Réunion à Nice du projet européen HYDROUSA : Des solutions innovantes pour le traitement décentralisé de l’eau et l’économie circulaire en région méditerranéenne


Vie locale


30 janvier 2019

Le projet européen HYDROUSA – dont l’objectif est d’apporter des solutions innovantes aux îles méditerranéennes en matière de traitement et de gestion de l’eau / et des eaux usées en fermant localement le cycle de l’eau - tiendra sa 2ème Assemblée Générale le 31 janvier et le 1er février 2019 à Nice au Centre Universitaire Méditerranéen (CUM). Cette réunion, organisée par le SEMIDE, un des partenaires du projet, basé à Sophia-Antipolis, rassemblera le consortium du projet, composé de 27 partenaires issues de 10 pays, ainsi que des utilisateurs potentiels originaires de France et d’Europe, afin de discuter de l’état d’avancement du projet.

Des solutions innovantes pour le traitement décentralisé de l’eau et l’économie circulaire en région méditerranéenne.

La gestion de l’eau en méditerranée est souvent fragmentée et il existe plusieurs obstacles à surmonter pour fermer localement le cycle de l’eau et contribuer au développement environnemental et économique de ces régions. Les îles méditerranéennes, en particulier, font face à des défis importants en termes de gestion et de conservation de l’eau. Les réserves d’eau sont rares, et les activités touristiques importantes au cours des mois d’été entraines des surexploitations et des pollutions.

Pour relever ces défis, le projet HYDROUSA, financé par le programme de Recherche et Innovation Horizon 2020 (projet lancé le 1er juillet 2018 pour une durée de 54 mois avec un budget total de 12 millions d’euros), vise à fournir des solutions innovantes aux îles méditerranéennes en termes de traitement et gestion de l’eau et des eaux usées en fermant le cycle de l’eau et en renforçant les productions agricoles et énergétiques. HYDROUSA va au-delà des pratiques actuelles de gestion de l’eau et des eaux usées en adoptant des solutions inspirées par la nature à faible empreinte énergétique pour différentes sources d’eau. Ces technologies seront démontrées sur six sites de démonstration à grande échelle dans trois îles de la Méditerranée (Lesvos, Mykonos et Tinos). De plus, le transfert des solutions HYDROUSA sera évalué pour les 25 premiers utilisateurs de ces technologies dans des zones côtières, des îles de la Méditerranée et dans plusieurs zones rurales et isolées non méditerranéennes soumises à des stress hydriques.

PROCHAINE ASSEMBLEE GENERALE HYDROUSA A NICE

Le projet HYDROUSA va tenir sa 2ème assemblée générale du 31 janvier au 1er février 2019 à Nice au Centre Universitaire Méditerranéen (C.U.M) organisée par le SEMIDE, partenaire français du consortium. L’assemblée générale réunira l’ensemble du consortium du projet HYDROUSA - composé de 27 organisations (PME, centres de recherche, municipalités, associations) travaillant dans les domaines de la gestion de l’eau, les activités agricoles, Technologies de l’Information et de la Communication, la communication et le transfert de technologies. Les partenaires passeront en revu les premiers 6 mois d’activité et prépareront les phases suivantes. Des acteurs externes, essentiellement régionaux, seront aussi invités l’après-midi du 1er février pour une 1ère analyse de la réplicabilité des solutions HYDROUSA à d’autres contextes territoriaux : îles de Porquerolles et de Zlarin (Croatie), ainsi que le réseau SMILO des îles durables et le projet Interreg ISOS (gestion durable des îles en régions PACA, Ligurie, Toscane et Sardaigne).

