Tour de France : les exploits chevaleresques du "Roi René" de Cannes-la-Bocca


Sport


24 août 2020

Son destin bascule le 25 juillet 1934 dans les Pyrénées et René devient le Roi René

La Grande Boucle raffole de ces histoires qui font la légende de la course.
L’une des plus belles concerne le coureur de la Bocca, devenu maillot jaune dans les cœurs...

Laissez-nous vous raconter l’histoire d’un p’tit gars de La Bocca qui grava l’une des histoires qui font la légende du Tour de France. Lorsqu’il prit le départ de la boucle 1934, René Vietto avait déjà dans sa besace le palmarès d’un bon coureur. Il avait raflé quelques places d’honneur dans des épreuves régionales.
Mais, encore tout jeune, 20 ans, il était un parfait inconnu du grand public. Un mois plus tard, à l’arrivée de l’ultime étape au Parc des Princes, il était devenu le chouchou des spectateurs. Dès lors, après ses exploits chevaleresques, on allait le désigner comme "le Roi René". C’est sous ce surnom qu’il est entré dans la légende de la plus belle des courses.

Un costaud

Beau gosse, fort caractère, courageux et... malchanceux. DR

Excellent grimpeur, René Vietto avait déjà gagné lors de cette édition 1934 trois étapes dans les Alpes, un exploit rare. L’air du pays lui a donné des ailes, puisqu’il est aussi passé en tête dans les cols de Vars,
d’Allos et de Sospel. Et il a remporté, chez lui sur la Croisette, une autre étape à l’issue d’un sprint. Un costaud.
Mais ce n’est pas pour ces performances que Vietto est resté dans les mémoires : c’est pour son courage, sa loyauté et son abnégation, qui le privèrent si injustement de la victoire finale.
Le 26 juillet, dans la quinzième étape des Pyrénées, entre
Perpignan et Aix-les-Thermes, le capitaine de l’équipe de France Antonin Magne chuta dans la descente du col de Puymorens et brisa sa roue avant. Catastrophe ! L’Italien Martano, son plus dangereux rival, en profite pour s’échapper et comme il n’était qu’à deux minutes au général...
Mais René Vietto était là, veillant sur son capitaine. Ni une, ni deux, il démonte sa propre roue pour la donner à Magne, qui grâce au sacrifice de son coéquipier sauvera sa toison d’or. On voit sur une photo de "Miroir du Sport" le coureur azuréen, assis sur un muret de pierres, pleurer à chaudes larmes sur ses espoirs envolés, car il pouvait aussi prétendre l’emporter.
Le lendemain, dans l’étape de Luchon, le Bocassien donnera même carrément son vélo à son leader dont la machine avait déraillé ! Ce dernier remportera le tour 1934, mais "le Roi René" restera depuis ces folles journées le maillot jaune dans les cœurs.
La seconde guerre viendra interrompre ses espoirs. Lorsqu’il raccrochera son vélo de course, Vietto aura remporté le Paris-Nice 1935 et participé à huit Tour de France, portant le maillot de leader pendant une trentaine de jours.

La plus belle des victoires

Il décédera en 1988, après avoir exercé différents métiers, sans jamais s’éloigner de la Côte d’Azur. Ses cendres seront déposées au col de Braus, entre l’Escarène et Sospel. Elles sont mélangées à celles d’une lettre que
"Tonin" Magne lui a adressée, dans laquelle celui-ci reconnaît que le sacrifice de son coéquipier lui a permis de remporter ce Tour 1934.
La plus belle victoire du "Roi René" sera finalement d’avoir écrit l’une des plus émouvantes pages du Tour, de celles qui font rêver les gamins !


Jean-Michel Chevalier