Etude CCI NCA : le tourisme vert dans les Alpes-Maritimes est un marché porteur pour se transformer face à la crise


Economie


15 octobre 2020

Le secteur du tourisme subit une crise sans précédent, crise qui accélère la transformation du secteur, déjà amorcée auparavant. L’enjeu pour les pouvoirs publics est de soutenir les entreprises et de préserver un maximum d’emplois. L’Observatoire Economique Sirius de la CCI Nice Côte d’Azur a réalisé une étude au printemps 2020 intitulée « Le tourisme vert dans les Alpes-Maritimes ». Cette dernière tombe à point nommé sur un fond de politique gouvernementale favorable aux transformations. Elle a vocation à livrer les clés du tourisme écoresponsable, à informer les décideurs sur l’état des lieux de la filière et les pratiques de développement durable, et à dresser des préconisations basées sur l’ensemble des observations et des analyses.
Au regard du contexte, la Chambre de Commerce et d’Industrie Nice Côte d’Azur a décidé de mettre à disposition gracieusement cette étude sur son site ; une façon d’aider les entreprises du secteur à se positionner sur leur marché pour mieux rebondir.

Point sur l’écoresponsabilité du tourisme azuréen en 2019

(source : enquête SIRIUS)

Le questionnaire d’enquête a permis d’identifier les mesures appliquées par les établissements du tourisme, ainsi que leur perception de la niche écoresponsable et leurs attentes pour évoluer en ce sens.

- 22% des dirigeants ont affirmé leur intention de faire des investissements écoresponsables en 2020.
- 60% des établissements estiment que le développement de l’écotourisme au cours des dix prochaines années sera plutôt important ou très important.
- 65%, soit une grande majorité, estime qu’elle est plutôt écoresponsable en affichant une note d’écoresponsabilité d’au moins 3 sur 5.

L’avenir s’annonce donc plus écoresponsable, car non seulement il y a une prise de conscience, mais en plus cette tendance semble incontournable pour perdurer.

La partie du questionnaire dédiée à l’énergie a permis de révéler que la proportion des établissements soucieux de leur approvisionnement en électricité est encore très faible en 2019 : 5,5% des établissements déclarent avoir souscrit à des certificats verts ou mis en place un système d’autoconsommation (panneaux solaires).

- 43,5% du panel interrogé ont affirmé avoir effectué une rénovation énergétique de leurs bâtiments au cours des dix dernières années. Ce chiffre encourageant montre que les acteurs du tourisme se sentent concernés par l’intérêt économique et écologique de réduire leur consommation liée au chauffage et à la climatisation.

- La gestion des matières premières et des déchets est un axe décisif pour réduire l’impact environnemental de l’activité. Les établissements touristiques sont souvent critiqués pour leur consommation en eau (piscine, spas, etc.). L’enquête révèle que 77% trient leurs déchets et 66% ont un système d’économie des ressources (eau et achats alimentaires principalement).

- L’empreinte carbone des produits consommés par les acteurs du tourisme a un impact fort sur les émissions de gaz à effet de serre.
Ainsi, 29% déclarent acheter des aliments produits à moins de 100 km de leur établissement
Pour 53% des répondants, moins de la moitié des achats provient de moins de 100 km.

- Autre pan de l’écoresponsabilité étudié, la contribution à la préservation de la biodiversité. Sur l’ensemble du panel, 28% ont répondu « oui » tandis que la moitié des établissements se considérant écoresponsables se sentent impliqués.

L’étude a mis en exergue une faible présence des labels et certificats. Dans le panel représentatif conçu pour l’étude, 21 labels et certifications ont été identifiés. Sur les entreprises du panel répondant à cet item, seulement 5,6% ont affirmé être labellisées ou certifiées.
Les raisons expliquant cette faible présence peuvent être multiples : le coût pour l’obtention d’un label, la crédibilité parfois en cause (autrement dit n’est-ce pas une forme de greenwashing ?), la difficulté de choisir le label adéquat, le manque d’information et d’accompagnement etc.

Moyen et Haut-Pays, élèves modèles ?

Les entreprises du Haut-Pays affichent les taux les plus élevés de pratique écoresponsable :
- Un taux de consommation électrique responsable 3 fois plus importante que le reste du territoire
- Le tri des déchets est appliqué à 92% des cas contre environ 76% sur le Moyen-Pays et le littoral.
- Les entreprises du Haut-Pays favorisent la provenance locale des aliments.
En revanche, aucune entreprise du Haut-Pays parmi le panel interrogé n’a signalé un label ou une certification écoresponsable, contre 3% des entreprises du Moyen-Pays et 6% sur le littoral. Ce sont pourtant les établissements qui s’estiment être le plus en phase avec les concepts d’écoresponsabilité.

Les attentes des entreprises de la filière tourisme

Les attentes majeures sont les mêmes quel que soit le niveau d’écoresponsabilité : du conseil et des aides financières. Un tiers des chefs d’entreprises estiment que le poids des investissements à réaliser et des coûts de fonctionnement majorés les contraignent à attendre un soutien financier.
- Le grand nombre d’alternatives et d’offres (l’acquisition de contrats d’électricité verte par exemple) n’étant pas toujours suffisamment clair, l’attente la plus exprimée pour l’ensemble des répondants est un accompagnement dans le développement des pratiques écoresponsables.
- Les entreprises de niveau 2 (écoresponsables au sens strict) sont dans l’attente du développement de l’activité et d’une plus forte promotion de l’offre écoresponsable pour approfondir leurs mesures : ils sont déjà positionnés sur ce segment et cette posture fait sens.
Les entreprises moyennement engagées dans l’écoresponsabilité ont exprimé un besoin fort en formation (une entreprise sur cinq).

Perspectives de développement et préconisations

Comme le démontrent les nombreuses enquêtes, le tourisme vert est un marché porteur. Il y a une appétence croissante des voyageurs en matière de tourisme écoresponsable.
Dans les Alpes-Maritimes, les formes de tourisme durable les plus facilement applicables sont, par ordre de pertinence et de compatibilité avec notre territoire, l’écotourisme qui offre des perspectives équilibrées de développement économique et social, le tourisme équitable, l’agritourisme, le pescatourisme et le slow tourisme.

La synthèse de l’étude ci dessous

Méthodologie de l’étude

L’étude a été réalisée sur le premier cercle du tourisme, à savoir 20 codes APE (hébergement, restauration, parcs, transport de voyageurs, agences, etc., excepté le transport aérien).

Elle inclut les 163 communes du département des Alpes-Maritimes des EPCI suivantes :
- Communauté d’Agglomérations Cannes Pays de Lérins (5 communes)
- Communauté d’Agglomérations de la Riviera Française (15 communes)
- Communauté d’Agglomérations de Sophia Antipolis (24 communes)
- La Métropole Nice Côte d’Azur (49 communes)
- Communauté de Communes du Pays des Paillons (13 communes)
- Communauté de Communes du Pays de Grasse (23 communes)
En 2021, la prochaine étude inclura les entreprises de l’ensemble du département dans son enquête.

L’étude est basée sur une enquête menée fin 2019 auprès de 7243 établissements inscrits au Registre du Commerce et des Sociétés en 2018. Le panel représentatif est d’environ 1500 établissements. Les résultats présentent un niveau de confiance de 99% avec une marge d’erreur de l’ordre de 3%.

L’étude complète : ICI


Valérie Noriega