu’en 2016, où ils étaient 1 920 à avoir perdu leur emploi. Dans une moindre mesure, le département des Alpes-Maritimes (+3,1 % soit 1 386 dirigeants) connait une légère hausse.


Sur les six départements qui constituent la région Provence-Alpes-Côte-D’azur, plus de la moitié enregistrent tout de même une baisse.

On observe une amélioration nette dans les départements des Alpes-de-Haute-Provence (-14,6 % soit 111 dirigeants) et des Hautes-Alpes (-12,4 % soit 113 chefs d’entreprise). Le Vaucluse connaît une baisse de 6,2 % et retombe à 484 entrepreneurs en situation de chômage, contre 516 l’année précédente. Le Var, avec 1 043 entrepreneurs en situation de chômage en 2017 contre 1 115 en 2016, enregistre quant à lui une baisse de 6,5 %.

En Provence-Alpes-Côte-D’azur, trois secteurs sont particulièrement impactés, dont celui de la construction qui concentre à lui seul 1 420 pertes d’emploi (dont 1 218 imputées au bâtiment).
Il est suivi par le secteur du commerce qui, avec 1 237 entrepreneurs en situation de chômage, représente 24 % des pertes d’emploi de la région. Parmi ces commerçants, ceux œuvrant dans la réparation et le commerce de véhicules paraissent les plus impactés (202 dirigeants touchés), suivi par le commerce de détail alimentaire (153 chefs d’entreprise concernés) et le commerce d’habillement (138 personnes).


Autre secteur touché, celui de l’hébergement, restauration et débits de boisson, avec 826 dirigeants en situation de perte d’emploi, et parmi eux, 79 % travaillaient dans la restauration.

Selon Thierry Millon, directeur des études d’Altares : « La région Provence Alpes Côte d’Azur était enfin parvenue en 2016 à redescendre sous les seuils des 6000 défaillances d’entreprises, un volume qu’elle avait largement franchi en 2008 et plus encore en 2009 (6750 procédures) avant de se stabiliser aux environs de 6500 dépôts de bilan annuels jusqu’en 2015. La courbe des liquidations judiciaires et perte d’emploi des chefs d’entreprise s’était inversée. Mais 2017 est venu rappeler qu’une hirondelle ne fait pas le printemps, les défaillances repartaient à la hausse au-delà de 6000 comme en 2008 ; l’histoire semblait se répéter. 2018 démarre très bien avec la plus faible sinistralité des entreprises constatée depuis avant 2007. La tendance est forte, il ne s’agit plus seulement d’un signal de redressement mais bien de l’illustration d’un retour à meilleure conjoncture. »

Au national le nombre d’entrepreneurs en situation de chômage est en baisse mais reste élevé

Des résultats qui s’inscrivent dans une dynamique nationale à la baisse, puisqu’au total ce sont 50 011 dirigeants d’entreprise ont dû faire face à une liquidation judiciaire, soit 9,2 % de moins que l’année précédente. Si l’âge médian de ces dirigeants varie peu autour de 45 ans, la part des quinquagénaires a tendance à légèrement augmenter. Les dirigeants âgés de plus de 50 ans représentent ainsi 35,7 % des entrepreneurs concernés en 2017. Les artisans-commerçants et gérants de TPE sont les plus impactés par la perte d’emploi. 74 % des dirigeants en situation de perte d’emploi dirigeaient une entreprise de moins de 3 salariés. Un chiffre en baisse de -7,6 % par rapport à l’année précédente. 15 % des entrepreneurs au chômage employaient entre trois et cinq salariés.

Selon Elodie Warnery, Directrice Générale de l’association GSC : « Le recul du nombre d’entrepreneurs en situation de chômage ces trois dernières années est un indicateur du dynamisme entrepreneurial français. Il est encourageant pour l’avenir. Cependant, le risque d’être confronté à une perte d’emploi n’est pas le même suivant le secteur, la région et la taille des entreprises. Et dans tous les cas, l’entrepreneur doit faire preuve d’agilité et de vigilance face aux évolutions de son marché, aux adaptations nécessitées par le mouvement permanent de son environnement économique, social et juridique. Lorsqu’un homme ou une femme perd son entreprise et par là même son emploi, il n’est pas juste question de perte de revenu mais de perspectives d’avenir pour lui et sa famille. Il y a là une problématique sociale.  »

La majorité des régions françaises est concernée ; le nombre d’entrepreneurs en situation de perte d’emploi est en baisse dans douze régions sur treize. Pour autant la réalité des territoires apparait plus complexe. Si l’année précédente, sept régions sur treize enregistraient une baisse supérieure ou égale à 10 %, les résultats 2017 sont très contrastés. Les régions du Grand Est (-12,6 %) et des Hauts de France (-11 %) connaissent une nette amélioration tandis que les pertes d’emplois des dirigeants ont légèrement augmenté en Provence Alpes Côte d’Azur (+0,4 %). Pour huit régions sur treize, la baisse est inférieure à 7 %.

« Les créations d’entreprises sont au plus haut depuis le début de la décennie, les défaillances d’entreprises au plus bas sur dix ans, la France recolle au peloton de tête des économies dynamiques. Pourtant, cette embellie oublie une autre réalité. Alors qu’ils lancent des entreprises, inventent le business de demain, et créent des emplois, les entrepreneurs peuvent chaque jour être confrontés à leur propre "chômage". 50 000 chefs d’entreprises ont été placés devant cette difficulté en 2017 après la liquidation judiciaire de leur entreprise. Oser le risque est l’ADN de chaque entrepreneur et c’est un moteur pour l’économie mais cela ne peut se concevoir sans un filet de sécurité.  » commente Charles Battista, Directeur de la Communication et des relations externes Altares.

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Valérie Noriega