Métha’Synergie : le collectif au service du développement de la méthanisation en région Sud


Economie


9 novembre 2020

Ce collectif rassemble les partenaires publics et privés pour le développement de la méthanisation

Lancé en 2018, Métha’Synergie est un programme visant à accompagner les porteurs de projets qui souhaitent s’engager dans un projet de méthanisation en région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur. Issu d’un partenariat entre l’ADEME, la Région Sud Provence-AlpesCôte d’Azur, la DREAL, la Chambre régionale d’agriculture, le GERES, GRTgaz et GRDF, Métha’Synergie s’est ouvert depuis aux acteurs publics, économiques, financiers ainsi qu’à la société civile afin de développer le plus de projets possibles de méthanisation sur le territoire, de participer ainsi aux enjeux de transition écologique du territoire et faire bénéficier au plus grand nombre d’une énergie verte et locale issue du territoire.

Un enjeu de transition écologique pour le territoire

Pour le territoire de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, c’est avant tout un enjeu environnemental et climatique car il permet de réduire l’émission de gaz à effet de serre, le bio-méthane injecté émettant 90% de CO2 de moins que le gaz naturel et de limiter la pollution des eaux par les déchets organiques.

Comme le souligne Philippe Maurizot, Vice-président de la commission
économie en Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur : « la Région ne peut agir seule : il faut la force du collectif pour appuyer la création et la pérennité d’une filière comme celle de la méthanisation. C’est pourquoi nous nous sommes engagés au sein de Métha’Synergie avec une conviction : seule la transversalité du travail de l’ensemble des acteurs de la filière permet d’aboutir à une stratégie d’ensemble ainsi qu’à la réalisation de projets concrets  ».
Pour Yves Le Trionnaire, directeur régional de l’ADEME Provence-Alpes-Côte d’Azur : «  Métha’Synergie est l’exemple type de ce que nous voulons porter : c’est l’aboutissement d’un long processus de travail collectif d’acteurs publics et privés sur un vaste territoire ».

Par ailleurs, sur le plan économique, la filière permettrait de créer jusqu’à 470 emplois non délocalisables, elle diversifie et sécurise les revenus des exploitants ou des collectivités.

Pour Patrick Lévèque, vice-président de la chambre régionale d’agriculture : «  C’est un véritable changement, mais le métier d’agriculteur n’a cessé d’évoluer, de se diversifier : il devient aujourd’hui producteur d’énergie.
La vente de biogaz lui offre aussi une sécurité supplémentaire de revenu qui participe à son chiffre d’affaires, avec une garantie sur son prix d’achat pendant 15 ans qui lui permet de s’assurer que son investissement soit viable
. »

2 ans d’existence pour le collectif

Depuis 2 ans, Métha’Synergie s’est structuré et est aujourd’hui en capacité d’accélérer l’accompagnement de porteurs de projet de méthanisation de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Des groupes de travail transversaux ont été mis en place pour mettre en commun les retours d’expériences et de s’appuyer sur les différentes forces des partenaires.
Des partenariats ont été tissés avec les parties prenantes susceptibles d’aider à la mise en œuvre des projets de méthanisation selon le territoire et les problématiques locales (acteurs économiques et de la société civile).
La région Provence-Alpes-Côte d’Azur compte aujourd’hui 18 unités de méthanisation dont 3 unités raccordées au réseau de biogaz (comme Géolide à Marseille), représentant une capacité de production de 48 GWh, soit l’équivalent du chauffage de 9 600 logements.

Des projets ambitieux pour l’avenir

Fort de son organisation, le collectif Métha’Synergie regarde vers l’avenir, avec une vision à 10 et à 30 ans, dans la ligne du plan climat régional « Une COP d’avance » qui vise la neutralité carbone de la région Provence-Alpes- Côte d’Azur en 2050. La méthanisation doit prendre toute sa place dans la transition énergétique et écologique du territoire avec un objectif de 30
unités de méthanisation d’ici 2030. Cet perspective s’appuie sur un potentiel de ressources organiques mobilisable d’un million de tonnes, hors STEP.

Si ce plan permettrait d’atteindre 2 TWH/an en 2030, soit l’équivalent de 440 000 foyers chauffés au biogaz, ce sont 4,5 TWH/ an qui peuvent être atteints d’ici 2050, soient près d’1 million de logements chauffés.

Pour Georges Seimandi, délégué territorial RhôneMéditerranée GRTGaz « nous avons désormais tous les ingrédients d’amont en aval pour que le biogaz puisse se développer, pour qu’il voie sa part augmenter dans le mix
énergétique régional. Les résultats sont déjà là, avec plusieurs stations d’épuration déjà connectées au réseau ou en voie de l’être, et de nombreux projets à l’étude. Ce que nous souhaitons désormais c’est amplifier le mouvement, dénicher les porteurs de projets qui se raccorderont demain au réseau tout en tirant un bénéfice réel de leur investissement ».

Le potentiel existe comme le souligne Jean-Luc Cizel directeur
délégué Méditerranée GRDF : « notre objectif, c’est de faire émerger une trentaine d’unités de méthanisation sur le territoire, répartis dans l’ensemble des départements. Il faut bien comprendre que tous les types de productions agricoles sont concernés, avec l’utilisation par exemple de la paille de riz ou de blé dans les cultures intermédiaires de Camargue, des résidus du maraîchage dans la Durance, ou de l’élevage dans l’arrière-pays ».

