Antibes : 135 millions pour ancrer le Port Vauban dans le 3ème millénaire


Economie


4 septembre 2020

Quinze panneaux pédagogiques fixés aux vénérables remparts du quai Baudino, pour retracer l’histoire du port. Deux cabines dites "immersives", à l’entrée de la zone dédiée à la grande plaisance, pour inviter le public à une découverte virtuelle du site. Telles sont les premières réalisations de l’important projet de transformation du port Vauban, à Antibes. Ce parcours patrimonial gratuit, inauguré le 2 septembre, annonce en effet plusieurs chantiers, qui vont se succéder au cours des dix prochaines années. Et faire du premier port de plaisance d’Europe "un atout d’attractivité pour la ville et pour tout notre territoire". Ce sont les mots de Jean-Pierre Savarino, président de la CCI Nice Côte d’Azur. Dans le cadre d’une délégation de service public, la Chambre assure la gestion des lieux depuis 2017, via la société Vauban 21. Nourrissant de grandes ambitions pour le port antibois, la CCI et ses partenaires financiers (la Banque des territoires PACA et la Caisse d’Épargne Côte d’Azur) ont entamé une restructuration à 135 millions d’euros. Avec l’objectif d’aménager "un site portuaire doté d’une signature architecturale unique, un port innovant et performant ancré dans le 3e millénaire et enfin un fleuron du yachting, avec une identité qui rayonnera à l’international".

Vers une technopole du yachting

Le Port Vauban bénéficie d’un grand plan d’investissement DR J.P

C’est bien ce qu’attend la municipalité. "Il faut apporter plus de services, plus de confort et plus de sécurité que les autres ports méditerranéens pour être concurrentiel", insiste le maire d’Antibes, Jean Leonetti. Alors, au-delà des grands travaux à venir (lire ci-dessous), le port Vauban va se moderniser tous azimuts. Du côté des infrastructures, plusieurs actions ont déjà été concrétisées comme le remplacement de tabliers de pontons, la refonte d’anneaux de quais usés, la mise en place d’un système de télérelève des compteurs électriques sur le quai des Milliardaires ou l’amélioration de la vidéoprotection. La reconstruction complète de la capitainerie de la grande plaisance est également prévue dès l’an prochain, de même que l’agrandissement de l’aire de carénage qui, située au pied du Fort Carré, sera confiée à un opérateur unique.

Pour devenir une référence en matière d’accueil, le port a prévu de renouveler son offre commerciale. En contrepartie d’une participation au financement des aménagements programmés, certains usagers pourront par exemple sécuriser leur place pour 10 ou 21 ans à la fin des actuelles amodiations, le 31 décembre 2021. L’amélioration de la relation avec la clientèle est aussi dans le viseur des dirigeants, qui ont foi en la communication multicanale et l’innovation sur le modèle des "smart marinas".
En attendant l’ouverture prochaine d’un bureau de vente dédié à l’accompagnement commercial, une application mobile connectant les plaisanciers aux équipes du port est déjà testée. Elle préfigure un projet plus large de création d’une technopole du yachting, en lien direct avec les entreprises les plus high-tech de Sophia Antipolis. Son enjeu : inciter les hautes technologies à prendre le large en permettant aux entreprises qui les développent, à terre, de les mettre au service de la filière nautique et des activités portuaires.

Un port, quatre quartiers : le programme des travaux

Voilà à quoi devrait ressembler le quai Henri Rambaud, dans l’Anse Saint-Roch, entre le Fort Carré et le Vieil-Antibes. (DR Atelier Philippe Prost)

La transformation du port Vauban a été confiée à l’architecte et urbaniste
Philippe Prost. Elle s’attachera à préserver la valeur patrimoniale du site, qui est constitué de quatre quartiers : le Vieux port à l’est, l’Anse Saint-Roch, qui lui fait face sous la gare SNCF et contre les remparts de la vieille ville, le pied du Fort Carré et, enfin, le quai des Milliardaires. C’est là que se dérouleront les premiers grands travaux, dès l’hiver prochain, pour une durée estimée à deux ans. Au programme notamment, un réaménagement des sols et la construction d’un nouveau yacht club. En 2022, les ouvriers s’attaqueront au Vieux port et au bastion Saint-Jaume, avec notamment la restauration des remparts et la poursuite jusqu’au vieux phare de la balade piétonnière à leur sommet. Il sera alors temps de traiter les environs du Fort Carré, où un véritable village des artisans verra le jour. Plus tard, vers 2023-2024, les bâtiments disgracieux de l’Anse Saint-Roch seront rasés pour laisser place à un nouvel ouvrage dit "passerelle", qui aura vocation de connecteur avec la ville. Au terme du projet, vers 2028, un deuxième parking souterrain sera creusé au sud du port tandis que l’actuelle capitainerie et ses abords seront largement réaménagés.


Jean PREVE