Insee : l’activite ? e ?conomique franc ?aise serait en baisse de 33 % par rapport a ? une situation normale


Economie


15 mai 2020

Les chiffres rendus publics par l’Insee le 7 mai dans sa note de conjoncture ne sont pas une surprise

Dans son point de conjoncture du 7 mai et suivant les informations disponibles à cette date, l’INSEE estime que l’activite ? e ?conomique franc ?aise serait en baisse de 33 % par rapport a ? une situation normale.

Si l’ordre de grandeur est proche des publications pre ?ce ?dentes, une le ?ge ?re remonte ?e de l’activite ? e ?conomique semble se confirmer, dans l’industrie et dans la construction. S’il e ?tait suivi d’un retour imme ?diat a ? la normale, un tel de ?crochement de l’activite ? e ?conomique se traduirait par une perte de l’ordre de 3 points de croissance annuelle du PIB par mois de confinement. Si bien qu’aujourd’hui, soit presque deux mois apre ?s la mise en place du confinement, la perte d’activite ? e ?conomique serait proche d’environ 6 points de croissance annuelle du PIB. L’impact global du confinement sera ne ?anmoins certainement supe ?rieur, car la reprise e ?conomique, en France et dans le monde, ne sera a priori que progressive.

L’estimation de perte d’activite ? e ?conomique a e ?te ? le ?ge ?rement re ?vise ?e a ? la hausse depuis la publication du Point de conjoncture du 23 avril 2020.

Au 7 mai 2020, compte tenu des informations disponibles, l’activite ? e ?conomique serait infe ?rieure de l’ordre de 33 % a ? « la normale » (contre 35 % il y a deux semaines), de 39 % pour les seules branches marchandes (contre 41 %), et de 46 % pour les branches marchandes hors loyers (contre 49 %).

La le ?ge ?re reprise de l’activite ? e ?conomique, de ?ja ? identifie ?e lors de la pre ?ce ?dente publication, se poursuit donc lentement.

Cette remonte ?e est due a ? l’industrie, dont la perte d’activite ? est estime ?e a ? –38 % (contre –39 % au 23 avril, et –43 % au 9 avril) et a ? la construction (–75 %, apre ?s –79 % au 23 avril et –88 % au 9 avril). En revanche, la perte d’activite ? e ?conomique est estime ?e inchange ?e dans les services (de l’ordre de 36 %).

Cette diffe ?rence entre branches pourrait s’expliquer, entre autres, par la relative impossibilite ? de recourir au travail a ? distance dans l’industrie et la construction lors des premiers jours de confinement, puis par un de ?but de reprise de certaines activite ?s ces dernie ?res semaines, une fois mises en place les mesures de se ?curite ? sanitaire permettant le retour des salarie ?s concerne ?s.

L’INSEE ne propose pas ici de sce ?nario quantifie ? de reprise d’activite ? apre ?s le 11 mai – date annonce ?e de sortie progressive du confinement. On peut toutefois noter que la valeur ajoute ?e ge ?ne ?re ?e par les branches qui ne seraient de toute fac ?on pas autorise ?es a ? reprendre tout de suite une activite ? « normale » (he ?bergement- restauration, activite ?s culturelles et sportives, certains modes de transports etc.) repre ?sente environ 5 % du PIB et 5 points des 33 % de perte d’activite ? globale estime ?e.

La le ?ge ?re remonte ?e du trafic ferroviaire de fret pourrait refle ?ter cette lente reprise de l’activite ?

Depuis le de ?but du confinement, l’Insee exploite les informations journalie ?res de trafic de fret ferroviaire transitant sur le re ?seau de la SNCF par rapport a ? une situation de re ?fe ?rence, dite « normale ». Ces donne ?es fournissent ainsi une estimation de la perte d’activite ? du fret ferroviaire mais peuvent e ?galement e ?tre vues comme un indicateur plus ge ?ne ?ral de la perte d’activite ? globale, dans la mesure ou ? le transport de marchandise par voie ferre ?e est corre ?le ? au volume de marchandises e ?change ?es dans l’e ?conomie.
Les deux semaines suivant la mise en place du confinement, la circulation du fret ferroviaire a diminue ? rapidement pour atteindre une moyenne de 63 % de trains en circulation entre le 23 mars et le 23 avril (graphique 1). Depuis, le trafic a le ?ge ?rement repris – en moyenne 67 % de trafic par rapport a ? une situation normale – signe indirect de la le ?ge ?re reprise de l’activite ? e ?conomique, notamment dans l’industrie et la construction.

