Legaltech : le secteur n’a pas encore atteint sa totale maturité


Droit


31 août 2020

Il y a en France environ 250 legaltechs actives. Ce serait en volume le deuxième marché au monde. Mais le nombre des créations reste encore limité et le secteur n’a pas encore atteint sa totale maturité. Tel est le constat dressé par Maître Mathieu Davy (barreau de Paris), président et cofondateur de l’association AvoTech, qui regroupe les avocats ayant créé une startup dans le domaine du droit.

La technologie est pourtant venue s’immiscer dans un monde qui fonctionnait il y a encore dix ans de manière très "traditionnelle", comme au beau milieu du siècle précédent, avec beaucoup de paperasses. Mais la "Tech" est venue bousculer les habitudes dans de nombreux
domaines, qu’il s’agisse de la gestion d’affaires, de la comptabilité et la facturation, du stockage de documents et de la communication des pièces, des recherches juridiques, des règlements de litiges en ligne, etc).

Science-fiction hier...

Compte-tenu de la vitesse des développements, la liste des possibles est loin d’être achevée. Ce monde digital qui apparaissait naguère relevant de la science-fiction est aujourd’hui devenu le quotidien des jeunes professionnels.
Divorce en ligne "à petit prix", consommation, différends de toutes sortes... La legaltech s’intéresse à tous les sujets, à toutes les "niches". Le grand public vient juste de découvrir son existence et consulte les sites un peu à la manière de "Doctissimo", quand le petit dernier a une irruption de boutons et que l’on cherche à savoir dès avant la visite chez le médecin.
Pour les professionnels, c’est autre chose : le juridique et le réglementaire sont allés très vite ces dernières années. Le digital se révèle pour eux un support indispensable dans cette course de fond : les barreaux qui ont bien compris les enjeux organisent des sessions de formations ou de mises à jour pour la maîtrise de l’outil.
Pour les spécialistes qui font la legaltech, ce marché deviendra totalement mature d’ici quatre à cinq ans, lorsque les derniers freins psychologiques auront été vaincus.

La crise du coronavirus a incontestablement "boosté" l’usage du numérique dans le monde judiciaire. L’ordinateur a permis de poursuivre les procédures urgentes, et même les autres, comme au T.A. de Nice où les juges, les greffiers et les administratifs ont pu télétravailler et faire "tourner la machine" comme si de rien n’était ou presque.
Bientôt, c’est sûr, on ne sortira plus sans sa "legaltech" dans sa poche, les nouvelle applis étant de vrais couteaux suisses...

Financement : en pleine expansion
L’Observatoire de la Legaltech estime que l’écosystème français représente 40 milliards d’euros. Le secteur se structure avec des levées de fonds de 25 millions d’euros, ce qui est encore "faible" par rapport au développement prévisible du secteur, mais en hausse exponentielle depuis trois ou quatre ans.


Jean-Michel Chevalier