Olivier Clatz et Julien Chiaroni, deux premiers directeurs des Grands défis


Nominations


19 mars 2019

Les Grands défis, choisis par le Conseil de l’innovation et financés à hauteur de 150 M€ par an par le Fonds pour l’innovation et l’industrie (FII), visent à répondre à des enjeux sociétaux dans des domaines stratégiques nécessitant la levée de barrières technologiques. Ils doivent :
• avoir une portée scientifique et technologique et s’attaquer à des champs et à des verrous technologiques peu explorés ;
• présenter un enjeu sociétal et offrir des perspectives de débouchés commerciaux ;
• pouvoir s’appuyer sur un vivier d’excellence de laboratoires français et d’entreprises.

Le premier Conseil de l’innovation du 18 juillet 2018 a retenu deux grands défis portant sur l’intelligence artificielle :
• « Comment améliorer les diagnostics médicaux par l’intelligence artificielle ? » ;
• « Comment sécuriser, certifier et fiabiliser les systèmes qui ont recours à l’intelligence artificielle ? ».

Grand défi « Comment améliorer les diagnostics médicaux par l’intelligence artificielle ? » : Olivier Clatz

Les données de santé sont appelées à jouer un rôle central dans la révolution médicale en cours. Issues du secteur médical (hôpitaux publics et privés, médecins, laboratoires d’analyse) et des patients, avec l’avènement des objets connectés de santé, les données de santé permettent d’améliorer considérablement les diagnostics d’un très vaste panel de pathologies. En cernant mieux le parcours de santé de chacun, les données et les prédictions qui en découlent, grâce à l’identification de marqueurs précoces, ouvrent la voie à une médecine non plus seulement curative mais également prédictive et personnalisée.

Ce défi vise à accélérer le développement de nouveaux produits et à favoriser l’arrivée d’une prise en charge individualisée des patients. Il repose fortement sur :
• la collecte des données et leur standardisation ;
• l’interopérabilité des centres d’archivage ;
• l’uniformisation des accès, des échanges et leur sécurisation ;
• la mise en œuvre de plateformes de recherche collaboratives intégrant des infrastructures de calcul et de stockage au meilleur niveau mondial ;
• le développement d’outils logiciels permettant de traiter et d’exploiter le volume considérable de données médicales.

Olivier Clatz est PDG de Therapixel, qu’il a co-fondé en 2013 avec Pierre Fillard. Sous sa direction, la société a développé son premier produit marqué CE, réalisé son premier million d’euros de chiffre d’affaire et remporté le Digital Mammography Challenge, le plus important concours d’IA en santé de l’année 2017. Therapixel a récemment levé 5 millions d’euros pour accélérer le développement de son produit d’intelligence artificielle pour le dépistage du cancer du sein. Il est membre du Conseil National du Numérique depuis 2018 et membre du Conseil Scientifique du 3IA côte d’azur. Il a régulièrement contribué aux réflexions nationales autour des questions d’IA : mission Villani, mission Health Data Hub, Comité Consultatif National d’Ethique. Avant la création de Therapixel, il a occupé plusieurs postes de chercheurs en traitement d’images médicales à Inria et à Harvard Medical School. Il est docteur de l’Ecole des Mines de Paris et titulaire d’un master Mathématiques Vision Apprentissage de l’ENS Paris Saclay.

Grand défi « Comment sécuriser, certifier et fiabiliser les systèmes qui ont recours à l’intelligence artificielle ? » : Julien Chiaroni

La question du fonctionnement sûr des logiciels est au cœur de nombreuses applications de tous les jours, qu’il s’agisse du transport (automobile, aviation, rail…), des dispositifs de santé, des opérateurs d’intérêt vital. Le développement rapide des logiciels d’Intelligence Artificielle (IA) et surtout leur diffusion rapide dans tous les secteurs d’activité, posent des questions spécifiques en termes de garanties sur leur « bon fonctionnement ». Que l’on pense à la sûreté d’une prise de décision « autonome » en temps réel comme dans les domaines évoqués ci-dessus, à des domaines ne tolérant pas l’erreur de décision (décisions de sécurité, de justice, diagnostic de santé…) ou à des attentes d’équité de traitement qui exigent la garantie que les traitements ne sont pas biaisés, la confiance placée dans les systèmes intégrant de l’IA doit impérativement être développée comme ce fut le cas précédemment pour les logiciels déterministes « classiques ».

Le défi vise à assurer la transparence et l’auditabilité des systèmes autonomes à base d’intelligence artificielle, d’une part en développant les capacités nécessaires pour observer, comprendre et auditer leur fonctionnement et, d’autre part, en développant des approches démontrant le caractère explicable de leur fonctionnement.


Julien Chiaroni
est actuellement Directeur de la Stratégie et des Programmes du List, Institut du CEA sur les technologies du numérique et d’intelligence artificielle. A ce titre, il participe et met en œuvre la stratégie de l’institut en IA et élabore des partenariats entre recherche et industrie ; ceci tout particulièrement sur la thématique de confiance des IA et son implémentation dans les systèmes embarqués. Avant cela, il a occupé des postes opérationnels à responsabilités croissantes, tant scientifiques que managériales, et contribuer à de nombreux projets partenariaux de recherche, notamment à vocation de transfert à l’industrie, dans le domaine du numérique. Responsable de Programme de 2008 à 2010, il coordonne le programme nanosciences et nanotechnologies de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), doté d’environ 35 à 40 M€ par an. Au service de l’Etat à l’étranger de 2010 à 2012, Julien Chiaroni occupe les fonctions d’Attaché de coopération scientifique et universitaire au Consulat de France à Hong Kong et Macao et contribue ainsi au renforcement de nos relations bilatérales dans les domaines de la recherche et de l’enseignement supérieur, par exemple avec la signature d’un partenariat pour le financement de projet entre le RGC et l’ANR. Julien Chiaroni est ingénieur diplômé de l’ENSPG (Phelma), d’un master recherche en matériaux de Grenoble-INP et d’un master spécialisé en « Humanités Digitales » de Sciences Po.


Valérie Noriega