La perte d’activite ? e ?conomique estime ?e par branche est globalement cohe ?rente avec les demandes d’activite ? partielle

Les e ?tablissements ont la possibilite ? de demander la mise en activite ? partielle de leurs salarie ?s, en particulier lorsqu’ils sont confronte ?s a ? des pertes d’activite ?s lie ?es a ? la crise sanitaire. La part de l’emploi salarie ? concerne ? par ces demandes est donc a priori corre ?le ?e a ? la perte d’activite ? estime ?e au sein des branches. Si globalement, cette relation est ve ?rifie ?e, il subsiste des diffe ?rences importantes. Par exemple, dans l’industrie agroalimentaire, la perte d’activite ? estime ?e est mode ?re ?e (de l’ordre 5 %) tandis que pre ?s de 40 % de l’emploi salarie ? est concerne ? par de l’activite ? partielle. Inversement, la perte d’activite ? estime ?e dans la coke ?faction- raffinage est importante (de l’ordre de 55 %) tandis que peu de salarie ?s sont concerne ?s par l’activite ? partielle. Ces diffe ?rences pourraient s’expliquer, entre autres, par des diffe ?rences d’organisation de la production : dans la coke ?faction-raffinage par exemple,une perte d’activite ? importante lie ?e a ? la fermeture d’un site pourrait ne concerner qu’une faible partie des effectifs de la branche.

L’indice de la production industrielle de mars fait ressortir une baisse tre ?s forte de l’activite ?, mais un peu moins marque ?e que ce qui e ?tait anticipe ?

L’indice de la production industrielle (IPI) de mars, publie ? en me ?me temps que ce Point de conjoncture, fait ressortir une baisse tre ?s forte de l’activite ? en mars, comme pre ?vu dans les estimations de perte d’activite ? publie ?es par l’Insee fin mars et de ?but avril. Afin de pouvoir comparer les re ?sultats de l’IPI avec ces estimations, il est cependant ne ?cessaire de les ajuster au temps de confinement observe ? en mars (a ? partir du 17) puisque ces pertes instantane ?es se rapportaient a ? un e ?quivalent de mois entier de confinement.
Une fois pris en compte cet ajustement, on constate que les signaux sont globalement cohe ?rents entre IPI et pre ?visions, avec ne ?anmoins des diffe ?rences : –18 % pour l’IPI sur le champ de l’industrie manufacturie ?re contre –24 % – transcription mensuelle de la perte d’activite ? instantane ?e a ? mars, mois pendant lequel le pays e ?tait confine ? la moitie ? du temps seulement – dans le point de conjoncture publie ? le 9 avril.

Alors que la production a re ?siste ? dans les industries-agroalimentaires (–4 % pour l’IPI contre –2 % dans les estimations), la production a chute ? dans les autres branches principales : –36 % dans la fabrication des mate ?riels de transport (contre –30 % dans l’estimation du 9 avril), –34 % dans le raffinage (contre –40%), –21 % dans les biens d’e ?quipements (contre –36 %) et –17 % dans les autres produits industriels (contre –27 %) qui regroupent de nombreuses branches majeures de l’industrie franc ?aise (chimie, pharmacie,...).
La baisse le ?ge ?rement moins forte observe ?e dans l’IPI s’explique par la re ?sistance un peu plus importante qu’anticipe ? initialement de certaines branches d’activite ? (pharmacie, chimie de base, industrie du papier, e ?lectronique).

A ? l’inverse la construction automobile a encore davantage chute ? d’apre ?s l’IPI que ce qui avait e ?te ? anticipe ? initialement.

Ne ?anmoins, en de ?pit d’un taux de re ?ponse final correct (76 % en tenant compte du poids des diffe ?rentes branches contre plus de 90 % habituellement), l’IPI est amene ? a ? e ?tre re ?vise ? le mois prochain au fur et a ? mesure que des re ?ponses retardataires parviendront a ? l’Insee.

Des spe ?cificite ?s statistiques (suivi de certaines se ?ries en facturations par exemple, traitement CVS-CJO) peuvent e ?galement participer a ? l’e ?cart observe ?.

Enfin, le mois de mars a e ?te ? si particulier qu’il peut e ?tre difficile de relier l’activite ? globale sur le mois a ? celle, « instantane ?e », estime ?e fin mars.

Lire le point de conjoncture complet au 7 mai 2020 ci-dessous


Valérie Noriega