Après la crise du Covid-19, le non-déplacement deviendra-t’il la règle ?


Paroles d’expert


30 avril 2020

Pour endiguer la propagation du COVID-19, les de ?placements sont re ?duits au strict minimum et le seront encore probablement pour plusieurs mois. L’e ?conomie en est bien su ?r bouleverse ?e et les entreprises sont soudainement prive ?es de leur mobilite ?. Cette crise nous invite ainsi a ? repenser notre fac ?on de nous de ?placer pour concilier mobilite ? et responsabilite ? sanitaire et e ?cologique. Le point de vue de Charles Cabillic, directeur du groupe W3.

Nous ne reviendrons pas « a ? la normale » ... et c’est peut-e ?tre une chance.
La crise que nous traversons pourrait acce ?le ?rer des tendances de ?ja ? pre ?sentes dans l’organisation du travail. Pour nombre de salarie ?s, elle pourrait ancrer le te ?le ?travail en lieu et place du vieux triptyque « me ?tro-boulot-dodo » et de la multiplication des voyages d’affaires, de plus en plus cou ?teux (1000 milliards de dollars par an). Le te ?le ?travail n’ayant pas entrai ?ne ? de baisse significative de la productivite ?, a ? l’avenir beaucoup de ta ?ches pourront e ?tre re ?alise ?es a ? distance via des syste ?mes de visioconfe ?rence de plus en plus performants, ne ne ?cessitant donc aucun de ?placement...
Cependant, si le confinement a de ?montre ? l’efficacite ? de la visio, il a aussi montre ? qu’elle e ?tait inadapte ?e dans certaines situations... Difficile en effet de ne ?gocier un contrat important, visiter un site de production, rencontrer un acteur-cle ?, ge ?rer une entreprise multi- sites... en e ?tant tenu a ? re ?sidence. Si l’on peut s’interroger sur la pertinence de certains de ?placements professionnels, tous ne peuvent pas e ?tre supprime ?s. Beaucoup d’entreprises pendant la crise souffrent de cette privation de mobilite ?. Des solutions doivent e ?tre trouve ?es pour permettre aux personnes de se de ?placer sans compromettre l’environnement sanitaire.

Le « non-de ?placement » doit e ?tre la re ?gle pour permettre l’e ?mergence d’une aviation « responsable ».

Le COVID-19 a sans doute sonne ? le glas du transport de masse, de ?ja ? fortement critique ? pour son impact environnemental. Il apparai ?t aujourd’hui comme un vecteur contribuant a ? la propagation d’e ?pide ?mies et le principe me ?me de lignes re ?gulie ?res, quotidiennes, pour des de ?placements non essentiels, semble presque obsole ?te. Nous devons radicalement repenser nos moyens de transport pour que nous puissions les utiliser sans risquer de mettre notre sante ? et celle de la plane ?te en danger.
Nous devons de ?sormais nous poser syste ?matiquement la question de la fre ?quence de nos de ?placements.
Dans un monde ou ? le de ?placement ne serait plus aussi re ?gulier mais ponctuel, les services propose ?s devront e ?tre beaucoup plus base ?s sur un mode ?le « on demand ».
Nous devons sans doute effectuer une transition du transport re ?gulier de masse, vers un transport plus flexible et individualise ?, rendu possible par l’ave ?nement de plateformes digitales et de moyens de transport le ?gers (avions e ?lectriques, drones avec passagers, voitures e ?lectriques autonomes...).
Dans le secteur ae ?rien, cela signifierait une transition de l’aviation commerciale traditionnelle vers un mode ?le plus proche de celui actuellement ope ?re ? par l’aviation prive ?e. Cela fait sens aussi bien sur le plan sanitaire qu’e ?cologique si on inscrit cette transition dans une logique de voyages ponctuels et uniquement de ?die ?s a ? des de ?placements a ? fort enjeu e ?conomique. En effet, les appareils aujourd’hui utilise ?s par l’aviation le ?ge ?re de ?gagent beaucoup moins de gaz a ? effet de serre que les gros porteurs, et l’arrive ?e d’avions e ?lectriques le ?gers va accroi ?tre significativement cette diffe ?rence. En re ?duisant le nombre de vols et en utilisant ce type d’avions le ?gers on limite le risque e ?pide ?mique et on re ?duit l’empreinte carbone du secteur ae ?rien.

Relocaliser nos industries est devenu une obligation : les transports peuvent y contribuer

Ce mode ?le de de ?placements indispensables, ponctuels et flexibles en lieu et place de lignes fixes re ?gulie ?res est propice au de ?senclavement des territoires. Cela favoriserait la relocalisation d’activite ?s e ?conomiques cle ?s en re ?gion et nous pre ?munirait a ? l’avenir d’une de ?pendance a ? des chaines d’approvisionnement lointaines, encore plus difficiles a ? mai ?triser dans un contexte e ?pide ?mique.
On peut de ?ja ? louer a ? la demande des avions transportant 4 passagers pour 500 € HT l’heure de vol. Un prix sans doute encore un peu e ?leve ?. Reste donc a ? permettre aux Collectivite ?s Locales de subventionner ces vols a ? la demande pluto ?t que de mettre des millions d’Euros dans des lignes re ?gulie ?res structurellement de ?ficitaires.
Le monde d’apre ?s le COVID-19 sera diffe ?rent. Si cette pande ?mie a mis a ? mal notre e ?conomie aujourd’hui et va sans doute nous faire encore souffrir pendant quelques temps avec le risque d’une importante re ?cession, a ? long-terme elle aura peut-e ?tre des effets be ?ne ?fiques. Les changements dans l’histoire ne se sont jamais produits par hasard. L’urgence e ?cologique nous imposait de ?ja ? de revoir notre mode de vie, c’est finalement l’urgence sanitaire qui apportera cette prise de conscience. La mondialisation doit e ?voluer, notre mobilite ? doit se transformer.

A propos de Charles Cabillic
Apre ?s avoir obtenu son diplo ?me d’inge ?nieur Economiste a ? l’Ecole Centrale Paris, il s’est oriente ? rapidement vers le conseil en Syste ?me d’information chez Bossard Consultants a ? Paris, puis au Cre ?dit Mutuel Arkea en 1997 ou ? il devient Responsable Banque en ligne du groupe. Entrepreneur dans l’a ?me, apre ?s avoir cre ?e ? aC3 en 2005, solution logicielle pour les agences immobilie ?res (revendu en 2017), puis (cre ?ation de sites internet et webmarketing), il regroupe au sein du groupe W3 toutes les activite ?s qu’il a cre ?e ?es, dont notamment West Web Valley (fonds d’investissement et acce ?le ?rateur de startups), AlloVoisins (plateforme d’entraide entre voisins), Air Affaires (plateforme de mise en relation de pilotes d’avion, proprie ?taires d’avion et PME), La Digital School (e ?cole pour se former aux me ?tiers du nume ?rique), Tan-Ki (studio de cre ?ation graphique). Passionne ? d’ae ?ronautique, il est lui-me ?me pilote et proprie ?taire d’avion le ?ger. En de ?but 2020, il rache ?te Finist’air, petite compagnie ae ?rienne re ?gionale base ?e a ? Guipavas. En 15 ans, les socie ?te ?s du Groupe W3 auront cre ?e ? plus de 2500 emplois directs et indirects (en e ?quivalent temps plein), pour l’essentiel base ?s en Bretagne et en re ?gions.


Valérie Noriega