Les Artisans, acteurs majeurs de la relance économique


Economie


28 septembre 2020

La Chambre de métiers et de l’artisanat (CMAR) PACA vient de présenter un plan à 10 millions d’euros pour aider ses entreprises à apporter leur pierre au renouveau de l’économie du pays.

Ils sont décidés à vous faire voir la vie en rose. À vous permettre d’allumer le feu quand le besoin s’en fait sentir. Et à se plier en quatre pour que ce soir, vous soyez la plus belle... En titillant vos souvenirs musicaux, les artisans de la région veulent renouer les liens avec vous. Avec l’ensemble de la population. Avec leurs clients. Leur ambition, "enchanter le quotidien", comme l’affirme le slogan de la campagne de communication lancée la semaine dernière par la CMAR PACA. Une initiative qui fait allusion à des grands classiques de la chanson pour rappeler, sur les panneaux
d’affichage ou dans les pages de la presse, que l’artisanat a un rôle majeur à jouer pour sortir le pays de la monotonie.
Cette campagne, c’est l’un des axes d’un plan plus global visant à relancer l’artisanat qui, à l’instar de toute l’économie, continue de payer son tribut à la Covid-19. Il repose sur l’amplification des dispositifs d’accompagnement proposés aux entreprises par la Chambre. Le point avec son président, Jean-Pierre Galvez.

En ces temps troublés, comment se porte l’artisanat dans la Région ?

- Globalement, sur le premier semestre, son chiffre d’affaires est en baisse de 25%, soit à peu près le même recul qu’au plan national. Certains secteurs, comme la rénovation ou l’artisanat alimentaire, se maintiennent mieux. La problématique rencontrée concerne surtout la trésorerie, car c’est elle qui permet à une entreprise d’avancer. Mais il y a aussi un climat anxiogène qui pèse sur le comportement des consommateurs, alors même que les artisans sont exemplaires sur le respect des consignes sanitaires. Il faut apprendre à vivre avec cette maladie et essayer, dans la mesure du possible, de ne pas modifier les relations avec les artisans de proximité.

Au plus fort de la crise, quel a été le rôle de la CMAR PACA auprès des artisans ?

- L’organisation de la CMAR a été basculée sur le télétravail via une plateforme téléphonique, ce qui nous a permis de distribuer
10 millions d’euros d’aides de l’État, de la Région et de tous les autres acteurs. Aux entreprises qui étaient ouvertes pendant le confinement, nous avons apporté un soutien pour fluidifier leur activité, notamment face au problème des livraisons. Nous avons suivi les autres dans les dossiers de PGE, de report et d’exonération de charges, de chômage partiel... Nous avons aussi mis en place des cartes interactives pour que les consommateurs identifient les artisans et les marchés à leur disposition... La Chambre a honoré sa vocation d’accompagnement des artisans. Et nous allons accentuer notre action à travers notre plan de relance.

Quelles sont les grandes lignes de ce plan ?

- Il s’articule autour de sept axes, au premier rang desquels figure l’individualisation de l’accompagnement des artisans. Dans notre socle d’offre de services, ils ont déjà la possibilité de bénéficier d’un diagnostic global de leur entreprise, qui leur offre une vision à 360° de leurs points forts et faibles. Nous allons y ajouter le "Déclic rebond", qui s’adresse aux structures en grande difficulté, pour qu’elles disposent d’un plan d’action leur permettant de repartir de l’avant. Nous prévoyons aussi d’aider les chefs d’entreprise à gagner de nouveaux marchés en accédant à la commande publique.
La transition numérique constitue un autre point essentiel. La crise a mis en évidence la fracture qui pénalise les petites entreprises en la matière. Nous avons un dispositif cofinancé par la Région qui a déjà permis à 1 700 artisans d’adopter l’informatique, mais nous voulons aller plus loin, toujours en individualisant notre soutien. Il n’y a que par le contact que le chef d’entreprise peut prendre vraiment conscience de l’intérêt du numérique. Autres nouveautés, le diagnostic digital, pour évaluer la maturité de l’entreprise dans ce domaine, et les initiatives collectives, car l’avenir passe sans doute par davantage de plateformes numériques, par exemple pour les commandes et les livraisons. La mutualisation des moyens des artisans est un enjeu.

Et cette campagne de communication ?

- Elle représente un investissement de 300 000 euros et joue sur l’émotion des consommateurs. Elle est faite pour les artisans afin qu’ils renforcent les liens avec leurs clients. Nous voulons générer du trafic au sein de leurs entreprises et promouvoir le "consommer local". Les maires, avec lesquels nous signons régulièrement des chartes en faveur de l’économie de proximité, ont bien compris cet enjeu. 300 d’entre eux ont mis des panneaux
d’affichage à notre disposition à l’occasion de cette opération, qui doit nous permettre de capitaliser sur les leçons de la crise, comme l’importance des circuits courts. Nous devons mettre en place des dynamiques territoriales pour que les artisans puissent répondre aux attentes des clients en cas d’un éventuel reconfinement.
Ce défi en rejoint un autre, celui du développement durable, que nous voulons relever avec ce plan de relance. Tous les métiers de l’artisanat sont concernés, qu’il s’agisse de s’adapter à de nouvelles contraintes réglementaires ou de saisir de nouvelles opportunités de marché. C’est pourquoi nous voulons concevoir et déployer une offre innovante pour soutenir les entreprises artisanales qui s’engagent sur les marchés de l’économie circulaire.

Une façon pour les artisans d’être en phase avec leur époque...

- Oui, et c’est le sens des partenariats que nous voulons continuer à développer avec les collectivités et de notre volonté d’inscrire l’artisanat dans le Plan Jeunes. La formation et l’apprentissage sont des enjeux majeurs de l’emploi aujourd’hui. Les artisans ont un rôle à jouer, comme ils l’ont aussi pour participer à la réindustrialisation du pays. Il faut savoir que 1 800 entreprises de la sous-traitance industrielle sont artisanales en PACA.

Propos recueillis par Jean Prève


Jean PREVE