Les choses les plus belles sont-elles vraiment admirables ?


Economie


12 juillet 2018

Le dopage est vieux comme le monde. On n’a pas attendu Lance Amstrong pour découvrir que si certains cyclistes grimpent le Tourmalet presque aussi vite que les motos, c’est parce que leurs bidons contiennent une eau parfois survitaminée. Simpson, Pantani et Amstrong - pour ne citer qu’eux - ne sont pas les seuls à s’être fait aider en jouant avec des produits dopants. Toutes les disciplines sont concernées, qu’il s’agisse de sports individuels ou collectifs.
Le dopage n’est pas non plus réservé au haut niveau. Il sévit également chez les amateurs, chez les jeunes et même chez les seniors...
Nous en sommes arrivés au point où une certaine médecine dévoyée remplace le muscle avec des notions d’homme augmenté et d’homme bionique. Et ce n’est pas plus réjouissant du côté de la technique : désormais, au départ d’une étape de la Grande Boucle, les vélos sont contrôlés pour vérifier s’ils ne seraient pas "boostés" par de microscopiques moteurs camouflés dans le cadre. Une situation qui fait penser à ce bon vieux Fénelon, lequel écrivait avant même l’invention de la bicyclette et du Tour de France : "Je veux savoir si les choses sont vraies avant que de les trouver belles".
Alors que l’on a passé des heures à regarder une petite balle jaune rebondir sur les courts de Roland Garros, un ballon rond et des Bleus sur les vertes prairies des stades russes, alors que l’on se prépare maintenant à des après-midis "canapé" pour suivre le Tour, cette réflexion de l’illustre écrivain vaut aussi pour d’autres sujets que le sport.
La beauté plastique des hommes et des femmes d’aujourd’hui est-elle sincère ou a t-elle été aidée par le bistouri du chirurgien ? Cette couleur de cheveux est-elle naturelle ou a t-elle été aidée par une coloration parce que, finalement, on le vaut bien ? Cet artiste chante t-il vraiment ou fait-il du playback ? Ces tableaux présentés dans les musées sont-ils authentiques ou des faux ? Et, comme s’interrogeait Jacques
Dutronc dans les sixties,"l’Obélisque a t-il été déclaré au fisc ? On nous cache tout, on nous dit rien..."
Ou plutôt, peut-être que l’on ne veut pas regarder côté coulisses pour s’enivrer du spectacle planétaire de ce défilé des vanités sportives et du show business. Il y a bien longtemps que Pierre de Coubertin a perdu son latin - "Citius, Altius, Fortius" - parce que l’important n’est plus de participer mais de paraître. Plus jeunes, plus beaux, plus forts...
Allez, que le meilleur gagne ! Quant à moi, je vais de ce pas me servir une boisson énergisante bien fraîche pour tenir le coup devant cette étape palpitante...


Jean-Michel Chevalier