Jacques Monory, une exposition événement à la Fondation Maeght du 28 mars au 14 juin 2020


Culture


11 février 2020

Monory est conside ?re ? comme le plus narratif du groupe de la Figuration narrative.

Du 28 mars au 14 juin 2020, la Fondation Maeght propose la première exposition monographique de Jacques Monory depuis sa disparition en 2018 et lui rend ainsi hommage. Intitulée simplement « Jacques Monory », l’exposition présente soixante ans de carrière et revisite l’œuvre de cette figure majeure de la Figuration Narrative, constamment tendu par la modernité et par la singularité de ce bleu qui l’a rendu célèbre.

Organisée par Laurence d’Ist, commissaire de l’exposition, cette traversée se fait le long d’un parcours non chronologique, mais qui tente de faire jouer à plein, d’une salle à une autre, les échos et les écarts de cette œuvre singulière qu’il est temps de revisiter.

De tous les peintres dits de la Figuration Narrative, Monory aura sans doute été le seul à être pleinement narratif. Parfois hyperréalistes, les scènes énigmatiques qu’il peint et qu’il juxtapose forment comme le journal de bord hanté d’un peintre qui chaque jour s’interroge sur la réalité du monde. Le bleu qui l’a rendu célèbre, qu’il soit monochrome, ou qu’il accueille d’autres couleurs du spectre, est la couleur de ce doute. Il agit comme un voile onirique et comme une mise à distance.

Empruntant au cinéma – et notamment aux thrillers des années cinquante – comme à la photographie et à l’imagerie, les peintures de Monory, fréquemment de grand format et qui incluent aussi souvent des objets, forment comme une sorte de manège accéléré, avec parfois des stases presque extatiques : y alternent ou s’y combinent des paysages urbains et de grandes étendues de nature, des visions romantiques et des images dramatiques venant de l’actualité ou de l’Histoire contemporaine. Un pessimisme fondamental, teinté d’humour grinçant, y coexiste avec une fascination pour le vide.

Technicolor n°8, 1977. Huile sur toile, 150 x 150 cm. Photo Galerie Maeght, Paris.

Monory ne donne pas de leçon, il s’interroge et nous interroge : comment vivre dans un monde violent, déraisonnable, illogique, surprenant et souvent faux ? Sa peinture, qui se fait l’écho d’une modernité dont il conjure la violence en lui donnant libre cours nous revient aujourd’hui en pleine face, comme un très long métrage dont on aimerait pouvoir isoler chaque plan tout en se laissant emporter par la puissance d’un montage impitoyable.

Portrait de Jacques Monory © photo Jean Larivière.

Ne ? a ? Paris le 25 juin 1924, Jacques Monory entre a ? l’e ?cole des Arts applique ?s de Paris, puis travaille pendant dix ans avec son ami Robert Delpire, e ?diteur. Sans cesser de peindre, il apporte son regard artistique aux premie ?res e ?ditions de photographies d’auteurs comme William Klein, Robert Frank ou Henri Cartier-Bresson. Il ne cesse de peindre et expose a ? Paris a ? partir de 1955. Au de ?but des anne ?es 1960, au moment ou ? se de ?veloppe le Pop art aux E ?tats-Unis, Jacques Monory remet l’histoire humaine et sa propre vie au centre de ses tableaux. Il ne travaille pas d’apre ?s nature, mais puise dans la litte ?rature, le cine ?ma, l’actualite ? pour composer des tableaux, souvent de grandes dimensions, qui renvoient a ? son e ?poque comme des miroirs brise ?s.
Invite ? a ? participer au muse ?e d’art moderne de la ville de Paris a ? l’exposition « Mythologies quotidiennes » en 1964, pre ? guration du mouvement de la Figuration narrative, Jacques Monory entre dans l’histoire de l’art. La se ?rie des Meurtres en 1968 reste une se ?rie majeure et l’inscrit comme le plus narratif de tous, avec ses atmosphe ?res inquie ?tantes et l’utilisation de ce bleu romantique - expression selon lui « du de ?sir impossible » et de la « mise a ? distance du monde ». Son œuvre te ?moigne de sa passion pour le cine ?ma et particulie ?rement pour le climat des lms noirs, ou ? se jouent par arre ?t sur images, des « faits divers symboliques » nourris d’une iconographie inspire ?e de ses voyages aux E ?tats-Unis et compose ?e de voitures, de revolvers, de femmes...
En 1975, Il entre a ? la galerie Maeght de Paris, y expose les Ope ?ras Glace ?s en 1976, puis Technicolor et Ciels, avant d’e ?tre invite ? a ? la Biennale de Venise en 1986. En 1992, il participe a ? l’Exposition universelle de Se ?ville dans le Pavillon franc ?ais. En 2004, il expose a ? la Fondation Claudine et Jean-Marc Salomon a ? Alex pre ?s d’Annecy. En 2005, le MAC VAL de Vitry-sur-Seine lui consacre son exposition inaugurale. En 2009, la Fondation Maeght le met a ? l’honneur avec l’exposition « Tigre », puis en 2014, le Fonds He ?le ?ne et Edouard Leclerc pour la culture a ? Landerneau lui consacre e ?galement une re ?trospective importante. Des expositions personnelles sont e ?galement pre ?sente ?es ailleurs en France mais aussi en Belgique, Autriche, Grande-Bretagne, Suisse, Espagne et aux E ?tats-Unis jusqu’en 2018. En 2019, il est pre ?sent dans d’importantes expositions collectives au Mac Val de Vitry-sur-Seine, au Muse ?e d’Art moderne de la ville de Paris et au CAPC de Bordeaux. La Fondation Maeght rend hommage en cette anne ?e 2020 a ? ce grand artiste avec la premie ?re exposition personnelle depuis sa disparition le 17 octobre 2018.


Valérie Noriega