Rions donc encore un peu jaune en cette période très noire...


Economie


5 novembre 2020

En voyant décoller un jet privé depuis Nice vendredi 30 octobre au lendemain du début du confinement, je me suis dit que : 1.) le pilote disposait d’une attestation dérogatoire pour se rendre à l’aéroport, 2.) que ses passagers avaient sûrement besoin de faire "des achats de première nécessité" ou alors qu’ils effectuaient ce vol "pour motif familial impérieux, pour l’assistance aux personnes vulnérables et précaires ou la garde d’enfants", 3.) que la pression serait maximum sur le pilote si cette sortie en avion n’était justifiée que par un "déplacement bref, dans la limite d’une heure quotidienne et dans un rayon maximal d’un kilomètre".


Avant même la levée de boucliers généralisée des petits commerçants sur la fermeture brutale de leurs boutiques, un libraire breton avait installé dans sa vitrine des rouleaux de papier toilette et des boîtes de conserve.
Largement de quoi justifier la vente de produits "de première nécessité" pour ce Celte réfractaire, ce qui lui permettait de rester ouvert malgré tout.
Les petites familles niçoises ont beaucoup "apprécié" la fermeture des parcs de la ville dès samedi dernier, privant ainsi les enfants de sortie et de bol d’air. Contrairement au premier confinement, le gouvernement a en effet décidé cette fois de laisser ouverts les jardins publics, mais l’attentat de la basilique a mobilisé les forces de police autour des édifices religieux pour la Toussaint. Les gamins habitant en immeubles ont pu profiter du week-end pour bien s’aérer devant les consoles...


Ainsi donc, dans les travées de nos super et hypermarchés, les chaussures, pantalons, luminaires, bibelots etc. sont en vente libre tandis que les mêmes produits ne peuvent être vendus par les commerçants de proximité frappés par la fermeture administrative. Y a t-il davantage de risques de contamination dans une petite boutique que dans les très grandes surfaces où l’on est filtré pour entrer au compte gouttes mais libres ensuite de s’entasser dans les rayons (de pâtes, de farine, de papier toilette) ? Malgré les protestations des intéressés et des maires, Jean Castex a réaffirmé ce dimanche la doctrine pour éviter la circulation des personnes et du virus. La "première nécessité" ne serait-elle pas de revenir à un peu de bon sens ?...


Dans leur générosité, les technos du ministère de la Santé ont autorisé les sorties dans un rayon d’un km autour du domicile. C’est encore trop ! Car nous sommes tous bien conscients des risques de contamination le soir au fond des bois si nous y cherchions des champignons... Et puis un kilomètre autour de son domicile lorsque l’on a la malchance d’habiter le 7ème arrondissement (Matignon), le 8ème (Elysée) ou Saint Germain-des-Prés, ce n’est quand même pas tout à fait la même chose que d’habiter dans une riante cité de grands ensembles où l’on a tout loisir de se promener autour des autos stationnées et des conteneurs à bouteilles en verre...


Jean-Michel Chevalier