Fronde des cafés-restaurants : les carottes sont cuites ?


Economie


2 octobre 2020

Manifestement, cela "attache" au fond de la casserole avec les mesures sanitaires prises par le gouvernement dans les zones où le Covid est très présent. Les restaurateurs et tenanciers de bars ne veulent pas continuer à faire les frais de la crise. Après avoir mijoté à feu doux pendant le confinement, la colère est en train de déborder, que ce soit à Marseille, ville "premier de cordée", ou à Nice et dans les Alpes-Maritimes.

Les professionnels, souvent soutenus par les élus (comme ci-dessous à Villeneuve-Loubet), veulent tout faire pour éviter le pire, alors qu’un certain nombre d’établissements est déjà en survie. "On entend tout et n’importe quoi sur le sujet, mais il faut être clair : les compensations de l’État ont été infimes et non applicables à toutes les structures", s’emporte Frédéric Ghintran, vice-président de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) 06. "Aujourd’hui, les restaurateurs vont très mal. Après deux mois et demi de fermeture, ils ont subi une baisse de chiffre d’affaires de 30% en juin et de 20% en juillet. Août a été meilleur, mais marqué par la présence d’une clientèle française difficile, et septembre a été catastrophique, vu que le contexte Covid nous a privés des retombées du Tour de France".
La politique restrictive du gouvernement, c’est la goutte qui fait déborder le saladier. Et qui donne à la profession l’amer sentiment de servir de bouc-
émissaire. "Nous sommes les victimes directes de cette crise et nous n’avons pas de main tendue de l’État. Nous forcer à anticiper la fermeture de nos établissements, ça fragilise le modèle économique des entreprises. Le problème, c’est que les gens qui prennent les décisions ne sont pas confrontés à la réalité de notre quotidien", souligne le restaurateur niçois, alors que se profile en préfecture, ce 2 octobre, une nouvelle réunion du CODEFI Tourisme, le comité départemental qui a vocation à apporter des solutions aux difficultés de financement des entreprises. La mayonnaise prendra-t-elle enfin entre les fonctionnaires de l’État et les acteurs du secteur ? Ces derniers trouveront-ils des oreilles attentives et bienveillantes ? "Nous sommes d’accord sur la priorité de sauver des vies, mais il faut aussi penser à celles qui dépendent de l’économie. Si nous ne sommes pas aidés, nous ne demandons qu’à travailler et à continuer à créer de l’emploi et de la richesse, sur laquelle repose le modèle social français".
Le scénario à la Marseillaise ? "Je ne l’envisage pas chez nous, où le contexte épidémique est différent avec des signes encourageants. L’afflux de touristes en août a fait repartir les chiffres à la hausse, mais aujourd’hui, la grande majorité des établissements respectent les protocoles sanitaires".
Même si la situation n’a pas totalement tourné au vinaigre à Nice, la profession sait d’ores et déjà que la note de la Covid-19 sera très salée pour elle...

Lionnel Luca s’opposera "par tous moyens"

Le maire de Villeneuve-Loubet, Lionnel Luca, avait déjà réussi la semaine dernière à faire "retoquer" l’arrêté préfectoral obligeant au port du masque obligatoire dans sa commune au motif notamment d’une mesure "disproportionnée". Alors que le gouvernement donne un nouveau tour de vis pour les bars et restaurants, voilà que le Conseil municipal de la ville d’Escoffier vient de prendre une motion pour soutenir les professionnels durement touchés par la crise.
Rien de plus classique, mais les "attendus" qui accompagnent cette motion sont assez croquignolets et, comme toujours avec Lionnel Luca, assez percutants. "L’Etat impuissant et incapable de gérer l’hospitalisation des patients préfère imposer aux seuls cafés restaurants des mesures coercitives qui mettent en péril leurs établissements (...) Ces mesures arbitraires imposées à Marseille ne sauraient s’appliquer dans notre commune où l’activité s’exerce le plus souvent en terrasses, avec des contrôles exercés régulièrement par la gendarmerie et la police municipale".
Le maire de Villeneuve-Loubet précise que dans sa commune "les mesures en vigueur ont été respectées" et qu’elles n’ont donné lieu à "aucune fermeture administrative".
Il indique qu’il s’opposera "par tous les moyens" mis à sa disposition à "toute mesure arbitraire qui remettrait en cause la libre entreprise de cette profession".


Jean PREVE, Jean-Michel Chevalier Jean PREVE, Jean-Michel Chevalier