L’écologie enclenche la marche... arrière


Economie


6 septembre 2018

Maintenant que Nicolas Hulot est parti cultiver son jardin - sans néonicotinoïdes ni glyphosate- et que le "remaniement" a changé le gouvernement, on peut bien s’avouer que l’ancien ministre de la transition écologique en avait gros sur la patate pour claquer la porte de façon aussi ostentatoire.
On imagine bien la tête d’Emmanuel Macron lorsqu’il a entendu, en se rasant, que son joker écolo reprenait sa liberté, sans autre forme de préavis qu’une annonce tonitruante à la radio à un moment aussi matutinal qu’inattendu.
Il y a longtemps, à Nicolas Hulot, que "ça lui courait sur le haricot" de servir d’alibi, alors que de toute évidence les préoccupations de l’exécutif sont davantage tournées vers le CAC 40 que sur la santé des abeilles, vers l’énergie tout court que vers la transition énergétique.
Doit-on reprocher au gouvernement cette inclinaison qui n’est, après tout, que du réalisme politique ? Car les Français demandent d’abord de l’emploi, du pouvoir d’achat et de la sécurité. Bien sûr, il se disent aussi préoccupés par le dérèglement climatique mais, au delà des bonnes intentions, sacrifient chaque jour dans leur mode de vie le "durable" à la croissance économique qui leur garantit un confort immédiat. Nous sommes un peuple de Gaulois "écolo" dans les sondages, "conso" dans les faits, au final un brin "schizo"...
C’est peut-être parce qu’il voyait plus loin que les bilans de fin d’année que Nicolas Hulot s’est retrouvé en déphasage avec l’équipe d’Édouard Philippe. Le poids des lobbies, le choc brutal avec un exercice d’État qui ne laisse pas de place aux états d’âme et finalement peu de prise sur des orientations pourtant majeures : la décroissance de la part du nucléaire, une agriculture raisonnée sinon vraiment raisonnable, l’interdiction de produits dangereux pour la santé humaine et l’environnement (mais pour lesquels des années sont nécessaires pour obtenir leur retrait tant l’industrie est puissante et sait se faire convaincante, à Paris comme à Bruxelles).
Honnête homme, pragmatique, Hulot a tiré les conséquences des limites de son action. Il s’est donc mis en marche arrière de la république macronienne.
Ce n’est pas la fin des haricots. Mais ce renoncement est un signal fâcheux qui accentue le sentiment de flottement du gouvernement. Mauvais signe.
Il n’est pas le seul : Stéphane Bern s’interroge pour savoir si les carottes sont cuites quant à son utilité de faire-valoir pour la sauvegarde du patrimoine historique. Le président s’est interrogé sur le prélèvement à la source. Laura
Flessel est aussi partie cultiver ailleurs. Alexandre Benalla lui même... Ah non, je m’égare : lui, il est déjà dans les choux...


Jean-Michel Chevalier