LES DEFIS DE L’EAU EN MEDITERRANEE

Dans la région méditerranéenne, les ressources en eau sont inégalement réparties entre les pays voire même au sein d’un même pays. Ainsi certains pays (comme la Tunisie) sont en pénurie structurelle avec moins de 500 m3/pers./an et de nombreux autres sont en situation de stress hydrique avec moins 1000 m3/pers./an (seuil défini par les Nations Unies). L’agriculture est le principal consommateur d’eau en Méditerranée (> 72% de la consommation totale). Les réserves d’eau sont rares, tandis que la forte activité touristique des mois d’été impose un stress important aux réserves d’eau limitées en quantité et en qualité. Les régions éloignées n’ont souvent même pas accès à l’eau du robinet. La pénurie d’eau et les activités touristiques lucratives entraînent souvent une réduction de l’activité agricole car il n’y a pas assez d’eau pour les activités agricoles et / ou elle n’a pas une qualité suffisante. Le développement d’usines de dessalement destinées à la production d’eau douce à partir d’eau de mer exerce une forte pression sur le réseau énergétique et conduit à la production de grandes quantités de saumure, qui ne sont pas valorisées. La pratique d’un pompage excessif des eaux souterraines pour l’irrigation entraîne l’intrusion d’eau de mer dans les aquifères, entrainant des couts plus importants pour la potabilisation et la réduction les rendements des cultures. Les stations de traitement des eaux
usées, dans la mesure où elles existent, sont souvent trop surchargées pour faire face aux charges saisonnières élevées, alors que certaines régions ne sont pas desservies du tout. Une stratégie commune à de nombreuses zones méditerranéennes consiste encore à rejeter les eaux usées sans traitement (suffisant) dans la mer. Dans de nombreuses zones rurales et isolées, la gestion des eaux usées est confinée aux fosses septiques / puits perdus, avec des conséquences environnementales néfastes pour les sols et les eaux souterraines. Les mauvaises pratiques sont courantes avec l’utilisation des eaux usées traitées de qualité inadéquate pour l’irrigation ou pour un rejet dans la nature. De plus, les municipalités, qui manquent de fonds, ne sont pas en mesure de maintenir des processus de traitement des eaux usées performant mais énergivore.

SOLUTIONS PROPOSEES PAR HYDROUSA

HYDROUSA propose de relever ces défis par la mise en oeuvre du concept d’économie circulaire de l’eau à partir de solutions basées sur la nature (NBS en anglais) pour la traiter diverses sources d’eau, y compris les eaux usées, les eaux de pluie, les eaux souterraines, les vapeurs d’eaux atmosphériques et les eaux de mer. L’eau douce produite peut ensuite être traitées pour l’approvisionnement en eau domestique et augmenter la production agricole et stimuler les activités économiques des régions méditerranéennes où l’eau est rare. HYDROUSA vise à fermer le cycle de l’eau au niveau local, en tirant parti des ressources locales, en promouvant le concept de gestion décentralisée de l’eau, des matériaux, de l’énergie, du traitement et de la réutilisation. Le concept HYDROUSA sera concrétisé par la mise en place de six sites de démonstration à grande échelle dans trois îles de la Méditerranée (Lesbos, Mykonos et Tinos). Ces solutions de démonstration à grande échelle s’intitulent HYDRO1-6.

BENEFICES POTENTIELS EN FRANCE ET DANS LA REGION PACA ?

Les phénomènes de sécheresse et de pénurie touchent aussi la rive nord de la méditerranée sur les îles (Porquerolles, Corse) mais aussi le continent, avec une disponibilité en eau minimale aux périodes où le besoin est maximal (agriculture, tourisme et énergie hydroélectrique). Bien souvent dans de telles situations, des arrêtés préfectoraux interdisent l’arrosage des jardins, le lavage des voitures, voire même l’irrigation en agriculture. Pour faire face à ces pénuries, beaucoup de régions investissent dans des infrastructures couteuses de dessalement d’eau de mer ou à des transferts d’eau (du continent pour les îles, ou d’autres bassins plus riches en eau). En parallèle, l’assainissement individuel ou de petites communautés est souvent peu performant, non conforme aux Directives Européennes et dommageable pour l’environnement terrestre et marin.

Les solutions HYDROUSA répondent à ces situations en valorisant des ressources eau non conventionnelles (telles que les eaux usées, l’eau de pluie, l’eau de mer, humidité de l’air) et en récupérant d’autres ressources des processus de traitement (énergie, nutriments, sels marins) pour satisfaire les besoins et créer de la valeur en minimisant l’impact environnemental voire même en améliorant les écosystèmes : éco-tourisme, agriculture et produits dérivés (plantes aromatiques, huiles essentielles). Ces solutions permettront le maintien de population et la création d’emplois permanents ou saisonniers.

Au-delà des îles, ces solutions sont pertinentes pour des sites isolées et peu accessibles par exemples des gites (notamment dans des parcs ou zones protégées) ou l’habitat rural, offrant des possibilités de réduction de pollution, diversification de l’approvisionnement en eau, revenus complémentaires, consolidation des écosystèmes au niveau des sols et de la flore

SEMIDE :

Le Système Euro-Méditerranéen d’Information sur les savoir-faire dans le Domaine de l’Eau est une initiative du partenariat Euro-Méditerranéen qui supporte la coopération dans le secteur de la gestion de l’eau en coordination avec les Ministères en charge de l’eau des 41 pays de l’Union pour la Méditerranée. Opérationnelle depuis fin 1999, son Unité Technique est basée à Sophia Antipolis, dans les locaux de l’Office International de l’Eau.


Valérie Noriega