Quel est le réel poids d’Amazon dans la vente en ligne en France ?


Economie


6 novembre 2020

Des enseignes françaises réussissent le pari de l’ecommerce, l’hégémonie d’Amazon est-elle surévaluée ?

À l’heure du confinement, les géants du e-commerce sont devenus les bêtes noires de nombreux commerçants. Ceux dont le commerce a été jugé « non essentiel » selon l’Etat, ont été contraints de fermer boutique. Un manque à gagner crucial pour ces petits commerces, et une part de marché supplémentaire pour les géants de la vente en ligne. Amazon semble être particulièrement montré du doigt. Mais quel est le réel poids d’Amazon dans la balance du e-commerce en France ??

« Rappelons qu’Amazon ne représente que 20% du e-commerce en France  », publiait sur Twitter, Cédric O, secrétaire d’Etat au numérique. Avec la crise sanitaire et ses mesures restrictives en matière d’ouverture (ou non) des commerces, le géant américain est (re)montré du doigt. Cédric O rappelle également que «  de très nombreuses entreprises françaises sont des leaders  » de la vente en ligne, et que « la hausse du e-commerce profite surtout à elles  ». La Fnac, CDiscount, Veepee se taillent eux aussi la part belle dans ce marché français du e-commerce. Pourtant, Amazon reste l’acteur le plus important de vente de biens physiques en ligne. Selon le baromètre Médiamétrie et Fevad, Amazon a enregistré en moyenne plus de 31 millions de visites uniques par mois au second trimestre. La vente sur Internet « représente en France environ 10% du commerce de détail avec des variations en fonction des secteurs. Amazon capterait 20% de ces 10% », détaille la Fevad.

Des chiffres qui attisent la défiance envers le géant américain de la vente en ligne, surtout durant cette période de troubles économiques. Dans ce climat de tensions, Amazon devient l’ennemi économique n°1. Lundi, la maire de Paris Anne Hidalgo a ainsi déclaré à la presse : « Je le dis vraiment aux Parisiennes et aux Parisiens : n’achetez pas sur Amazon. Amazon c’est la mort de nos librairies et de notre vie de quartier ». Tandis que sur LCI, Roselyne Bachelot, ministre de la Culture fustige Amazon en déclarant : « Amazon se gave, à nous de ne pas le gaver ». Même le Premier ministre Jean Castex a incité les Français à trouver des alternatives d’achats à la plateforme américaine.

Les spécificités d’Amazon

Près d’1 Français sur 3 (quasiment 22 millions de Français) achète régulièrement sur Amazon. En France, la vente des produits alimentaires n’est pas le fort du géant américain, «  les produits de grande consommation (épicerie, produits frais, hygiène, etc.) représentent entre 7 et 10 % du chiffre d’affaires du e-commerce d’Amazon », précise Edouard Nattée, directeur général de Foxintelligence, qui mesure l’activité des entreprises de commerce en ligne. L’étude réalisée par Médiamétrie démontre qu’Amazon reste leader de la vente en ligne dans les secteurs du multimédia, de la culture, l’ameublement et la décoration, la mode ou encore la beauté. Une liste qui n’est pas sans rappeler celle édictée par le Gouvernement, décidant des commerces non-essentiels, contraints de stopper leur activité le temps du confinement…

Des entreprises françaises au podium des leaders de la vente en ligne, mais...

 ?Dans son classement, la FEVAD observe que les Français gardent un certain attachement à leurs magasins de références. Des enseignes comme La Fnac, Leroy Merlin ou encore E.Leclerc, se hissent respectivement à la 3e, 4e, et 5e place du classement des sites de e-commerces les plus visités au second trimestre 2020. CDiscount lui aussi apparaît souvent en top des sites, juste derrière Amazon, notamment dans le secteur du multimédia. Côté mode, la plateforme de ventes privées Veepee s’impose en 2e position.
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Le problème de la digitalisation concerne plutôt les petites entreprises.
TPE et PME ont encore du mal à s’imposer dans le monde du e-commerce, ce qui n’arrange pas les commerçants concernés en cette période de confinement. Un manquement qu’institution publique ainsi que groupes privés souhaitent redresser. En effet, si les petits commerçants locaux bénéficient de plus en plus d’aides à la transition numérique de la part de l’Etat et de ses représentants régionaux, Amazon France - en la personne de Frédéric Duval, Directeur Général de la franchise, a également annoncé vouloir aider les commerçants à «  faire leur transition numérique ». Dans un entretien accordé à BFM le 5 novembre, il enjoint les petits commerces français à « rejoindre la boutique dédiée aux vendeurs français  » en proposant un « abonnement mensuel à 39 euros durant trois mois » ainsi qu’un «  crédit de 200 euros pour faire leur promotion en ligne  ». Un premier geste qui sera complété à partir du 8 décembre prochain d’un «  programme de 15h sur le numérique, la vente en ligne, les réseaux sociaux, etc  ». Il rappelle que la filiale Amazon France n’est pas l’ennemi des petits commerçants : « Amazon ne représente que 1% de la vente de détail en France (en vente physique et digital)  » et n’a pas pour volonté de se « substituer au commerce physique  ». Le confinement va-t-il encore profiter au géant américain ou les courbes vont-elles s’inverser ?


Julie Biencourt