Quelle vision ont les français de l’enseignement supérieur ? Enquête EDHEC Business School Institut Montaigne


Economie


7 juillet 2020

Retour sur l’enquête internationale "Les Nouvelles Frontières de l’Enseignement Supérieur"

OpinionWay a réalisé pour l’EDHEC Business School et l’Institut Montaigne, une étude internationale portant sur la vision de l’enseignement supérieur. Réalisée auprès de cinq pays, France, États-Unis, Afrique du Sud, Royaume-Uni et Inde, cette enquête a été réalisée une première fois en janvier 2020, puis une seconde fois en juin 2020 après la période de confinement due à la crise sanitaire. Une restitution "webinaire" de cette enquête internationale a eu lieu ce matin. Ce qu’il fallait retenir.

Dans un contexte de crise sans précédent et face aux mutations de nos sociétés, comment l’enseignement supérieur doit-il se réinventer ?

L’EDHEC Business School et l’Institut Montaigne ont conduit cette vaste consultation auprès de plus de 5 000 citoyens en France, en Grande-Bretagne, aux États-Unis, en Inde et en Afrique du Sud pour recueillir leur perception de l’enseignement supérieur et de son évolution face aux défis du numérique, de l’emploi, de l’internationalisation et de l’inclusion sociale.

Quelques chiffres 

Bruno Jeanbart, directeur général d’OpinionWay a fait un rapide retour sur les résultats français de cette enquête :

- Pour 53 % des Français, l’enseignement supérieur n’est pas accessible à tous
- Pour la grande majorité des interrogés, la diversité des cursus est correcte
- Pour seulement 13 % des Français, le lien avec l’international est vraiment respecté
- Pour 87 % des Français, le format d’apprentissage est satisfaisant mais pourrait être amélioré
- Pour 87 % des Français, le digital est omniprésent dans l’enseignement supérieur et c’est une bonne chose
- Les 2/3 ont jugé positif l’enseignement reçu à distance pendant le confinement
- 85 % des Français (chiffres identiques dans les autres pays) estiment que l’ouverture internationale est importante que ce soit pour des cursus entiers ou seulement une partie du cursus
- Pour 74 % des Français, l’enseignement supérieur n’appuie pas assez sur les enjeux sociétaux
- Pour 41 % des Français, la question de l’insertion professionnelle devrait faire partie intégrante des politiques publiques

Quelques points importants 

Emmanuel Métais directeur général de l’EDHEC Business School et Laurent Bigorgne directeur général de l’Institut Montaigne ont fait le point sur différentes tendances issues de cette étude :

-  La transformation des systèmes 
La France est le pays qui a le plus d’attentes concernant l’enseignement supérieur, que ce soit sur les supports d’apprentissage, sur le format d’apprentissage, les méthodes d’enseignement, l’intégration des nouvelles technologies, le contenu des programmes, ou les compétences des professeurs.

-  Les nouvelles technologies 
L’importance de l’utilisation des nouvelles technologies est entrée dans les esprits et la crise du Covid-19 a mis cela en avant : « La technologie donne aux professeurs et aux institutions de nouveaux moyens de changer, de modifier et d’adapter leurs méthodes d’enseignement  » indique Emmanuel Métais. Malgré quelques réticences, nous ne sommes qu’au début de l’utilisation de ces nouvelles technologies dans ce domaine. Beaucoup de transformations sont encore à effectuer.

Une différence est toutefois constatée dans les résultats, entre la première vague de janvier et la seconde réalisée en juin, «  on note tout de même une baisse des résultats qui mettent en avant l’importance de garder du présentiel dans l’enseignement  » poursuit le directeur de l’EDHEC. Mais il est clair que le digital est considéré comme un moteur puissant de transformation, qui met en avant les méthodes professionnelles, l’insertion des jeunes dans le monde du travail et l’accessibilité à tous.

- L’ouverture internationale
Les Français sont dans l’ensemble d’accord sur le fait que l’ouverture internationale est primordiale dans l’enseignement supérieur. « Le défi international est un défi que l’on a relevé et démontré durant les vingt dernières années, mais on assiste aujourd’hui à une rupture de cette internationalisation, car beaucoup de changements s’effectuent. Il y a des pays qui ferment leurs frontières, qui s’isolent, il y a eu le Brexit, les États-Unis ont annoncé refuser de livrer des visas aux étudiants étrangers qui suivent des cours qui ne reprendront qu’en visioconférence à la rentrée, etc. » ajoute Emmanuel Métais.

La crise du Covid-19 laisse planer quelques interrogations : va-t-elle avoir une influence quelconque sur l’enseignement étranger ? Cela va-t-il limiter les échanges des étudiants ? Pour 52 % des Français, les réponses à ces questions sont positives.

- La sensibilisation aux enjeux sociétaux, considérée comme primordiale
La tendance française est que l’enseignement supérieur ne sensibilise pas assez les étudiants aux grandes causes mondiales et aux enjeux sociétaux. D’après l’étude, 52 % des Français estiment qu’il faudra accentuer encore plus l’enseignement de la lutte contre les inégalités. 42 % estiment qu’il faut se centrer un peu plus sur la préservation de l’environnement et les enjeux écologiques. La dernière problématique est la lutte contre le racisme que seuls 29 % des Français jugent importante. Pour répondre à ces nouvelles attentes, les deux intervenants proposent la mise en place de processus d’hybridations, qui visent à faire des élèves des experts en managements, tout en les sensibilisant aux futures causes et enjeux mondiaux.

-  L’égalité des chances 
Les deux intervenants sont d’accord sur la problématique de l’égalité des chances pour tous les étudiants. Il est évident qu’il faut aider les plus défavorisés à s’instruire et à avoir accès aux études supérieures par le biais d’aides financières ou de programmes scolaires spéciaux. « La question ne porte pas sur comment le faire mieux, mais plus sur le devoir de mieux le faire, explique Laurent Bigorgne, je ne dis pas que rien n’est fait dans ce domaine, mais il y a encore beaucoup d’attentes sur le sujet. » Le directeur général de l’Institut Montainge explique que cette polémique ne date pas d’hier et qu’il faudrait que le gouvernement se concentre vraiment sur le sujet : « je pense que dans un premier temps, avant de trouver des solutions, il faut déjà être capable de poser ces débats » ajoute-il avant de clore la conférence.


Marion Rolland