La digitalisation de la formation : bonne ou mauvaise initiative ?


Economie


25 mai 2020

Depuis deux mois les webinaires et formations en ligne s’enchaînent. Mais certaines questions restent en suspens : est-ce une bonne initiative ? Est-ce plus performant que les formations en présentiel ? Est-ce aussi efficace ? Pour tenter de répondre à ces interrogations, Telecom Valley a invité, lors d’un webinaire sur le sujet, Vincent Desnot, CEO de Teach on Mars société spécialisée dans la formation à distance et Alain Palacios fondateur de ABP Consulting.

La formation à distance : une nouvelle manière d’apprendre

Ce système d’apprentissage est de plus en plus utilisé aujourd’hui que ce soit dans les écoles, les centres de formation ou encore les entreprises. Un fait qu’a souligné Alain Palacios  : « durant ces deux derniers mois nous avons eu plus d’inscrits aux formations en ligne, webinaires, etc, et nous avons pu nous tourner vers de nouvelles cibles. » Pour les clients de Teach on Mars, habitués aux formations à distance, le changement n’a pas été trop dur « Nous avons eu des retours très positifs, beaucoup estiment avoir gagné du temps, ils ont pu assister à des conférences auxquelles ils n’auraient pas pu aller s’ils avaient dû prendre la voiture, etc  » explique Vincent Desnot.

Alain Palacios fondateur de ABP Consulting

Mais cette manière d’apprendre ne correspond pas à tous. « Nous nous sommes rendus compte que certains n’étaient pas concentrés, pas attentifs, certains n’arrivaient pas à comprendre les cours avec un coach présent que par écran. D’autres encore avaient des problèmes de connexion, limitant ou empêchant les interactions. [...] Et surtout, il est plus difficile pour les formateurs de donner des cours dynamiques et attractifs en visioconférence  » détaille Alain Palacios, qui est aussi coach chez ABP Consulting. Du côte de Teach on Mars, deux profils se sont profilés durant ce confinement : «  Ceux qui avaient l’habitude et qui ont bien géré la situation et ceux qui étaient perdus, non formés et qui ont dû apprendre sur le tas parce que la situation les y obligeait et parce que certaines entreprises n’ont pas forcément les moyens ou le temps pour former leurs collaborateurs. »

Pour les deux intervenants, la méthode est certes enrichissante, mais de nombreuses questions se posent encore sur la mise en place de ces ’’cours en ligne’’ : Que doit-on digitaliser ? Comment recréer les modules ? Deux jours de formation en présentiel se transforment en combien d’heures ou de jours de formation en ligne ? Comment former les formateurs ? Combien ’’d’élèves’’ doivent être présents en ligne ? Etc. Tout cela dépend de la capacité des agences de formations et de la manière dont les coachs souhaitent organiser leur cours. « Garder le lien social est très important, mais nous avons tout de même hâte de ’’renormaliser’’ les choses en réorganisant des réunions d’ici quelques semaines  » ajoute Vincent Desnot.

Le cours à distance oui, mais ce n’est pas suffisant

Vincent Desnot, CEO de Teach on Mars

La visioconférence ou formation à distance ne suffit pas pour un bon apprentissage. La pratique est toute aussi essentielle. C’est un point sur lequel insiste les deux animateurs «  cela ne sert à rien d’apprendre, si on ne peut rien mettre en pratique, précise Alain Palacios, pour certains de nos clients, il manque quelque chose. 40% de nos habitués ont préféré décaler leurs formations au mois de septembre plutôt que de la réaliser à distance. » Pour Vincent Desnot : « Il faut trouver l’équilibre idéal entre la digitalisation et le cours en présentiel. » Une mission plutôt difficile qui pourtant permet un enseignement global « Il y a de nombreuses manières de créer des liens collaboratifs entre le numérique et le terrain, le social, l’humain : le QR Code, les balises gps, la géolocalisation, etc, c’est ce qu’on appelle le ’’figital’’, énonce le formateur de Teach on Mars, des fonctions digitales qui permettent de faire interagir l’homme avec son environnement.  » Les possibilités sont multiples, reste plus qu’à utiliser les ’’nouvelles ingénierie de formations’’ pour créer de liens entre la digitalisation et le présentiel.

Quelques conseils pour dynamiser un cours en ligne :


- Éviter les PowerPoint trop explicatifs
- Faire interagir les personnes présentes
- Interpeller directement certains clients
- Procéder à des ’’activités collectives’’ (quiz, sondages, tour de table, etc)
- Si possible, proposer des activités physiques, en complément des cours/formations en ligne


Marion Rolland