Quand tweets et fakenews "éclairent" notre lanterne


Economie


31 octobre 2019

Comme des enfants gâtés, qui ne se rendent plus compte de leur chance de pouvoir manger chaque jour à leur faim et font des caprices sur les épinards, les opinions publiques du vieux continent n’hésitent plus à mettre à mal les régimes démocratiques. En Autriche, en Allemagne, en Italie, en Hongrie, Pologne, France... une part importante (quand elle n’est pas déjà majoritaire) d’électeurs se tourne vers les promesses populistes. Celles-ci jouent sur les peurs et prônent le repli sur soi, avec la même logique que les murs symboliques qui font que des milliers de gens se noient en Méditerranée, ou les "barrières commerciales" qui protègent moins qu’elles n’affaiblissent les économies.
Le pire est encore sans doute à venir.
Une étude de l’Université d’Oxford démontre que 70 pays pratiquent la désinformation à travers les médias sociaux en se livrant à des campagnes de "fakenews" destinées à tromper les électeurs. On ne parle pas ici du
Burundi ou du Zimbabwe, mais de puissances comme les États-Unis. Les Russes y sont plus que soupçonnés d’intervenir via "tweets" et "posts" ciblés pour faire prendre des vessies pour des lanternes. Il s’agit d’accréditer de fausses nouvelles, de discréditer des opposants, d’orienter vers le "bon" candidat. Le pire étant que ce système fonctionne suffisamment à la marge pour avoir un effet sur le résultat d’un vote...
On nous rétorquera que Facebook vient récemment de changer ses règles de publicité politique. Que Twitter a désactivé des milliers de comptes douteux à Hong Kong. Que la chasse aux trolls est partout ouverte pour que les électeurs ne soient plus abusés.

Il faut cependant être bien conscient que, davantage que des cabinets noirs animés par quelques bricolos illuminés, nous avons à faire à des forces téléguidées par des États puissants qui mettent des moyens considérables pour arriver à leurs fins.
Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose...
Le constat est identique dans le monde économique où de puissants lobbies utilisent les mêmes armes. Ainsi tel géant du pesticide ou tel laboratoire créent des écrans de fumée pseudo scientifiques pour tromper les gens de bonne foi, créer une émotion irrationnelle dans l’opinion, fabriquer des groupes de pression d’autant plus influents qu’ils sont bruyants.
Last, but sans doute not least, les "deepfakes" font dire n’importe quoi - et surtout ce qu’ils n’ont pas dit - aux politiques et aux people avec des truquages si parfaits qu’ils sont confondants (confondant : une simple question de température selon Francis Blanche).
Ces "deepfakes" circulent déjà à la vitesse de la fibre sur nos réseaux "associaux". Il est à craindre que l’on n’aie pas encore tout vu...


Jean-Michel Chevalier