Commerces : en longue convalescence...


Economie


2 juin 2020

Après deux mois de confinement, les premiers jours de la réouverture sur Nice et Antibes ont été plutôt "satisfaisants" mais la partie est encore loin d’être gagnée...

Pour notre économie azuréenne comme pour un malade sérieusement atteint, la guérison demandera de la patience. En entamant le long chemin de la renaissance, les professionnels ont bien conscience d’être passés près de la catastrophe absolue, même si tous ne sont pas encore tirés d’affaire, loin de là.

À la Fédération du commerce niçois, qui représente vingt-deux associations de quartier et 1 200 adhérents, le président Philippe Desjardins résume l’état d’esprit général alors que la plupart des pas-de-porte ont rouvert : "nous sommes à la fois plein de motivation et angoissés. La grande question qui agite les commerçants et les artisans, c’est de savoir comment va se passer la saison touristique. Il y a de l’attente, de l’inquiétude car nous savons que la clientèle étrangère ne sera pas au rendez-vous. Alors nous espérons beaucoup des campagnes de promotion mises en œuvre par les pouvoirs publics (CRT, CCI, Métropole etc., ndlr) pour attirer une clientèle française".

Des "victimes" bien sûr...

Dans un ciel encore chargé de gros nuages, les dates des soldes qui ont été retardées apparaissent comme une éclaircie : "C’est une mesure que nous demandions, cela permettra à nos entreprises qui en ont bien besoin de faire de la marge" poursuit le président de la Fédération.
Après deux mois de rideaux tirés, la "reprise" est plutôt satisfaisante pour le réseau des "petites" boutiques du centre-ville et des quartiers, ainsi que pour les grands magasins. Les clients, trop longtemps privés - et ayant fait quelques économies forcées pendant le confinement - ont retrouvé le chemin des négoces qui, dans leur grande majorité, sont satisfaits de ces trois premières semaines "normales". Est-ce que cela va durer, est-ce que cela sera suffisant ? Encore trop tôt pour en tirer des conclusions.
Pendant le lock-out, les commerçants niçois ont bénéficié d’une aide de 500 euros qui "a été la bienvenue" pour surnager. Si quelques grands groupes propriétaires de fonds ont fait des gestes sur les loyers - baisse, report, étalement... - cela ne fut généralement pas le cas pour les boutiques. "Vingt pour cent ont peut-être obtenu quelque chose, guère plus. Je ne critique cependant pas les propriétaires, chacun a fait comme il a pu" estime Philippe Desjardins.
En revanche, il y aura des victimes dans la vieille ville : les saisonniers qui paient de trois à quatre mille euros par mois des pas-de-porte. "Privés d’avant saison et faute de perspectives pour juillet et août, ceux-là ont déjà rendu les clés" déplore le président de la Fédération. "Nous attendons maintenant le déclic généralisé. Avec l’été les gens vont retrouver l’envie d’être ensemble, de faire du shopping".

Juan : le rôle moteur des bars et des plages

Du côté de l’association des commerçants Artisans d’Antibes Juan-les-Pins, la situation est à peu près identique. "Tous les petits commerces ont pu rouvrir", explique la présidente de l’association, Gigi Caratini, "mais nous savons que beaucoup d’entre eux ne survivront pas à la crise. C’est dramatique et très dur".
Pour la présidente, qui est aussi responsable d’un magasin de lingerie situé dans le centre de Juan-les-Pins, la situation est sans appel. "Juan-les-Pins ne vit que grâce à l’ambiance, le dynamisme et l’interactivité que créent les bars du quartier. Sans eux, les clients ne seront pas au rendez-vous, c’est certain".
Si cette première phase de reprise a été possible, c’est aussi grâce aux actions menées par les différents acteurs publics. "Je remercie le maire d’avoir œuvré à nos côtés et pour avoir autorisé l’accès à certaines plages de la ville. Cela nous apporte des clients de temps en temps, bien que la plupart ne font que se promener sans vraiment s’attarder dans les boutiques" indique Gigi Caratini.
La saison touristique est autant attendue que crainte par ces commerçants : "Il est important que les gens soutiennent les commerces de proximité, et nous espérons de tout cœur pouvoir les accueillir en nombre d’ici quelques semaines, même si nous savons tous que la saison qui arrive va être déterminante pour la survie de certains d’entre nous, et surtout pour nos voisins les restaurateurs" annonce-t-elle.
Pour l’Union des commerces cannois, la situation est encore très floue. Même si, à première vue, la reprise a l’air d’être positive, l’activité n’est pas la même pour tous les secteurs. "Il est pour l’instant trop tôt pour faire un constat précis" indique le vice-président de l’association.

À Nice, Antibes, Juan ou Cannes, rien n’est perdu... ni encore gagné !


Jean-Michel Chevalier