BTP : après la crise, le secteur de la construction a retrouvé un second souffle


Décryptage


11 octobre 2018

La santé du bâtiment dépend du dynamisme de l’économie, de la stabilité et de l’incitation fiscale, du moral des ménages aussi. Un retour espéré vers des jours meilleurs. Décryptage.

En chiffres

Dans les A-M, la construction représente 9 536 entreprises qui emploient 31 049 personnes (au 1er janvier 2018, source Sirius CCI 06). Il y eut l’an passé 6 903 logements "commencés" pour un peu plus de 9 000 "autorisés". 4 389 logements neufs ont été mis sur le marché pour 4 569 vendus, tandis que le stock "disponible" flirte avec les 3 000.
La construction représente 10% des emplois du département et une masse salariale de 600 M€.

Des inquiétudes

Jacques Chanut, président national du BTP, ne cache pas son inquiétude de voir les fenêtres et les chaudières performantes au fioul sortir du crédit d’impôt pour la transition énergétique (CITE) pourtant incitatif pour "convaincre" les particuliers d’effectuer des travaux dans leur logement.
Et même souci avec la réforme du RGE (reconnu garant de l’environnement), sigle pour distinguer les artisans performants mais qui ne peut être obtenu qu’avec "l’accumulation d’obligations en tous genres qui va créer un monstre de complexité et engendrer des coûts insupportables".

Des bonnes nouvelles

Soulagement en revanche pour les professionnels de l’acte de bâtir :
le prêt à taux zéro (PTZ) et le dispositif Pinel - pourtant dans le collimateur - ont été maintenus dans la Loi de finances 2019, ainsi que les taux réduits de TVA, prorogés sans modification.
Des bonnes nouvelles tempérées par les annonces sur le CITE " dégradé" en 2019, et qui en 2020 ne fera plus l’objet que d’une prime réservée aux ménages les plus modestes.

Ministère

Devant la différence entre les ambitions affichées et les mesures concrètes proposées, Nicolas Hulot ne doit pas regretter d’avoir quitté le gouvernement. Son successeur, François de Rugy, hérite de ce dossier brûlant et a accepté, selon la FBTP, "d’ouvrir une fenêtre de négociation" avec la profession pour arrêter des mesures concrètes et si possible efficaces.

Sensible

La santé du bâtiment dépend évidement du dynamisme de l’économie, de la stabilité, de la lisibilité voire de l’incitation fiscale, sans même parler du moral des ménages. C’est un marché sensible, capable d’emballement comme de coups de frein excessifs. Après la guerre du Golfe, la crise de 2008 a pesé sur les carnets de commandes qui n’ont toujours pas retrouvé le niveau des belles années.

Le poids du CA et de la fiscalité

La fiscalité liée à la construction et au logement (TVA, droits de mutation etc.) est suivie de près par les pouvoirs publics. Dans notre pays, le chiffre d’affaires du bâtiment représente la moitié de celui de l’industrie, le double des activités de banque et d’assurance.

L’avenir azuréen

Le tramway de Nice et quelques grosses opérations sur tout le département ont permis aux entreprises azuréennes de continuer à progresser. La relève sera assurée par la poursuite de l’OIN, par l’aménagement de nouveaux quartiers comme Marenda à Antibes entre la vieille ville et le port, sur Cannes ou Grasse. Les entrepreneurs souhaitent que les efforts d’investissement de l’État et des grandes collectivités soient maintenus ou améliorés. Sans garantie pour le moment.


Jean-Michel Chevalier