En Écosse la pluie est une sensation délicieuse... pour peu que l’on n’y vive pas à l’année. Pour résister à ce climat, il faut une bonne dose d’humour, être coriace, deux qualités largement répandues dans ces vertes contrées. Pour le touriste azuréen écrasé par la chaleur estivale, les formations nuageuses offrent une alternative poétique et rafraîchissante, même si le mauvais temps n’est pas garanti… hélas ! C’est pourquoi il faut prévoir pour ce voyage, en plus de chaussures bien étanches, des pulls, des T-shirts et des imperméables, car l’on aura besoin de toute cette garde-robe au cours de la même journée. Vous voilà prêt à passer en revue les terres sauvages des Highlands, Skye la deuxième plus grande île des Hébrides, des Orcades et des Shetland ?
Une brève ondée chasse la pluie
- Près de Fort William, un secteur "surdensément" peuplé :) (DR M.L)
Le site des Fairy Pools (cascades se déversant dans un grand bassin naturel) et l’ascension du Old Man Storr avec une vue dantesque sur l’Atlantique Nord sont des endroits très prisés des touristes, mais aussi par les fameux moutons à tête noire, qui paraissent grassouillets tellement leur laine est dense et protectrice… Vous avez de la chance : il y fait généralement beau, ce qui à l’aune écossaise signifie un vent vif, qui repousse les nuages porteurs d’ondées passagères, à moins qu’il ne s’agisse de cette inimitable bruine écossaise.
Après ce grand bol d’air, allez donc sécher vos chaussettes à Edinburgh (prononcer "édinbrrô"). Il vous faut visiter les nombreux musées, dont celui dit des Portraits, et s’imprégner de l’atmosphère fantastique de cette ville qui a nourri l’imagination de J.K. Rowling, l’auteur de Harry Potter. Le petit sorcier est d’ailleurs mis à toutes les sauces. C’est un excellent agent touristique pour le pays !
Une gaieté débridée (et souvent alcoolisée) dans les rues contraste avec les altières façades néo-gothiques, sous le regard dubitatif de célébrités comme Walter Scott, auteur d’Ivanhoé, ou du philosophe David Hume, statufiés dans la pierre et indifférents au tumulte. À Edimbourg comme à Glasgow, les jeunes gens, filles et garçons, n’hésitent pas à se lâcher sur la potion
magique locale à base de houblon ou de malt, qui ruisselle dans les pubs comme rivières dans la lande.
Six mille lacs, six cents cours d’eau, des Lochs qui s’infiltrent dans les terres en créant une dentelle verte et bleue. Le Ben Navis, point culminant, n’est pas particulièrement impressionnant, mais reste dangereux pour le randonneur. La série des huit écluses de l’Escalier de Neptune porte bien son nom. Et il n’est pas rare, marchant sur la plage, de déranger l’huitrier pie, bec rouge en livrée blanche et noire, exécutant de grands cercles affolés au-dessus des têtes si on s’approche un peu trop de son nid.
Dégustez ces inimitables petites routes...
La sauvagerie des paysages écossais est préservée de manière miraculeuse. Des kilomètres sans maison, barrière, ligne électrique, panneau publicitaire. La terre qui a vu naître Robert-Louis Steventson produit une puissante impression. Louez une voiture, roulez à gauche (pas difficile), dégustez les petites routes étroites. Branchez la radio BBC Gaélique qui diffuse de la musique traditionnelle. Arrêtez-vous pour manger l’inévitable fish and chips, nourriture nationale, accompagné d’une pinte de bière. Ou, si vous avez le cœur bien accroché, une part de haggis (panse de brebis farcie), que l’on poussera avec un verre de whisky.
Et tandis que la pluie résonne sur la vitre, entamez une conversation interminable avec votre voisin. En ne perdant pas de vue qu’il a sur vous l’avantage d’un gros entraînement avec les boissons locales qu’il apprécie sans modération.
Vous voilà déjà (presque) Écossais !
(Liaisons directes par avion sur Edimbourg depuis Nice).
Jean-Michel Chevalier