Prix Action Entreprise du Rotary Club de Nice : favoriser le développement économique


Economie


17 juillet 2018

Parmi nombre d’actions caritatives menées avec discrétion et efficacité, le Rotary Club de Nice donne depuis cinq ans un sérieux coup de pouce à de jeunes entrepreneurs qui créent leurs affaires sur le territoire de la Métropole. Il apporte une aide qui récompense des initiatives intéressantes, tant du point de vue économique qu’humain.

Mardi 10 juillet, avant le coup d’envoi de la demi-finale de la coupe du monde de foot, les Rotariens ont concrétisé leur engagement en distinguant cinq entreprises azuréennes créées par des personnes elles aussi engagées dans la vie de la cité, et qui ne demandent qu’à se développer pour produire de l’activité et des emplois.

Au bénéfice du territoire

Pour ce projet à finalité économique, le club service a travaillé en partenariat avec la plateforme Initiative Nice Côte d’Azur, le Centre de Gestion Agréé (CGA 06), la Jeune Chambre Économique Nice Côte d’Azur, les Petites Affiches, la Banque Populaire Méditerranée, l’entreprise Manutan et Frédéric Chauvin-AXA.
Pour sélectionner les candidats, le Rotary Club de Nice siège au comité d’agrément de la plateforme Initiative Nice Côte d’Azur. Il étudie donc avec ses partenaires les dossiers les plus intéressants qui peuvent intégrer ce réseau associatif de financement des créateurs d’entreprises.
Au cœur de la vie économique des Alpes-Maritimes, les Petites Affiches des Alpes-Maritimes participent évidemment à cette opération en remettant un prix, ainsi que les autres partenaires. Depuis la création, vingt cinq jeunes entrepreneurs ont été soutenus dans leur démarche qui bénéficie à l’ensemble du territoire.

Bénévolat : ils aident les jeunes créateurs d’entreprise


- Didier Faÿ, président du Rotary Club de Nice : "L’entreprise est au cœur de notre économie. En participant à ces prix, nous voulons repérer les jeunes créateurs qui ont du potentiel et des idées originales pour leur apporter notre soutien. On regarde particulièrement les dossiers innovants, ceux qui sont susceptibles de créer de l’emploi. Notre prochain projet sera d’épauler des créateurs issus de l’artisanat, sortant d’un lycée professionnel ou d’une formation en alternance".
- Valérie Ammirati, présidente d’Initiative Nice Côte d’Azur : "Notre action auprès des jeunes créateurs permet de créer neuf emplois par semaine sur le territoire, grâce à l’investissement de nos bénévoles et au talent des jeunes entrepreneurs. Avec le Rotary Club de Nice, c’est un partenariat fort et plein d’enthousiasme".
- François Talon, organisateur de la soirée : "Ils se battent pour créer et développer leur activité. C’est un parcours difficile, mais la tâche est belle. Les prix remis vont leur permettre d’investir dans du matériel ou de la communication".
- Florent Llorca, président de la JCE Nice Côte d’Azur : "En cette période difficile, ceux qui créent des entreprises ont besoin d’être soutenus. Notre club représente des personnes ayant de 25 à 40 ans, de tous milieux, cadres, salariés, chefs d’entreprise. Nous organisons des débats, une action de rencontre autour du sport. Nous activons nos réseaux pour les lauréats de ce prix".

Les 5 lauréats du Prix Action Entreprise 2018

François Garcin : le prix des Petites Affiches à plus d’un tour dans son sac...

François Garcin a reçu de François-Xavier Ciais et Olivier Tazé le prix des Petites Affiches pour son sac à dos drôlement malin. (DR JMC)

Le "Gadzart*" François Garcin aurait pu suivre la belle carrière sur les plateformes offshore que son diplôme d’ingénieur lui promettait. Mais comme, à la fois, il y a du Géo Trouvetout et de la fantaisie chez cet
ancien de l’École nationale supérieure d’Arts et Métiers, on le retrouve maintenant à Nice, inventeur d’un sac à dos urbain (mais pas seulement) plutôt malin qu’il fabrique lui-même de ses mains.
Une vraie boîte à malice que ce sac appelé "le Clin", qui comprend plusieurs poches à l’intérieur pour recevoir tout ce que l’on a envie de transporter avec soi. Par exemple, pour les ordinateurs et les portables, les revêtements intérieurs sont en laine épaisse et en soie pour ne pas rayer les écrans.
Surtout, le sac épouse la forme des objets qu’il contient, ce qui garantit le confort à son (heureux) propriétaire.
C’est en fait, sous un aspect banalement utilitaire, un objet de "haute technologie", d’autant plus abouti que cela ne se voit pas. François Garcin a mis beaucoup de "gingin" dans la conception pour réussir à faire le maximum avec le minimum, pour optimiser un produit réalisé avec des matières naturelles et renouvelables - le lin principalement - qui soit solide et adaptable. En un mot indispensable à ceux qui doivent se déplacer avec leur bureau dans le dos ou qui veulent partir en escapade.
Réalisé avec des produits français - au "pire" européens - le Clin fourmille de trouvailles comme... les maillons de chaîne de vélo utilisés comme attaches. Détournés de leur usage ordinaire, il sont coquets, solides et pas chers.
Directeur général des Petites Affiches, François-Xavier Ciais a, comme le jury du Rotary, été séduit par l’originalité du Clin. "Votre projet a un sens, il porte des valeurs et est le fruit de quatre ans de travail". Il a remis un chèque de 1 500 euros au jeune entrepreneur.
Pour le club service, Jean-Pierre Martin s’est amusé à souligner "le côté aventurier et un peu anar" de l’inventeur. C’était, bien sûr, un... clin d’œil malicieux.

