« J’ai toujours été attirée par les arts et les sciences. J’ai une approche plutôt empirique des sujets scientifiques et j’aime beaucoup l’art en général. J’ai trouvé que l’architecture était un domaine par quintessence qui mêlait la science et les sens, la sensibilité ». Guidée par cette pensée, Julie Démoulins se lance dans l’architecture.
Elle commence par une licence à l’ENSA (École Nationale Supérieur d’Architecture) de Normandie, puis entame un master à l’ENSA de Paris la Villette. Une fois diplômée, la jeune femme décide de passer l’Habilitation à la Maîtrise d’Oeuvre en Nom Propre (HMONP) « un passage obligé pour pouvoir monter son propre cabinet ». À Paris, Julie Desmoulins travaille dans le prestigieux cabinet Audren & Schlumberger, puis à Nice et dans le Var avec Jean-Pascal Clément. C’est en travaillant que se dessinent les prémices de sa future identité d’architecte.
- Julie Démoulins vient de créer sa propre agence : Ovation architecture DR
« En étant confrontée aux problématiques de la construction de logements collectifs, je me suis rendu compte de l’importance des questions environnementales et énergétiques ». Cette prise de conscience acquise sur le terrain la pousse à faire une formation complémentaire inédite : « à l’ENSA de Strasbourg, il y avait une formation mise en place par un Institut allemand qui permettait d’apprendre le principe de la construction passive. C’est-à-dire, une construction très faible en consommation d’énergie. Cette formation m’a d’ailleurs donné un nouveau titre : celui de concepteur de bâtiments passifs ».
Une architecte du futur
Forte de son expérience au contact d’autres architectes et de son bagage de diplômes, Julie Démoulins décide de lancer sa propre structure : Ovation architecture née quelques jours avant le confinement. Un processus d’installation perturbé mais qui a vu le jour sans trop de difficultés. « En m’installant, j’avais déjà des projets et, du travail qui m’attendait, donc je n’avais pas trop d’inquiétudes par rapport à ce qu’il se passait. J’ai aussi eu le temps de travailler sur l’identité et l’image de ma structure et finalement, dans le calendrier, cela s’est plutôt bien organisé », assure-t-elle. L’identité de son entreprise est d’ailleurs bien marquée. Et c’est normal, dit-elle : « quand on choisit le métier d’architecte, on est amené à avoir une certaine posture, un style particulier. Tout ce qu’on fait, qu’on crée, qu’on dessine, est un réel parti pris. En ce sens c’est important d’avoir son cabinet et de mettre en avant sa vision, ses idées, d’avoir un idéal que l’on peut exprimer à travers sa propre agence, ce qui n’est pas toujours le cas lorsque l’on travaille pour quelqu’un ». Avec Ovation architecture, Julie Démoulins s’affiche comme une architecte du futur, dont l’approche, basée sur le développement durable, est de réaliser et faire découvrir l’architecture passive.
Unique agence référencée en architecture passive en Paca
L’architecture passive est encore largement méconnue. Nouvelle et innovante, la construction passive est un savant mélange de procédés scientifiques et de création pure. Et surtout, elle est très peu coûteuse en énergie : « la définition de base d’une architecture passive, est un bâtiment qui consomme 15 kilowatts par m2 par an ». Soit, 10 fois moins d’énergie qu’une construction datant des années 1980 et 1990 et 4 à 5 fois moins qu’un bâtiment neuf respectant les normes du RT 2012. Construire intelligemment, en appliquant des procédés de physique élémentaire dans le plus grand respect de l’environnement, c’est à cela qu’aspire Julie Démoulins avec son agence : orienter les nouvelles constructions urbaines vers innovations techniques peu énergivores. « L’identité de mon cabinet va forcément être associé au passif parce qu’aujourd’hui, je suis la seule agence entre Marseille et Monaco à être référencée en architecture passive ». Pour autant, la jeune entrepreneure est consciente des enjeux : « mais il y a également une réalité économique et contextuelle qui fait que je ne peux pas encore ne faire exclusivement que du passif » explique-t-elle. « Cela reste quelque chose de très innovant et coûteux à la construction -même si ces coûts sont largement amortis quand on déduit les frais énergétiques ultérieurs-, il y a également peu d’entreprises compétentes pour réaliser ces projets, j’y vais doucement ».
Doucement mais sûrement, Julie Démoulins tend à faire connaître ce mode d’architecture innovant : « ce genre d’architecture n’est pas encore très répandu et je fais tout un travail, notamment auprès des élus locaux, pour expliquer ce sujet-là ».
Une démarche bienveillante et responsable à l’image de son art et de sa création.
Julie Biencourt