Les "coups de pompe" ne sont pas perdus pour tout le monde


Economie


31 octobre 2018

Ce n’est pas la première fois qu’on nous fait le coup du... coup de pouce des taxes sur les produits pétroliers. Jamais à court de justifications improbables (la pollution, la sécurité et j’en passe), nos gouvernements qui se suivent en se ressemblant se rappellent régulièrement au bon souvenir du portefeuille des automobilistes dès lors qu’il s’agit de boucher un nid de poule dans le budget de l’État.
Les vrais chiffres des taxes sur un litre de diesel - qui est le carburant encore le plus utilisé en France - ont été calculés par l’Union Française des Industrie Pétrolière (UFIP). Ce qui donne ceci : lorsque l’on paie un euro à la pompe, la matière première ne représente que 28,3 centimes de la facture, le raffinage 5,5 centimes et le transport 7,6 centimes. Le reste, soit 58,60%, est composé de la TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) et de la TVA à 20%, laquelle est calculée y compris sur la TICPE. Autrement dit, on paie de la TVA sur la taxe...Donc plus des deux tiers de la somme payée pour faire un plein n’est pas consacrée à acheter de l’or noir, mais à Bercy. C’est pour cela que la France est l’une des premières puissances pétrolières du monde, puisque si elle ne tire pas directement des richesses de son sous-sol, le percepteur, alchimiste des temps modernes, sait transformer le litre de gasoil en or.
Maintenant, après avoir fait des constructeurs français les champions du monde du diesel, on veut tuer ces motorisations au nom de la santé publique. Pour limiter la pollution, on n’a rien trouvé de mieux que d’augmenter les taxes sur ce carburant, ce qui assurément va protéger nos bronches...
Mais la ficelle est un peu grosse et les victimes de ce nouveau "coup de pompe" vont embrayer sur un mouvement de colère national, qui promet de bloquer les autoroutes le 17 novembre (vous me direz que, blocus ou pas, on verra peu la différence sur notre A8 embouteillée aux heures de pointe).
Colère, parce que s’ils achètent encore du diesel, c’est parce qu’ils n’ont pas encore fini d’user leur voiture achetée il y a quelques années avec... des primes à la casse payées par l’État.
C’est qu’il faut bien aller au boulot, mes bons princes, et vous qui nous faites déjà rouler à 80, vous qui avez multiplié les radars et les taxes sur les assurances, qui avez durci les contrôles techniques, mis le stationnement payant sous coupe réglée, ne vous étonnez pas trop de ce ras le bol annonciateur d’autres jacqueries.
Au pays de l’auto vache à lait, le troupeau a très envie cette fois de prendre le taureau par les cornes...


Jean-Michel Chevalier