Me Jean-Pierre Besch : « Contrairement à d’autres professions, nous n’avons pas été trop impactés par le confinement »


Economie


20 octobre 2020

Aujourd’hui près de 70% des ventes se font sur le net, les ventes ne connaissent pas la crise

Me Jean-Pierre Besch, est commissaire-priseur et fondateur de la maison des ventes Besch Cannes Auction. Il répond aux questions des Petites Affiches concernant l’état du marché des enchères pendant les derniers mois jusqu’à aujourd’hui et nous renseigne sur les prochaines ventes de la Maison cannoise.

Comment s’est traduit l’impact de la COVID-19 sur votre profession ?

Me Jean-Pierre Besch : Comme tout le monde, lorsqu’il y a eu le confinement au mois de mars, pendant un mois il n’y a pas eu d’activité. Ensuite, à partir du mois d’avril, toute la profession s’est organisée pour vendre avec des ventes uniquement sur le net. En live ou on-line. Déjà avant la COVID, nous avions déjà plusieurs méthodes pour faire participer les acheteurs à nos ventes. La vente via Internet était l’un de ces moyens. Soit, la maison des ventes a sa propre plateforme de vente soit elle passe par des plateformes existantes telles Drouot Live ou Inter Enchères pour ne citer que les plus importantes. 99% des belles ventes avec catalogue étaient retransmises en live. Grâce aux nouveaux outils technologiques, nous n’avons pas trop été pénalisés. Les ventes via Internet ont même été boostées : il y a 5 ans cela représentait environ 5% des ventes réalisées, avant le confinement on était à 30%, et maintenant, c’est près de 70% des ventes qui se font sur le net. Ce ne sont pas les ventes que le COVID et le confinement ont pénalisées, mais l’organisation.

La COVID a pénalisé l’organisation de vos ventes. C’est-à-dire ?

Me Jean-Pierre Besch DR

Me J.P Besch  : Le nerf d’une vente aux enchères c’est de trouver des objets à mettre en vente, proposer une vente. Pour obtenir ces objets, c’est souvent par inventaires de successions ou parce que certaines personnes veulent vendre une cave, une collection ou quoi que ce soit. Cela passe par des expertises et des estimations qui bien souvent se font chez les gens. Pendant le confinement, ce n’était pas possible. Encore aujourd’hui cela reste compliqué. D’ailleurs, la plupart des ventes qui ont eu lieu cet été sont des ventes qui auraient dû se dérouler début de l’année mais qui ont dû être reportées.

Que pouvez-vous dire concernant l’ambiance du marché ?

Me J.P Besch  : On est dans une période où, comme dans l’immobilier, le secteur est porteur. Que ce soit à l’échelle nationale ou internationale, les gens se tournent vers des "valeurs refuges". On sent comme un besoin de sécurité à l’heure actuelle. Soit en achetant de la pierre et donc des biens immobiliers, soit en achetant des objets d’art. Ce qui d’ailleurs explique l’explosion du prix du lingot d’or : sa cote est de 55 000€ à l’heure actuelle, un record historique. L’or est une de ces valeurs refuges depuis toujours, même en temps de crise, sa cote a toujours été haute, mais elle ne dépassait pas les 42 000€. Il se passe la même chose sur le marché de l’art. Je pense qu’on a besoin de se rassurer aujourd’hui, avec ce qu’il s’est passé. On n’a pas envie d’achat de consommation courante mais plutôt de choses pérennes, comme l’art. L’art touche au domaine du rêve mais aussi de l’investissement, ou du « se faire plaisir » tout cela avec un côté sécurisant, donc le marché est porteur. La preuve : on a souvent plus de demandes que d’offres. Mais j’émets un petit bémol : il faut vendre des pièces de grande qualité pour que cela se vende. Contrairement aux années 2000, à l’ère de la spéculation et des marchés boursiers, aujourd’hui on a affaire à des connaisseurs et collectionneurs qui réfléchissent à leur achat. Les choses moyennes ne se vendent pas.

Que pouvez-vous nous dire sur vos prochaines ventes ?

JOAN MIRO 1893-1983
SANS TITRE, 1953
Encre sur papier signée en bas à droite
50,8 x 66
 
Un certificat d’authenticité de Monsieur Jacques Dupin de l’Association pour la défense de l’oeuvre de Joan Miro sera remis à l’acquéreur
78000/80000€

Me J.P Besch : Historiquement, j’ai concentré mon travail sur quelques spécialités. À savoir l’art du XXe siècle, qui englobe l’art de 1880 à nos jours avec des tableaux modernes, de l’art contemporain, de l’art nouveau, de l’art déco. J’ai d’ailleurs des experts spécialisés pour chaque artiste. Je fais aussi les bijoux, les montres et les vins.
Mes prochaines grosses ventes sont en décembre, sur cinq jours. On commence avec trois jours de ventes de vin, avec la première journée dédiée aux champagnes et aux spiritueux, le 27 décembre. On a d’ailleurs une bouteille de chartreuse estimée à 5 000 ou 8 000 € ou encore un whisky japonais qui va faire entre 4 000 et 5 000 €. Les 28 et 29 décembre c’est la dispersion de plusieurs caves privées de grands crus français et étrangers. On va y trouver des grands bourgognes, des bordeaux, et toute une cave de restaurant étoilé qui, par changement de génération, met ses bouteilles en vente.
Le 30, nous avons des ventes consacrées à l’art du XXe siècle.
On a une très jolie ocre sur papier de Miro avec son certificat estimé entre 60 000 et 80 000€, et une série de trente photos originales de Picasso et des personnages de la jet-set parisienne et new-yorkaise pique-niquant sur la plage de la Garoupe, estimée entre 20 et 30 000 €.
Et enfin, on finit le dernier jour de ventes avec les bijoux, essentiellement des bijoux de joailliers et quelques montres, mais là le catalogue n’est pas encore terminé.

Pour découvrir le programme des ventes à venir, c’est ici

En décembre une vente de vins rares DR


Julie Biencourt