Philippe Cannatella, "Gusto Family" : le casse-tête du déconfinement pour les restaurateurs


Economie


4 mai 2020

La Gusto Family gère quatre des plus emblématiques niçois. Le point avec Philippe Cannatella sur le reprise

Comment préparer le futur déconfinement pour les bars et restaurants ? Réouverture totale ou partielle ? Mise en place de mesures de sécurité particulières pour protéger les clients et les employés ? Les restaurateurs sont encore dans le flou. Philippe Cannatella, directeur de la Gusto Family, composée de quatre restaurants réputés à Nice (Le Boccaccio, La Voglia, La Favola, le Galet) nous explique que la situation est encore très complexe.

Comment prévoyez-vous la reprise de l’activité ?

Philippe Cannatella

Nos établissements Boccaccio, Favola, et le Galet resteront fermés jusqu’à nouvel ordre. Nous avons depuis deux jours mis en place une offre à emporter ou en livraison via Ubereats au restaurant La Voglia. Pour l’instant, nous comptons donc rester sur ce mode de travail et à partir du 11 mai, cette offre sera étoffée à une plus grande partie de notre carte, notamment par l’ajout d’une carte de pâtisseries.

Que pensez-vous de la réouverture des écoles et non des bars/restaurants ?

Je pense que cette histoire de réouverture des écoles est avant tout un réel casse-tête pour les responsables en charge de cette décision, et il faut admettre que la situation est difficile pour tout le monde. Il y a bien entendu un non-sens de laisser des grands parents récupérer des enfants en bas âge qui ne vont cesser de jouer ensemble toute la journée. Pour les plus âgés des mesures de prévention ont été prises, mais à un mois des vacances, cela reste tout de même incompréhensible... En ce qui concerne, la réouverture des bars, restaurants et plages, nous attendons encore aujourd’hui des mesures sanitaires précises venant non pas de fake news des réseaux sociaux, mais des instances officielles. Nous travaillons en étroite collaboration avec la société Qualitazur sur le sujet, afin que toutes les normes sanitaires le jour d’une reprise de l’activité soient respectées par tous.

À la reprise, pensez-vous pouvoir faire travailler toutes vos équipes au complet ?

Le nombre de places assises qu’offrent les restaurants va être divisé par deux, ce qui implique un équilibre inévitable de gestion de la masse salariale. Il se peut effectivement outre le fait de ne pas entamer de recrutement pour la saison estivale comme tous les ans que des collaborateurs en CDI ne puissent reprendre leur travail par manque de visibilité sur les mois à venir. Par ailleurs, la trésorerie de nombreux restaurants et autres commerces dans notre région commence à remonter à partir du mois d’avril, mais si la gestion du personnel n’est pas gérée comme il se doit, au plus serré, un réel problème va se poser en fin de saison. Si on peut appeler ceci une saison...

Sera-t’il possible de rouvrir le restaurant en respectant les mesures de sécurité ?

Aujourd’hui, nous pratiquons déjà les gestes barrières au restaurant La Voglia. Mais nous avons dû revoir notre mode de fonctionnement. Nous avons aussi dû installer un meuble de distribution des produits de sorte qu’aucun contact ne se fasse entre le client et l’employé mais cela reste un casse-tête. Le coût est considérable, cela commence par la désinfection de l’établissement à la réouverture, les masques, produits de désinfection, gants, etc… Mais honnêtement, cet été, comment pourra-t-on faire pour demander aux passants de passer à un mètre de nos clients installés en terrasses ? C’est impossible...


Marion Rolland