Des outils pour accompagner ces ambitions

L’un des objectifs de Métha’Synergie est de fournir aux porteurs de projets potentiels des outils utiles à leur prise de décision, puis aux démarches à faire pour se lancer. C’est ainsi que le collectif a mis au point et à leur disposition un site internet, un livre blanc, une cartographie interactive et une newsletter pour qu’ils bénéficient de l’ensemble des informations nécessaires à la réalisation de leur projet.


Trois questions à Philippe MAURIZOT

Quels sont les grands enjeux de la transition écologique en Région Sud
Provence-Alpes-Côte d’Azur ?

- En 2017, la Région lance son plan climat « une COP d’avance » pour répondre par une stratégie globale aux grands défis du développement durable : environnementaux et économiques. Les Régions en France étant en charge du développement économique, nous ne pouvions omettre l’aspect environnemental et nous sommes engagés à intégrer l’objectif de neutralité carbone de Provence-Alpes-Côte d’Azur d’ici à 2050. Pour cela, la route est claire : il s’agit de réduire de 50% notre énergie consommée, et d’un autre côté de mobiliser à 100% notre potentiel d’énergies renouvelables. Nous avons la chance d’être dans une région qui cumule de la géothermie et de la thalasso thermie, de l’hydraulique, de l’éolien offshore flottant ou terrestre, du photovoltaïque, de l’hydrogène, et enfin du biogaz. Notre mix énergétique se nourrit de cette diversité, en fonction des capacités de production de chacun de nos territoires : il ne faut pas privilégier une énergie par rapport à une autre, la méthanisation y a toute sa place et doit jouer son rôle, afin de répondre aux besoins des acteurs économiques et de l’ensemble de la société civile.

Quelle est la stratégie de la Région pour réaliser cette transition et comment accompagne-t-elle la méthanisation ?
- La Région impulse la stratégie de développement du territoire, dont la politique énergétique est au cœur. C’est sa responsabilité au regard de la loi. Elle a des leviers pour le faire et sa vision stratégique se situe à un niveau intermédiaire, entre les échelons européens, nationaux ou locaux.
La méthanisation répond à l’axe 2 de notre Plan Climat régional « une COP d’avance ». Ainsi, nous consacrons 1,8 million d’euros par an, en moyenne, pour le seul développement de la filière méthanisation. Par exemple, nous avons aidé à hauteur de 800 000 € l’unité de production de la STEP de Sormiou et à hauteur de 750 000 € celle du Grand Avignon.
Cependant, la Région ne peut agir seule : il faut la force du collectif pour appuyer la création et la pérennité d’une filière comme celle de la méthanisation. C’est pourquoi nous nous sommes engagés au sein de Métha’Synergie avec une conviction : seule la transversalité du travail de l’ensemble des acteurs de la filière permet d’aboutir à une stratégie d’ensemble ainsi qu’à la réalisation de projets concrets.
Le biogaz issu de ces projets participe ainsi à la transition énergétique du territoire, car il est 100% décarbonné. Il apporte une réponse verte à nos entreprises, au chauffage des locaux, comme à la mobilité (bioGNV).

La méthanisation n’apparait pas comme un sujet grand public, comment l’élu que vous êtes considère-t-il la place de la société civile dans ce processus ?
- L’énergie n’est pas forcément un enjeu qui parle au plus grand nombre, et pourtant, dès que l’on produit ou consomme quelque chose, la question énergétique est omniprésente. Depuis cinq ans à la Région, je me rends compte que l’on a besoin de faire comprendre aux citoyens le pourquoi de nos décisions, car nous sommes dans un monde qui change, rempli d’enjeux complexes auxquels nous souhaitons apporter une réponse : il y a un besoin d’accompagner nos territoires pour ne pas se faire collectivement dépasser par ces changements. C’est là que l’écoute du citoyen est nécessaire, car celui-ci doit comprendre ces enjeux et le travail mené pour y répondre. Il
nous faut user de pédagogie, vulgariser ces questions pour que le plus grand nombre s’en empare. Il est indispensable d’intégrer les associations citoyennes et un maximum d’acteurs concernés autour des projets de Métha’Synergie, car ce sont des vecteurs de concertation nécessaires pour que les messages circulent dans les deux sens. Collectivement, nous travaillons tous pour la transition de notre territoire, il nous faut l’engagement le plus large possible pour la réussir.


La méthanisation devant prendre toute sa place dans la transition énergétique et écologique du territoire, Métha’Synergie fixe un objectif de 30 unités de méthanisation à mettre en place d’ici 2030. Cet objectif s’appuie sur un potentiel de ressources organiques mobilisable d’un million de tonnes, hors STEP. Si ce plan permettrait d’atteindre 2 TWH/an en 2030, soit l’équivalent de 440 000 foyers chauffés au biogaz, ce sont 4,5 TWH/an qui
peuvent être atteints en 2050, soient près d’1 million de logements chauffés.

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Valérie Noriega