Désormais, il est libre, Nicolas Sarkozy...


Economie


28 août 2019

Nicolas Sarkozy, bien sûr ! L’ancien chef de l’État était attendu comme le Messie ce matin à l’hippodrome de Longchamp où il s’est exprimé à l’occasion de la « Rencontre des entrepreneurs de France », autrement dit devant le Medef. Avant une longue séance de dédicace de son livre « Passions », il a en quelque sorte volé la vedette à d’autres invités inattendus de cette rentrée du patronat. Car, au-delà des conférenciers convenus (onze ministres et membres du gouvernement, chefs d’entreprises etc.), figuraient à l’affiche Almir Narayamoga, chef brésilien du peuple indien Paiter-Suri et activiste du climat ou la Grande Duchesse du Luxembourg venue parler d’actions en faveur des femmes.

C’est à un vrai « Sarko show » que s’est livré l’ancien président, sur un ton incisif et souvent drôle

Libéré de ses obligations politiques - « je ne fais plus de politique, je n’ai plus d’ambition électorale, pour moi c’est du passé  » - il a usé de cette liberté de parole retrouvée pour évoquer la situation internationale – «  nos institutions qui datent du XXème siècle sont dépassées, cela ne peut plus fonctionner  » - la démocratie « qui est bien malade  », l’avenir de l’Europe « qui a une opportunité unique de prendre le leadership avec le retrait des Etats-Unis et le non-intérêt de la Chine pour le reste du monde ».
Il a aussi parlé du nivellement par le numérique, qui « permet à n’importe qui de dire n’importe quoi », de la « fragilité des GAFA qui sont des colosses au pied d’argile » car ils peuvent perdre la moitié de leur valeur boursière sur une rumeur. Et sur la surpopulation mondiale, le vrai défi pour la planète selon lui, avec son incidence sur l’environnement, répondant à ce sujet aux questions de Cédric Messina, cofondateur de My Coach, et vice président du Comex 40, la structure du Medef chargée d’anticiper les enjeux sociétaux et leur impact sur l’économie.
Au final, une prestation qui a mis dans sa poche le public de l’hippodrome, assez bluffé par les analyses sans langue de bois de Nicolas Sarkozy qui est reparti de ce rendez-vous avec la crampe de l’écrivain, à force de dédicacer son dernier ouvrage…

Sarkozy répond aux questions de Cédric Messina (My coach)

A la place de Cédric Messina, cofondateur de Mycoach, nous aurions été dans nos petits souliers : interroger Nicolas Sarkozy lors d’un débat public, devant plusieurs ministres et des milliers de spectateurs, est sans doute un privilège, mais pas forcément un cadeau…
Devant le public du Medef rassemblé sur l’hippodrome de Longchamp, l’ancien président s’est livré de bonne grâce aux questions que l’entrepreneur azuréen lui a posées sur ce qu’il convient d’appeler un emballement de la démographie planétaire.
« C’est un défi gigantesque. Lorsque je suis né en 1955, il y avait 2,5 milliards d’habitants sur la terre, la population a été multipliée par trois depuis, il y aura 9 milliards de personnes dans trente ans et 11 milliards à la fin du siècle. Quoique l’on fasse » a expliqué Nicolas Sarkozy. Pour lui, c’est « le plus grand choc  » pour notre planète affronte, plus même que le changement climatique qui contribue pourtant à la disparition de nombreuses espèces. « Songez qu’en 2050 il y aura plus d’habitants au Nigeria qu’aux Etats-Unis ! Alors je dis que la crise migratoire n’a pas encore commencée, qu’elle est encore à venir. Il faut de toute urgence lancer les bases d’une nouvelle organisation internationale, prendre conscience du problème. Les Chinois, qui ont des problèmes de financement des retraites, ont arrêté la politique du un enfant par famille. En Afrique sub-saharienne, les femmes font en moyenne cinq enfants, a avancé Nicolas Sarkozy.
Toujours mordant – on ne se refait pas – l’ancien hôte de l’Elysée a ironisé sur « cette jeune Suédoise si sympathique, si souriante, et qui a des idées si originales  ». Il a rappelé qu’en matière démographique aussi la différence continue à s’accroître avec l’Asie, un rapport de un à quatre environ. « L’Europe doit se donner les moyens. Nous devons nous réunir avec l’Afrique pour faire un plan d’infrastructures monumental  » pour aider le continent noir à s’équiper, car pour lui il y a corrélation directe entre pauvreté et explosion démographique.


Jean-Michel Chevalier