*Élève ou ancien élève des écoles nationales d’Arts et Métiers.

Patricia Stengele : des soupes bio, pour faire bouillir la marmite

Patricia Stengele propose des soupes et autres plats bio sur le marché de Vence. (DR JMC)

Les hasards de la vie ont conduit Patricia Stengele à vivre du RSA sur une longue période. "Vu mon âge, je ne trouvais pas de travail, malgré l’envoi de nombreux CV..." confie t-elle sans détour. Alors, pour faire bouillir sa marmite, elle a décidé de créer sa petite entreprise en vendant... des soupes sur le marché de Vence. La recette de l’entrepreneuse ? Beaucoup de volonté, avec une pincée de zénitude, car elle est aussi professeur de yoga.
Patricia a fait mijoter son projet à feu doux, en se faisant appuyer par Initiative Nice Côte d’Azur qui a activé les réseaux : Jérôme Heraud, directeur d’exploitation et chef de cuisine du"Cantemerle" à Vence, l’a reçue dans son établissement pour lui révéler les petits trucs du métier. La BPMed lui a
accordé des facilités, en clair un découvert bancaire pour l’aider à lancer son activité.
"Je propose des soupes chaudes bio, des quiches, des cookies végétariens, des plats composés avec des fleurs comestibles, des graines germées" annonce Patricia. Et son affaire a plutôt bien démarré puisqu’une clientèle attentive à la qualité des produits vient déjà s’approvisionner régulièrement sur son stand.
Patricia sait que le pari n’est pas encore gagné. Sans cesse, elle renouvelle sa carte, au fil des saisons. "En cette période de chaleur, j’ai proposé des soupes froides, ce qui me paraissait logique". Mais le constat est là : ça ne marche pas, il n’y a pas de demande. Un mini échec qui ne décourage pas l’entrepreneuse, qui a encore du mal à " se sortir un salaire".

Le Centre de Gestion Agréé (CGA) des Alpes-Maritimes a "matché" sur le projet de Patricia.
Il lui a accordé 1 500 euros de récompense pour son courage et son idée originale, somme qui sera investie dans de la publicité sur les abribus de Vence pour faire connaître son activité. "Vous êtes courageuse, on vous souhaite un grand succès et nous sommes prêts à vous aider pour des formations" a expliqué Sylvie Dejean, directrice du CGA. Laurent Lachkar, représentant le président de la CCI, l’a également assuré que l’organisme consulaire sera à ses côtés.

SoKyoot : quel joli bébé que cette appli niçoise !

Paul-Henri Blanc et Guillaume Develter ont reçu leur prix. (DR JMC)

Paul-Henri Blanc, au marketing, et Guillaume Develter, à la technique, ont créé l’application gratuite SoKyoot pour la revente entre particuliers de matériel de puériculture.
Une SAS créée à Nice en 2016, qui compte déjà quatre personnes pour un marché encore à défricher mais très prometteur.
Vêtements de bébé, tables à langer, poussettes et autres chauffe-biberons sont des produits chers ayant une vie éphémère. Pour leur éviter de prendre la poussière dans les étagères après quelques mois d’utilisation et récupérer des euros toujours bienvenus pour les jeunes parents, SoKyoot (jeu de mot signifiant en américain : si mignon) va donc proposer une sorte de vide-grenier numérique qui mettra en relations vendeurs et acheteurs.
Mieux qu’une foire à la brocante ordinaire puisque le marché sera - au moins - national : les affaires de bébé achetées neuves pourront donc être revendues partout, ce qui élargit les possibilités.
Active sur Android et iOS, l’application niçoise est toujours hébergée à la pépinière d’entreprises CEEI Nice Côte d’Azur. Téléchargeable gratuitement, elle se finance par une commission de 5%. Le projet est maintenant suffisamment mûr pour partir à la recherche d’investisseurs.

La BPMed s’est penchée sur le berceau de SoKyoot en remettant un prix de
1 500 euros aux entrepreneurs.

Méca’rapid : pour entretenir ou dépanner son véhicule sans bouger de chez soi.

