Politique : la rivalité Ciotti-Estrosi débouche sur une... baisse des impôts. Explications


Vie locale


17 septembre 2018

En foot, cela s’appellerait un sérieux "marquage à la culotte". En politique, c’est la volonté de ne laisser aucun espace à son adversaire. Au même moment, jeudi dernier, la Métropole de Nice et le Conseil départemental ont annoncé des baisses d’impôts.
Les contribuables n’ont pas défilé dans la rue pour fêter ces événements, mais c’est quand même une bonne nouvelle...
Derrière les deux grandes collectivités des A-M, il y a des hommes, jadis amis, aujourd’hui meilleurs ennemis du monde, qui font le pressing. D’un côté Éric Ciotti, député, chargé des finances au CD 06, et de l’autre Christian Estrosi, maire de Nice et patron de la Métropole. Entre les deux, nous sommes passés en quelques mois de la gué-guerre à fleurets mouchetés aux coups portés sans retenue.

Du berger à la bergère

Donc, au même moment- et cette concomitance n’est évidemment pas un hasard - ils ont annoncé des baisses d’impôts : sur la taxe des ordures ménagères pour la Métropole, sur le foncier sur les propriétés bâties pour le Conseil départemental. Depuis plusieurs années, Les Républicains ont fait de la pression fiscale leur principal cheval de bataille, d’abord contre le gouvernement de François Hollande, et depuis l’an passé contre celui d’Emmanuel Macron. Pour les ténor azuréens de la droite, le sujet est donc sensible. Éric Ciotti a taclé son rival lorsque celui-ci a annoncé au printemps une hausse de 7,5% de la taxe métropolitaine sur le foncier, voyant dans cette mesure un parjure des engagements pris lors des campagnes électorales précédentes. Il a donc fait campagne sur ce thème depuis plusieurs mois, déjà en se présentant à la présidence LR départementale (élection le 20 septembre), et ensuite en ne cachant guère sa volonté d’aller aux municipales de Nice...
À l’issue du "conseil de la majorité" du Conseil départemental, Charles-Ange Ginésy a donc annoncé la réduction de - 5% de la taxe foncière sur le bâti. Le fruit pour lui d’une gestion rigoureuse et d’une politique d’économies initiée par son prédécesseur Eric Ciotti. "Cela va permettre de restituer l’an prochain 15 millions d’euros aux Azuréens" a chiffré le président du CD-06, sans que le niveau des investissements ou les aides apportées aux communes ne soit affecté.
"Nous avons 105 millions de dettes en moins par rapport à 2014" a renchéri Éric Ciotti. Qui, de son côté, a estimé en passant à 140 € par foyer concerné la hausse "métropolitaine" des impôts locaux.

Atmosphère, atmosphère...

Christian Estrosi n’a pas laissé de champ libre à son adversaire.
Taquiné sur les impôts, il a répondu sur le même sujet au même moment, comme pour couper l’herbe sous le pied à son ancien meilleur ami. Avant de s’exprimer le lendemain devant ses militants, rassemblés au square Albert 1er pour écouter le bilan de dix années de municipalité. Et maintenant, la balle au centre ? La guerre des chefs est encore loin d’être terminée. En dehors du "microcosme" et des partisans de l’un ou de l’autre, elle a tendance à fatiguer les élus de terrain qui ne savent plus sur quel pied danser. Et aussi le monde de l’entreprise, qui voudrait bien que l’atmosphère
redevienne aussi bleue que le beau ciel de la Côte d’Azur...


Jean-Michel Chevalier