SAF : « des risques sanitaires et sécuritaires dans les prisons »


Droit


18 mars 2020

Tandis que le bâtonnier de Paris Maître Olivier Cousi refuse de désigner des avocats pour l’urgence pénale pour cause d’insuffisance sanitaire dans les geôles du tribunal parisien, voilà que le Syndicat de Avocats de France (SAF) estime que la surpopulation pénale fait courir un risque important aux personnes incarcérées. Il en appelle maintenant, face à cette situation exceptionnelle, « à réduire drastiquement le nombre de personnes détenues ».


« La situation des établissements pénitentiaires français ne permet pas aujourd’hui de faire face à la crise du coronavirus. Difficile à l’extérieur, le confinement est presque impossible en prison. Il risque en effet, à tout moment, d’accroître fortement les tensions et de déclencher des émeutes à l’instar de celles qui ont eu lieu en Italie. Dans des établissements surpeuplés, parfois insalubres, les mesures de prévention et de prise en charge sont inapplicables. Face au risque de crise sanitaire et sécuritaire, il faut aujourd’hui permettre à un maximum de personnes de sortir immédiatement de ce vase clos 
 » estime le syndicat.

«  Le 17 mars, les parloirs ont été suspendus, privant l’ensemble des personnes détenues de la visite de leurs proches – eux-mêmes confinés chez eux. En parallèle, toutes les activités ont été mises à l’arrêt : cours, ateliers, interventions, formations, etc. Seules les promenades ont été maintenues » rappelle le SAF. Pour ce syndicat d’avocats, les facteurs d’apaisement en détention sont aujourd’hui mis à mal  : maintien des liens avec les proches, possibilité de passer du temps en dehors de sa cellule, perspectives d’aménagement de peine ou de permission de sortir, possibilité de travailler pour gagner un peu d’argent et acheter en cantine de quoi améliorer le quotidien, etc.
Cruellement, il souligne que « la France vient d’être condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme pour les conditions de détention indignes dans ses prisons  ».

Une situation qui n’est pas nouvelle, dont l’actuelle ministre de la Justice a hérité, mais qui demandera encore des années pour que les constructions de nouvelles prisons soient effectives.


Jean-Michel Chevalier