Féminisme : elles montent au créneau pour dégommer des symboles du machisme


Droit


24 juillet 2020

Les féministes mènent de nouveaux combats qui occupent une grande place dans les médias

Darmanin et Dupond-Moretti sont au centre d’une polémique qui leur fait, jusqu’à preuve du contraire, un mauvais procès. Les intentions sont louables, les moyens discutables.

Gérald Darmanin et Éric Dupond- Moretti ont fait, à tout le moins, une entrée remarquée dans le gouvernement de Jean Castex. Ils ont été placés sous les feux de l’actualité non pas en raison de leur engagement politique mais parce que, pour des raisons diverses, ils ont été accusés au mieux de propos sexistes (pour le ministre de la Justice), au pire de viol (pour le nouveau ministre de l’Intérieur). Vox populi, vox Dei ?

Dans le contexte "MeToo" qui s’est imposé après l’affaire Weinstein et quelques autres tout aussi scandaleuses (la liste continue à s’allonger), ce qui aurait pu être considéré comme une gaudriole lourdaude ne passe plus du tout aujourd’hui : des propos provocateurs - de salle des pas perdus, d’audiences ou d’interviews - reviennent maintenant en boomerang à la figure de Dupond-Moretti dont des paroles parfois blessantes ne se sont pas envolées dans les mémoires. L’accusation qui pèse sur les épaules de Darmanin est plus grave, même si la récente réouverture de son dossier n’est due qu’à un acte procédural et non pas à des faits nouveaux qui viendraient l’incriminer. Politiquement, l’affaire est si sérieuse que le Premier ministre et Emmanuel Macron en personne sont montés au créneau pour défendre le nouveau locataire de la place Beauvau. Il n’empêche : sa nomination ne passe pas dans une frange féminine de population.
Au mieux, les "féministes" crient à l’erreur de casting, n’admettant pas la nomination de Darmanin dès avant que celui-ci ne soit éventuellement blanchi du crime de viol dont une femme l’accuse.
La "jurisprudence" Jospin, qui voulait qu’un ministre "inquiété" démissionne, subit désormais des exceptions donnant lieu à des commentaires acerbes alors que le droit des femmes est la grande cause du quinquennat...

En droit, la présomption d’innocence est évidemment indiscutable, tout comme le secret de l’instruction qui permettent d’éviter "la justice de rue", et la vindicte populaire. Le politique aurait tort de mésestimer la colère, même s’il lui est difficile dans l’ambiance actuelle de prôner le rappel à la loi. Les tentatives d’explications demeurent inaudibles. La solidarité gouvernementale autour de Darmanin s’est exprimée jusqu’à Marlène Schiappa, ministre déléguée à la citoyenneté et militante féministe, qui a déclaré n’avoir de "leçon de féminisme à recevoir de personne". Sans doute, mais ce n’est pas suffisant pour calmer les esprits...
Dans le symbole, le fait que Gérald Darmanin soit le "premier flic" de France, et donc chargé de défendre les biens et les personnes, en rajoute encore.
D’aucunes y voient même une vraie provocation. La justification "d’homme à homme" par le chef de l’État a encore rajouté de l’huile sur le feu, Si Dupond-Moretti peut espérer que les esprits se calment pour se mobiliser sur d’autres nouveaux combats "féministes" dont l’actualité est coutumière, le ministre de l’Intérieur se trouve "prisonnier" de la procédure et de son calendrier.
Tant que son cas n’aura pas été purgé dans un sens ou dans un autre, il ne peut guère espérer de paix étant un personnage public de premier plan.
Il se déclare "tranquille comme Baptiste" sur le fond de l’affaire, mais il sait aussi qu’il risque d’être pris à partie à chacune de ses interventions (Assemblée, Sénat, déplacements etc.).


Jean-Michel Chevalier