C’est forcément de la faute à ce bon Voltaire...


Economie


7 mars 2019

"Ceux qui ne croient pas en l’impossible sont priés de ne pas déranger ceux qui sont en train de le faire". Cette phrase de Voltaire a le mérite de pouvoir être mise à toutes les sauces. Par exemple, elle aurait pu être utilisée par nos amis hollandais lorsqu’ils ont pris en douce une bonne grosse participation dans le capital d’Air-France KLM pour peser sur la gouvernance de la compagnie. Un joli coup fourré, qui en dit long sur la confiance accordée au pavillon tricolore...
Les Avocats de Carlos Ghosn peuvent tout autant se l’attribuer, tant il ne paraît pas évident au Japon de faire sortir de taule un mis en examen. Dont la fortune personnelle permet, soit dit en passant, de verser une caution (ou rançon ?) dont le montant garantit la représentation de leur client.
Les discussions ayant capoté sur les indemnités chômage, les partenaires sociaux peuvent aussi faire leur la prose du philosophe des Lumières et prêter le livre au gouvernement, qui récupère maintenant ce dossier à haute valeur explosive.
On n’oubliera pas, non plus, les gilets jaunes, qui ne demandent peut-être pas l’impossible sur tous les sujets, mais qui, par leurs blocages des routes et des centres commerciaux, par la dévastation de pas-de-porte dans certaines villes ont empêché les acteurs économiques de poursuivre sur la bonne lancée des trimestres précédents.
Les directeurs de Pôle Emploi peuvent aussi s’inspirer de ce bon Voltaire. Il leur faut trouver un job à des personnes difficilement employables : sans qualification, seniors de plus de 50 ans, jeunes sans expérience professionnelle, mères célibataires sans voiture pour aller au travail...
Nul n’ignore que l’auteur de Candide n’a pas toujours entretenu de cordiales relations avec les autorités ecclésiastiques de son temps. L’actuel successeur de Saint Pierre à Rome a sans aucun doute relu lui aussi les écrits parfois provocateurs de l’illustre écrivain pour s’attaquer à des sujets qui dans l’Église sentent le soufre - un comble - comme la pédophilie de certains prêtres, longtemps cachée tel un lourd secret de famille.
Une pensée "voltairienne" aussi pour nos amis Gérald Darmanin et Bruno Lemaire qui s’employaient depuis des mois à contenir le déficit sous la barre de 3%. Mais, patatras, leur doxa a explosé en plein vol après les annonces présidentielles pour redonner un peu d’air au pouvoir de survivre des plus pauvres.
Impossible serait-il donc, quand même, un petit peu français ?
Il est tout de même étonnant qu’il y ait partout dans notre société des gens dont la principale occupation consiste à décourager ceux qui entreprennent en restant confortablement assis dans leurs fauteuils... voltaire.


Jean-Michel Chevalier