Télétravail : il faudra s’y habituer, que les entreprises et employés apprécient ou pas


L’entreprise


5 novembre 2020

Les négociations entre les partenaires sociaux sont en cours pour définir les conditions dans lesquelles le télétravail doit être réalisé. Avis divergents...

Avec le confinement-2, le célèbre "quoiqu’il en coûte" passe par la case télétravail que le gouvernement veut promouvoir pour éviter la circulation
des personnes et donc celle du virus. Les partenaires sociaux devaient de longue date s’emparer de cette question qui a brutalement été mise à l’ordre du jour avec l’épidémie. Les discussions ont démarré ce mardi.

5 millions de salariés devant leurs ordinateurs à la maison

Depuis le printemps et le premier "épisode" de confinement et de télétravail qui a mis cinq millions de salariés devant leurs ordinateurs à la maison, les syndicats réclament une négociation en vue d’un accord national interprofessionnel.
Cette expérience a, certes, été riche d’enseignements, mais elle a aussi montré la nécessité de bien encadrer une pratique qui aura tendance à se généraliser dans les années à venir, même après la crise sanitaire.
Le cadre légal actuel sur le télétravail repose en partie sur l’ANI de 2005 qui le définit et pose le principe du volontariat. Partiellement transposé dans la loi de simplification de 2012, il a été complété par les ordonnances de 2017 réformant le code du travail. Les récents retours d’expérience montrent que des dépoussiérages et précisions sont indispensables pour clarifier les conditions dans lesquelles s’exerce le télétravail.
La ministre du Travail Élisabeth Borne a invité les partenaires à "avancer rapidement" sur un accord destiné "à donner des repères à toutes les entreprises". Un enthousiasme qui n’est pas partagé par les employeurs, Medef en tête, qui estiment que les lois et règles actuelles sont suffisantes.
Ils préféreraient "un guide de bonnes pratiques"qui laisserait "une marge de manœuvre"pour les entreprises (U2P), en tous cas "rien de normatif ni de prescritif" pour le MEDEF en raison de la diversité des situations.
Côté syndicats au contraire, la volonté affichée est de bien border une pratique nouvelle, nécessaire, appelée à durer.
La CPME n’est pas très loin de cette position mais souhaite qu’elle soit limitée aux situations d’urgence comme maintenant pour aboutir à un accord-cadre ou à un guide pratique. Sur la table des discussions, la charge de travail, le droit à la déconnexion, la prise en charge des frais liés au télétravail, la situation des personnes handicapées, l’égalité hommes-femmes, le contrôle des missions, le volontariat, la réversibilité, les lieux où s’exerce le télétravail (maison, espace de coworking, etc.)
Selon une enquête CSA pour
Malakoff Humanis, 39% des employés des entreprises de plus de 10 salariés ont télétravaillé en avril, dont 62 % sur la totalité du temps d’activité.
73% des personnes travaillant à domicile disent souhaiter continuer après la crise, de manière régulière ou ponctuelle, 38% estiment que cette pratique a un impact positif sur leur autonomie, leur responsabilisation, la gestion de leur temps et leur concentration. Mais un tiers considère que leur santé psychologique a été dégradée. La moitié des télétravailleurs regrette
de ne pas avoir bénéficié d’un accompagnement suffisant pendant le premier confinement, 43% déclarent "ne pas disposer d’un espace de travail adapté" et 48% être confrontés à des "difficultés techniques".
Geoffroy Roux de Bézieux, patron du MEDEF, considère de son côté que le télétravail n’est pas une situation normale et provoque des contraintes, des burn-out, des problèmes de management au sein des entreprises. Pour parvenir à un accord, il va y avoir beaucoup de (télé)travail...


Jean-Michel Chevalier