Covid-19 : comment les pompes funèbres se réorganisent pour accompagner les familles ?


Economie


20 avril 2020

Magasin fermé, documents échangés par mails, la crise sanitaire a modifié le quotidien de ces professionnels

Hélène Roubineau gère l’entreprise de pompes funèbres « D’un monde à l’autre » située à Antibes. La jeune femme explique aujourd’hui, comment elle a dû se réogarniser pour pouvoir continuer de travailler. Ce qui lui tient le plus à cœur est de pouvoir accompagner et soutenir les familles qui viennent la voir, que ce soit psychologiquement ou dans la procédure d’enterrement. Une mission difficile à réaliser lorsqu’on est confiné.

Après l’annonce du confinement, Hélène Roubineau a dû fermer sa boutique. Aujourd’hui, elle ne fait plus de marbrerie, plus de ventes, elle ne s’occupe que des décès : « Je travaille un peu moins, mais je fais du télétravail notamment pour les préparatifs des enterrements. Je suis en contact téléphonique avec les familles pour remplir les papiers, il n’y a plus d’entretien physiquement au magasin » explique la gérante.

Hélène Roubineau. (DR)

Toute la « paperasse » peut se faire par téléphone : en effet pour simplifier les procédures administratives, les mairies et préfectures ont assoupli les règles « des décrets ont été publiés, nous permettant de ne plus avoir besoin des papiers originaux et signatures en direct, explique-t-elle, nous pouvons travailler, exceptionnellement, avec des photos ou des photocopies  ». Une décision qui lui simplifie la tâche et qui soulage aussi les familles qui font appel à elle.
Concernant ses fournisseurs, elle n’a pas trop de problèmes «  je travaille seule avec beaucoup de sous-traitants et il n’y a pas trop de problèmes à ce niveau-là. Pour les fleurs des cérémonies, je collabore avec un fleuriste qui travaille à domicile dont j’ai ce qu’il faut, pour le reste, les fournisseurs ont encore des stocks » indique-t-elle.

Hélène Roubineau a cependant été en manque de matériel de protection. Masques, gels hydroalcooliques, tenues, gants, etc, elle a été prise au dépourvu. «  Je me suis effectivement, retrouvée bloquée avec les équipements, car je n’en avais pas prévu. Mais, avec un peu de retard la préfecture de Nice nous a accordé (à toutes les pompes funèbres du département) des masques ». Pour l’heure, elle a en reçu une quinzaine, «  ce n’est pas énorme, mais ça dépanne. » Concernant, le gel, elle a dû s’arranger avec les pharmacies pour être mise sur liste d’attente.

Un accompagnement de chaque instant

Même si la situation est plus compliquée, Hélène Roubineau continue d’accompagner ses clients, de les soutenir, de leur tenir compagnie : «  je ne suis qu’une petite société, c’est pour ça que je peux vraiment être à l’écoute de chacune des familles, parfois, ils ont besoin d’une présence, ils vont appeler 15 fois par jour, je leur répondrai 15 fois par jour, on s’envoie des textos, je les tiens au courant, je prends vraiment du temps par téléphone pour les écouter, que ce soit pour leur proche décédé ou pour eux  » précise la gérante. Parfois certaines familles préfèrent la rencontrer, elle réalise en amont tous les papiers par téléphone et le rendez-vous est fixé dans le respect des gestes barrières.

Pour l’instant, elle n’a encore jamais eu affaire à un décès Covid. Mais ce qui est sûr, c’est que tous les enterrements se déroulent de la même manière, pas plus d’une dizaine de personnes présentes et seuls les membres très proches du défunt peuvent assister à la cérémonie. «  La seule différence c’est que pour les patients Covid, on procède à une mise en bière immédiate du défunt quelques heures après son décès afin d’éviter tout risque de contamination. Ce qui veut dire qu’il est directement mis en cercueil et celui-ci est immédiatement fermé (contrairement à un défunt « normal » pour qui le cercueil n’est refermé que le jour des obsèques). Par conséquent, les familles n’ont pas le droit de se recueillir dans ces cas-là.  »

Une situation très dure à supporter pour les proches, c’est l’une des raisons pour laquelle Hélène Roubineau tient à être présente pour eux (peu importe la cause du décès). « Par exemple, je me suis occupée d’une dame âgée il y a quelques jours, mais son fils, vivant au Canada, n’a pas pu assister aux obsèques. J’ai donc filmé la cérémonie et je lui ai envoyé le film. Il était vraiment ému par le geste et m’a chaleureusement remercié  » raconte-t-elle avec émotion. Un petit geste attentionné qui permet d’aider les gens à surmonter le chagrin, c’est exactement ce dont on a besoin en cette période compliquée.


Marion Rolland