Salon des Maires des Alpes-Maritimes : colère, désarroi et démissions


Economie


19 novembre 2018

Lors de l’assemblée générale ADM-06 présidée par Honoré Colomas, les édiles du département ont fait part des difficultés croissantes à exercer leur mandat et réclamé plus de considération.

Le IIe Salon des maires, des élus locaux et des décideurs publics des Alpes-Maritimes, qui s’est tenu vendredi 9 novembre à Nice, a mis en exergue les difficultés croissantes à exercer leurs fonctions.
"Pour les maires, l’exercice du mandat est de plus en plus compliqué, a expliqué Honoré Colomas, premier magistrat de Saint-André-de-la-Roche et président de l’ADM-06. Cette année, nous avons enregistré 55% de démissions en plus. Les maires d’Aiglun, Cantaron, Cuebris, Castillon, La Penne, Rigaud, Saint-Léger, Péone et Coursegoules ont démissionné. La fonction est une charge colossale. C’est compliqué, voire quasi impossible d’exercer la fonction élective en même temps qu’une activité professionnelle".

Le congrès national des maires de France aura lieu du 20 au 22 novembre à Paris Expos, porte de Versailles.

"Nous y expliquerons notre colère et notre désarroi. Le thème cette année est ‘‘Servir le citoyen et agir pour la République’’. Avant cela, nous allons rencontrer les cinq sénateurs des Alpes-Maritimes, ainsi que le député Éric Ciotti, le maire de Nice et président de la Métropole Nice-Côte d’Azur
Christian Estrosi, le président du Conseil départemental Charles-Ange Ginésy".
Et Honoré Colomas d’insister : "La coupe est pleine. Les maires n’en peuvent plus, ils sont proches du burn out. Le sentiment est renforcé par la baisse drastique des dotations (versées par l’état, ndlr). Les maires se sentent déconsidérés, voire abandonnés. De plus, une campagne de dénigrement ’’balance ton maire’’ a été lancée par les réseaux sociaux".

"Un dialogue de sourds entre l’état et les collectivités locales"

Sont ensuite intervenus Jean-Paul David, maire de Guillaumes, président de l’Association des maires ruraux des A-M, puis Stéphane Simonini, maire de Beuil, qui a évoqué deux sujets brûlants : le prix du carburant à 1,80€ dans sa commune et la problématique du loup.
Mme Leiboff, maire de Lieuche, présidente des communes rurales de la région Sud, en a rajouté une couche en proposant à ses collègues de ne pas livrer les résultats des élections européennes. "Que l’État vienne les chercher ! Nous ne devons pas nous contenter d’un rôle de factotum. On ne nous entend pas. Agissons  !"
Gérard Lombardo (Le Rouret) a ensuite posé la question de la taxe d’habitation, sujet relayé par la sénatrice Dominique Estrosi-Sassone : "C’est un dialogue de sourds entre l’état et les collectivités locales. Il règne un sentiment d’injustice profond, de détresse (...) La campagne ’’balance ton maire"" est inadmissible (...) Il y a une fracture entre Paris et les territoires (...) Les dotations budgétaires sont en baisse (...) L’état doit arrêter de faire les poches des communes ! (...) Par quoi va être remplacée la taxe d’habitation ? (...) Le service public va diminuer et disparaître".

Huguette Layet (Castellar) a évoqué la dégradation dramatique de notre service hospitalier. Puis, Josiane Borgogno, maire de Saint-Sauveur-sur-Tinée, a parlé des déserts médicaux : "Nous manquons d’auxiliaires médicaux. Les maisons de santé peinent à trouver des médecins.
Celui de Saint-Sauveur part à la retraite à la fin de l’année
prochaine et n’a pas de remplaçant. Ne peut-on pas inciter les jeunes médecins à venir exercer en zone rurale ?
"
Une colère et des questions auxquelles ont répondu point par point le député (LREM) Loïc Dombreval, et le préfet des Alpes-Maritimes, Georges- François Leclerc, qui ont sans doute vécu des moments plus faciles que ce chaudron de Nikaïa.

Ginesy solidaire des maires

Le président du Conseil départemental des A-M s’est montré solidaire des maires et critique devant la politique du gouvernement : "Je ne vois que des inquiétudes. Mais, en 2019, le Département restera la caisse des solidarités territoriales. Son soutien sera à hauteur de 50 M€. J’attends beaucoup de la rencontre avec Mme Jacqueline Gourault, ministre de l’Espace rural et de l’aménagement du territoire. La souffrance des territoires est bien là. (...) Si certaines choses sont positives, nous n’avons aucun soutien sur la réforme territoriale et l’aide aux communes".

Estrosi défend les communes

Le maire de Nice et président de la Métropole Nice-Côte d’Azur a, lui aussi, rassuré les maires : "La tâche la plus exaltante, c’est celle de maire. Nous sommes libres et cette liberté n’est pas marchandable. Nous n’avons qu’un patron : nos concitoyens. Je dis au gouvernement : si vous voulez avancer, évoluer, il faut renforcer la commune. Si on doit supprimer la région, le département, l’intercommunalité et même la métropole, on ne doit jamais toucher à la commune. C’est le pivot de la République. (...) Je trouve le slogan ’’balance ton maire’’ inadmissible".

Des travaux studieux pour les maires. (DR et courtesy ADM-06)


Pierre BROUARD