Le Barreau de Nice se dote d’un incubateur pour faciliter l’accès aux nouvelles technologies


Droit


21 novembre 2019

"Mieux vaut prendre le mouvement par la main avant qu’il ne vous prenne à la gorge". Cette citation de Winston Churchill, rappelée fort à propos par le professeur Grégory Lewkowicz, illustre parfaitement la révolution numérique qui concerne toutes les activités. Celle des Avocats n’échappe pas à la règle. Un phénomène qui a déboulé avec d’autant plus de violence que personne ne l’a vu venir aussi vite, ni avec autant de force.

Aussi le Barreau de Nice a t-il souhaité créer un "incubateur". Non pas pour suivre une mode high-tech - il en existe déjà de nombreux en France et en Europe - mais tout simplement parce qu’il s’agira d’un outil commun qui permettra aux Avocats de se former, d’échanger, et aussi d’être sur un pied d’égalité pour l’accès à la data, à la jurisprudence, aux différents services de ce nouveau monde qui vient juste de s’ouvrir.

L’addition des compétences, la formation...

C’est en tous cas le sens que veut lui donner le bâtonnier Thierry Troin, qui a paraphé ce mardi l’acte de naissance officiel de l’incubateur niçois. "Il permettra de faire l’addition de nos compétences, de créer un réseau d’entraide. Le but, c’est que les Avocats ne manquent pas le train, qu’on les y aide. Notre incubateur sera aussi accessible à nos confrères du Barreau de Grasse" a résumé le bâtonnier.
Avant lui, le professeur Lewkowicz a rappelé les transformations intervenues ces dernières années dans le monde juridique avec l’arrivée du numérique et du digital d’abord, de l’intelligence artificielle ensuite. "Cela va conduire à un renouvellement des études de droit et des pratiques juridiques, cela va bouleverser la gestion des cabinets : consultations en ligne, facturation par package de services, abonnements pour les TPE, automatisation de tâches, gestion des contrats pendant tout le cycle de leur vie, etc."
Pour cet enseignant spécialisé, il y a là des opportunités certaines à saisir pour les cabinets. D’autant que pour sélectionner un hôtel ou un restaurant comme pour choisir un Avocat, les jeunes générations ont le réflexe internet. "Les barreaux devront mettre en avant les compétences des Avocats pour répondre à ces nouvelles attentes, les incubateurs serviront à cela". Pour le jeune barreau, justement, Maître Xavier Fruton a fait sourire la salle en disant que le Barreau de Nice est "très loin de l’Intelligence Artificielle. Certains de nos confrères, au moment d’allumer un ordinateur... Bref, les Avocats doivent prendre en main les outils numériques. Ils ne doivent pas être réticents par principe. Ici, à Nice, nous avons déjà créé les "mardis du numérique, c’est un premier pas" s’est réjoui Me Fruton.

Le professeur Marina Teller est allée dans le même sens, en annonçant que les 40 étudiants des Masters orientés sur les nouvelles technologies vont "disrupter" les pratiques lorsqu’ils s’installeront. "Pour eux, l’internet, le cloud ne posent aucun problème. Nous avons ici des atouts avec la proximité de la technopole de Sophia et ses ingénieurs et chercheurs, et avec la Principauté de Monaco tournée vers les blockchains. La faculté de Nice travaille dans ce sens".
Le meilleur exemple du grand charivari en cours et à venir est donné par un petit cabinet d’Avocats parisiens qui a pris la grosse part du gâteau des divorces à "l’amiable". En devançant par son agilité la puissance des gros cabinets pourtant bien installés. "Les cartes sont rebattues" conclut Maître Fruton, qui est aussi "geek" à ses heures, mais vous l’aviez déjà deviné...


Jean-Michel Chevalier