Ahmed Jebali a créé Méca’Rapid, atelier mobile de réparation. (DR JMC)

Changer ses pneus, ses plaquettes de frein, faire la vidange, réviser la climatisation... pourquoi perdre son temps alors que le "dépanneur" peut venir à votre domicile ou dans l’entreprise pour effectuer ces travaux courants, même en votre absence ?
Après quatre années passées chez Euromaster comme adjoint au coordinateur des ateliers, puis comme responsable d’une fourgonnette-atelier destinée à l’entretien sur site des véhicules des loueurs professionnels, Ahmed Jebali a décidé de lancer son propre atelier mobile
intitulé Méca’Rapid. Celui qui est aussi arbitre de football réalise son rêve d’entrepreneur.
Le profil, le projet
Avec sa fourgonnette équipée, il se rend sur place pour effectuer les opérations les plus courantes.
Le jeune homme dispose d’un solide bagage en plus de son expérience acquise : bac + 3 en conception assistée par ordinateur, certificat de qualification professionnelle en mécanique rapide obtenu à l’IFA, diplôme pour l’entretien des véhicules électriques hybrides. Son projet a démarré il y a cinq mois et tient bien la route, à en juger par son planning déjà chargé. Sa personnalité, ses compétences et son envie d’entreprendre ont séduit le jury, à commencer par la Chambre des Métiers, qui voit un jeune artisan s’épanouir avec un projet bien ficelé.

Prix de l’artisanat, remis par Jean-Pierre Galvez, président de la CMAR.
"Nous accompagnons les créateurs depuis le début de leur projet jusqu’à son aboutissement. Nous sommes donc naturellement présents aux côté du Rotary Club de Nice pour cette excellente initiative qui aide les jeunes entrepreneurs. À ceux-ci, je donne pour conseil de se faire accompagner. Le taux de survie est de 79% au bout de trois ans, et de 90% pour les reprises d’activité selon les chiffres de notre Observatoire régional".

Keybox : la clé qui libère de l’éloignement

Mickaël Coppi présente la Keybox. (DR JMC)

Vous ne voulez pas rester bloqué à la maison ou au bureau pour attendre une livraison ? Vous avez un appartement et vous n’êtes pas sur place pour faire entrer ou sortir le locataire ?
Pas de problème : la Smart Keybox va s’en charger.

Il s’agit d’une sorte de petit coffre fort qui fonctionne de façon autonome (piles) 24 heures/24 : après avoir créé un code pin via une appli de votre smartphone, vous l’envoyez à votre invité qui pourra ainsi ouvrir la Keybox, laquelle lui donnera accès au lieu. Elle peut contenir jusqu’à six clés standards et gère l’historique des entrées/sorties.
Cette boîte de 1,5 kilo a été créée à Singapour en 2015. Solène et Mickaël Coppi l’importent en exclusivité pour la France et la vendent depuis Nice sur internet.

"Notre objectif est de créer un réseau de revendeurs en France" explique Mickaël qui a reçu le prix Manutan pour cette activité née en novembre 2017. Un détail qui a son importance : la Keybox est synchronisable avec Airbnb, un atout non négligeable dans un pays comme le nôtre qui reçoit tant de visiteurs...

Prix manutan : "La Keybox a retenu notre attention car nous sommes concernés dans notre activité par le problème des livraisons : les gens ne sont pas toujours là, il faut revenir quand les livreurs se cassent le nez... Alors ce produit nous intéresse et on a voulu aider Mickaël Coppi à réussir son implantation" commente Jean-Jacques Brial, représentant l’entreprise Manutan, plus de 100 000 références en fournitures et mobilier de bureau,
manutention, outillages etc.

Ce qu’ils sont devenus : un coup d’œil dans le rétroviseur !

Après avoir été lauréats du "Prix Action Entreprise", Kévin Dursapt et Quentin le poissonnier ont témoigné de leurs expériences. (DR JMC)

Depuis la création du "Prix Action Entreprise", vingt-cinq lauréats ont été récompensés parmi des centaines de dossiers de candidature présentés à la commission de sélection. Même si les organisateurs ont - volontairement - pris des risques en retenant des entrepreneurs voulant se faire une place au soleil sur des secteurs innovants, de belles réussites ont pu s’épanouir sur la Côte d’Azur grâce à ce coup de main.
Et mardi soir, à l’heure du coup d’envoi de la demi-finale de la coupe du monde, Quentin Lorotte (l’un des lauréats 2017) et Kevin Dursapt (lauréat de la première édition) sont venus témoigner de leurs expériences.
Le premier s’est installé rue Bonaparte à Nice. Coup de cœur du Rotary, il a créé un concept très qualitatif de poissonnerie qui fait vivre aujourd’hui trois personnes. Le prix décerné l’année passée lui a permis d’acquérir du matériel pour développer son activité dans des niches de marché, comme les buffets
dînatoires pour institutionnels et privés.
Kevin Dursapt, lui, est le patron de Nice-Pierres. Comme le nom de sa société basée à Saint Laurent-du-Var l’indique, il est grossiste en pierre naturelle, marbre, granit, pour le bâtiment. Après cinq ans d’activité, il a réalisé des centaines de chantiers, vendu des milliers de tonnes de pierres.
Une jolie réussite pour cette entreprise familiale, bien ancrée sur notre territoire.
Comme eux, les lauréats des années passées n’ont pas ménagé leurs efforts, aujourd’hui récompensés.


Jean-Michel Chevalier