Évasions : la France en milieu de classement des prisons où l’on s’échappe le plus


Décryptage


5 mars 2020

Alors que se tient le procès de Rédoine Faïd, multirécidiviste de la poudre d’escampette, retour sur quelques affaires retentissantes...

Une vieille tradition

Tous n’ont pas le panache du regretté Steeve McQueen dans "La Grande
évasion", film culte des années 60 basé sur une histoire réelle. Mais beaucoup ont rivalisé d’imagination et de culot pour s’échapper alors qu’ils séjournaient derrière les barreaux, malgré le luxe des précautions prises.
Retour sur quelques cas emblématiques.

Le cas Rédoine

Le plus récent est celui de Rédoine Faïd, multi braqueur de la région parisienne, jugé actuellement pour l’attaque d’un fourgon en 2011. Pour éviter une évasion chez ce spécialiste (deux fois en Suisse en 1998, une fois à Lille en 2013, une fois en hélicoptère de la Maison d’Arrêt de Réau en Seine-et-Marne), un impressionnant dispositif - évalué à 250 000 euros - a été mis en place autour du palais de justice de Saint Omer où il est jugé en appel.

Lupin

Rédoine Faïd, beau gosse et beau parleur, a eu son heure de gloire avec la publication du livre autobiographique "Braqueur : des cités au grand banditisme" dans lequel il expliquait tourner définitivement le dos à son passé de délinquant. S’exprimant bien, à l’aise sur les plateaux, il était devenu la coqueluche des chaînes de télévision. Avant lui, Arsène
Lupin avait déjà défrayé la littérature en s’échappant avec panache au nez et à la barbe des policiers, mais on était alors en pleine fiction...

Badinguet

Dans la catégorie "sourire", citons Louis-Napoléon, futur empereur, qui s’échappe du fort de Ham dans la Somme où il est gardé par 350 soldats.
Il se déguise en ouvrier, avec perruque, casquette et sabots, et réussit son évasion. Ce qui lui vaudra le surnom de Badinguet, patronyme de l’ouvrier à qui il avait emprunté les vêtements. Son grand oncle, Napoléon 1er, réussira à... filer à l’anglaise de l’Ile d’Elbe où les futurs Brexiteurs l’avaient exilé.

Alcatraz

En 1962, trois détenus sur l’île d’Alcatraz ont creusé un tunnel à travers les murs de la prison "dont on ne s’évade pas" avec des cuillères aiguisées. Ils ont installé de fausses têtes en papier mâché dans leurs lits pour faire croire à leur sommeil et sont partis à bord d’un radeau de fortune, qui a été retrouvé mais pas ses occupants. Tentative réussie ?

Par fax !

En 2001, trois caïds corses quittent la prison de Borgo… par la grande porte. Un faux ordre de mise en liberté envoyé par fax a été envoyé à l’Administration pénitentiaire qui ne se rendra compte que cinq jours plus tard de l’imposture. Faux et usage de faux : on en rigole encore dans le maquis...

Le bonjour d’Albert...

Souvenir, souvenir, celui du Niçois Albert Spaggiari. Nous sommes en mars 1977. Il s’échappe du bureau du juge d’instruction en sautant par la fenêtre
du palais de justice. Une moto l’attend, il ne sera jamais repris. Cette sortie
inattendue et sa petite phrase "Ni arme, ni violence et sans haine" barbouillée sur les lieux du casse des égoutiers lui vaudront la notoriété. Spaggiari meurt en 1989 en Italie où il s’est caché, à 56 ans. Son expérience de parachutiste lui aura servi pour son plus célèbre saut...

Le hit-parade européen

Selon les statistiques (2015) du Conseil de l’Europe, le taux d’évasions réussies est de 4,1 pour dix mille prisonniers en France. Nous sommes des "petits joueurs" par rapport à la Finlande et la Norvège qui avec 30 pour dix mille sont les pays d’où l’on s’échappe le plus des prisons (les conditions de la détention y sont très différentes des nôtres). À l’autre bout du classement, l’Espagne, la Tchéquie, la Hongrie et la Roumanie ont les geôles qui sont les plus "hermétiques".


Jean-Michel Chevalier